La Russie convoque une réunion du Conseil de sécurité après l’incursion des troupes turques en Irak
Moscou a décidé de réunir tous les membres du Conseil pour discuter des actions d’Ankara qui a envoyé des hommes, des chars et des équipements d’artillerie en Irak sous prétexte de participer aux entraînements de la coalition occidentale.
«Cette question sera discutée à huit clos», a précisé TASS. D’après les médias irakiens, le Premier ministre, Haider Al-Abadi, a mobilisé les forces aériennes irakiennes en annonçant que des troupes turques étaient entrées en Irak. Le parti au pouvoir à Bagdad lui a en outre donné la possibilité de prendre «tous les mesures» pour assurer l’intégrité territoriale et défendre les frontières du pays, notamment en s’adressant à l’ONU ou à la Ligue Arabe.
«Les troupes turques dans des quantités proche d’une centaine d’hommes, équipées de chars et de pièces d’artillerie sont entrées sur le territoire irakien, ce qui constitue une violation sérieuse de la souveraineté du pays». On a aussi précisé que telles actions ne correspondent pas aux «relations de bon voisinage».
#Irak : «la contrebande pétrolière de #Daesh en #Turquie menace à la souveraineté de l’Irak»
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«Sans demande préalable ou autorisation des pouvoirs fédéraux»
«Les autorités irakiennes appellent la Turquie à respecter les relations de bon voisinage et de se retirer immédiatement du territoire irakien», lit-on dans un communiqué publié tôt samedi matin, juste après l’annonce de l’incursion des troupes turques. «La Turquie est entrée sans demande préalable ou autorisation des pouvoirs fédéraux de l’Irak», ce qui constitue «une violation flagrante de la souveraineté» du pays.
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L’incursion turque en Irak n’est qu’une aide militaire mais pour qui ?
Ankara a réagi à ces déclarations avec désinvolture. Le gouvernement de la Turquie a déclaré qu’il déployait des troupes en Irak dans le cadre du programme de la coalition occidentale pour les entraînements des futurs soldats qui lutteraient contre Daesh car Ankara fait partie de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Pourtant, même si la coalition internationale conduite par les Etats-Unis était au courant des initiatives turques, il s’est avéré que la Turquie ne prenait pas part à ce programme.
Washington répugne à l’admettre mais elle «cautionne» le trafic de pétrole Turquie-Daesh > https://t.co/q7TjIoxS2lpic.twitter.com/A59GHREcu4
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Où se trouvent les troupes turques ?
Les troupes turques n’ont pas simplement traversé la frontière dans la province de Nineveh mais elles ont pénétré d’une centaine de kilomètres à l’intérieur de l’Irak, d’après Reuters. Pour le moment, les soldats turcs se trouvent dans la région de Bashiqa, à 10 kilomètres au nord-est de Mossoul, la deuxième plus grande ville occupée par les terroristes de Daesh depuis juin 2014. En s’emparant de cette ville, le groupe extrémiste avait pu mettre la main sur un grand nombre d’armes et de munitions qui y étaient stockées.
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Néanmoins, le nombre de militaires turcs pourrait en fait dépasser la centaine d’hommes : d’après le quotidien Daily Sabah,130 militaires ont été déployés dans la base près de Mossoul, alors que le journal Cumhuriyet a fait savoir que leur nombre pourrait atteindre au moins 150 hommes.
Quels sont des intérêts de la Turquie en Irak ?
Il y a deux jours, l’Irak a déclaré, dans le prolongement de la Russie qu’il possédait des preuves, y compris des photos et des vidéos, du commerce illégal de brut entre la Turquie et les terroristes de Daesh. Le ministère russe de la Défense a aussi publié des plans et des photos satellite qui prouvent, pour le Kremlin, que la Turquie est la première destination du pétrole produit par Daesh dans les territoires qu’il contrôle en Syrie et en Irak. Le président turc nie toute responsabilité dans ce commerce illégal, précisant que son gouvernement «n’a pas perdu la conscience au point de recevoir du pétrole des organisations terroristes».
Néanmoins, de nombreux experts invoquent que non seulement la Turquie fournit une aide aux terroristes, mais qu’elle les soigne aussi gratuitement dans les hôpitaux de sa capitale.
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De plus, Ankara a refusé de fermer une partie de sa frontière avec la Syrie, là où passent les combattants voulant se rendre en Syrie comme la contrebande de pétrole syrien, car l’application de cette mesure serait «irréelle». Les hauts responsables turcs pensent que l’Irak pourrait juger cette position «hostile» et intensifier la présence de forces armées à cette même frontière.
La #Turquie refuse de boquer sa frontière avec la #Syrie
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L’ambiance dans le monde
La tension entre la Turquie et l’Irak, ainsi que les révélations de la complicité d’Ankara dans la vente illégale du pétrole volée en Irak et en Syrie par les terroristes, est apparue après que l’aviation turc ait abattu un bombardier russe SU-24, le 24 novembre près de la frontière turco-syrienne, ce qui entraîné le décès de l’un de ses deux membres d’équipage.
En représailles, Moscou a pris plusieurs mesures contre la Turquie, imposant notamment un embargo sur les produits agricoles turcs, suspendant le régime de libre circulation des personnes entre les deux pays, de même que la réalisation du projet Turkish Stream.
En plus, le site Wikileaks, connu pour ses révélations fracassantes, affirme que la Turquie avait planifié l’attaque d’un avion russe un mois plus tôt, en faisant référence à un dénonciateur turc.
.@wikileaks : la #Turquie aurait déjà planifié d’abattre un avion russe en octobre https://t.co/rKSUF6oB5Tpic.twitter.com/Z5az4nfilF
— RT France (@RTenfrancais) 7 Décembre 2015
«Le 10 octobre, six semaines avant le crash d’avion russe, une source turque a évoqué le plan à venir [du président] Erdogan d’abattre un avion», lit-on sur son compte Twitter.