Accusé de viol, Darmanin estime que la plainte est liée à son ralliement à Macron
Auditionné le 14 décembre par deux juges d'instruction, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a détaillé sa version des faits. Pour le ministre, la plainte pour viol dont il fait l'objet serait liée à son ralliement à Emmanuel Macron.
Gérald Darmanin a été interrogé deux juges d'instruction le 14 décembre. Lors de son audition, le ministre de l'Intérieur a laissé entendre que la plainte pour viol dont il fait l’objet était liée à son ralliement à Emmanuel Macron, comme le rapporte le quotidien 20 Minutes qui s'est procuré le procès-verbal dont des extraits ont été publiés le 26 janvier.
Placé sous le statut de témoin assisté, le ministre s'est expliqué auprès des juges. «Je n’aurais pas dû la rencontrer», a-t-il concédé avant de préciser : «Je pense qu’il y a un lien entre le dépôt de la plainte et ma nomination au gouvernement d’Emmanuel Macron, en mai 2017. [Sophie Spatz] avait fait campagne pour François Fillon jusqu’au bout et je suis certain qu’elle m’en a voulu d’avoir rejoint l’équipe du président…»
L'ancien maire de Tourcoing précise : «Je pense qu’elle ne voulait pas que je sois ministre parce qu’à ses yeux, j’avais trahi ma famille politique…»
Face aux juges, le ministre de l'Intérieur détaille sa version des faits arguant que c’est la plaignante qui a pris les choses en main. Le ministre a évoqué «un moment de gêne et d’excitation» avant d’ajouter : «A 26 ans, quand on vit ce genre de scène, on s’en souvient.»
«Je l’avais trouvée jolie», a confié Gérald Darmanin aux magistrats mais selon lui, sa «relation avec elle était une relation de militants». «On a parlé de politique», a-t-il expliqué. «Je me rappelle l’avoir vue dans une grande réunion organisée à l’Assemblée nationale.»
Des faits remontant à 2009
Le ministre de l'Intérieur est accusé par Sophie Patterson-Spatz de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. En 2009, la plaignante s'était adressée à l'élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP (ancêtre de LR), pour tenter de faire réviser une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants à l'égard d'un ex-compagnon.
Selon elle, Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie en échange de faveurs sexuelles qu'elle aurait acceptées en mars 2009, se sentant contrainte de «passer à la casserole», selon son expression devant les enquêteurs. La cour d'appel de Paris avait ordonné mi-juin la reprise des investigations sur cette accusation de viol, près de deux ans après le refus d'une juge d'instruction de reprendre l'enquête.
Gérald Darmanin, dont la nomination comme ministre de l'Intérieur avait été critiquée par des féministes, à cause notamment de cette affaire, a porté plainte pour dénonciation calomnieuse.