Napoléon : Emmanuel Macron au cœur du bicentenaire... un choix contraint ?
Toute l'après-midi du 5 mai, Emmanuel Macron parcourra un chemin mémoriel dans Paris pour le bicentenaire des 200 ans de la mort de Napoléon. Contrairement à ses prédécesseurs, le président compte bien, à titre personnel, commémorer l'empereur.
Emmanuel Macron ne veut pas se «dérober» face à Napoléon ce 5 mai pour le bicentenaire de sa mort. Il faut dire que pendant plusieurs mois, il était pressé de tous côtés. A droite, on craignait que le président de la République ignore Napoléon, ce qui aurait été perçu comme «une faute contre la nation», selon le député Les Républicains Julien Aubert. A gauche, au contraire, on considérait que la France devait faire l'impasse sur cet événement, en ne rendant aucun «hommage officiel» à celui qui «a été le fossoyeur [de la République]», pour reprendre les termes du député La France insoumise et professeur d'histoire Alexis Corbière.
Au sein même de la macronie, le dossier Napoléon faisait débat. La ministre déléguée Elisabeth Moreno a eu par exemple du mal à prendre position sur une éventuelle commémoration du bicentenaire de la mort de l'empereur. Après avoir laissé échapper un rire nerveux lors d'une interview le 7 mars sur LCI, la ministre avait botté en touche, reconnaissant que Napoléon Bonaparte était «un grand homme de l’histoire française», mais soulignant qu'il était l’«un des plus grands misogynes» qu'il lui avait été donné de lire.
Le 10 mars, l'Elysée tentait de couper court aux tergiversations : Emmanuel Macron commémorera bien ce bicentenaire. Qu'en est-il précisément ? Tout d'abord, l'Elysée a voulu éclaircir un choix auprès de l'AFP : «Commémorer n'est pas célébrer.» Est-ce un choix tiède de la part d'Emmanuel Macron ?
Ainsi, au programme de ce 5 mai, le chef de l'Etat se rendra dans l'après-midi à l'Institut de France pour participer à une cérémonie avec des académiciens et des lycéens. Il s'exprimera après un exposé de l'historien Jean Tulard, l'un des plus grands experts de Napoléon en France. Suivra une séquence plus solennelle avec le dépôt d'une gerbe de fleurs au pied du tombeau de l'empereur, sous le dôme des Invalides, où Emmanuel Macron sera entouré de la ministre des Armées Florence Parly, du chef d'état-major des Armées François Lecointre et de Jean-Christophe Napoléon Bonaparte, membre de l'illustre famille.
Le président veut regarder en face Napoléon
En marquant cet anniversaire, Emmanuel Macron «ne se dérobe pas», souligne l'Elysée, alors que ses prédécesseurs s'étaient montrés prudents sur le dossier Napoléon à l'instar de Jacques Chirac. En 2005, l'ancien chef de l'Etat avait refusé de commémorer la victoire d'Austerlitz de 1805, mais avait envoyé le porte-avions Charles de Gaulle, la même année, à la commémoration de la défaite de Trafalgar.
Néanmoins, insiste la présidence, Emmanuel Macron tentera de «regarder en face [cet] être complexe» qu'était Napoléon, sans exprimer de «jugement rétrospectif dix générations plus tard» et en n'étant «ni dans l'hagiographie, ni dans le déni, ni dans la repentance».
«Il ne faut pas faire porter à l'Histoire le poids de nos débats contemporains», estime un conseiller du président auprès de l'agence de presse, en refusant «une lecture anachronique».
Ce nonobstant, l'Elysée fait savoir qu'Emmanuel Macron affirmera lors de cette commémoration que le rétablissement de l'esclavage en 1802 a été «une abomination», et précise que le chef d'Etat s'exprimera de nouveau sur le sujet le 10 mai pour le 20e anniversaire de la loi Taubira reconnaissant «la traite négrière et l'esclavage».
Des admirateurs du célèbre Corse seront aussi présents ce 5 mai. Comme nous l'avait confié le président de France bonapartiste, David Saforcada, ils célébreront Napoléon «confinement ou pas confinement, et même si les autorisations ne sont pas accordées». Ils comptent d'ailleurs se rendre aux Invalides vers 16 heures.
BG