Abdelhakim Sefrioui : le militant islamiste radical au cœur de l'attaque de Conflans ?
Ce militant islamiste sillonne l'Ile-de-France depuis des années, allant de prières de rue en manifestations violentes. Le policier du renseignement Noam Anouar revient sur ce parcours qui a mené Sefrioui en garde à vue après l'attentat de Conflans.
«Harangueur charismatique et sulfureux» : c'est ainsi que l'Agence France presse décrit Abdelhakim Sefrioui, fiché S et gardé à vue depuis le 17 octobre 2020 dans le cadre de l'enquête après le meurtre de l'enseignant Samuel Paty, décapité par un islamiste radical d'origine tchétchène de 18 ans à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) un jour plus tôt. Dans une vidéo diffusée sur internet, cet islamiste radical avait appelé à des sanctions contre Samuel Paty
Noam Anouar, délégué syndical de Vigi-MI est intervenu à notre antenne pour relater son expérience du dossier Abdelhakim Sefrioui, en tant que policier du renseignement : «C'est quelqu'un qui n'a jamais changé de cap, qui a toujours manifesté un antisémitisme, un antisionisme et une hostilité à la République française de façon extrêmement virulente. Il a adopté cette attitude suite au décret de naturalisation qu'il a obtenu par mariage avec une franco-française convertie à l'islam. Il a manifesté une certaine arrogance à l'égard de la République puisqu'une fois qu'il s'est senti en sécurité, il a tenu des propos antirépublicains, il a même une influence très néfaste sur la jeunesse française.»
Noam Anouar, délégué syndical @VIGI_MI : «Abdelhakim Sefrioui n'est absolument pas un inconnu pour les services de police. Il a une influence très néfaste sur la jeunesse française» pic.twitter.com/Wa4c8AZnmz
— RT France (@RTenfrancais) October 19, 2020
Evoquant des «manifestations sur la voie publique» et «un pugilat en règle organisé» à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le policier qui a lui-même été en charge du dossier Sefrioui au sein du renseignement territorial du 93 poursuit : «Des hommes ont frappé des femmes au visage à coups de poings, de façon très violente, sur ordre de ce monsieur, à l'époque. [...] On avait tenté une procédure pour déchoir de sa nationalité ce monsieur et je constate avec dépit qu'onze ans plus tard, ce monsieur est toujours là.»
Dans une note du renseignement territorial datée du 12 octobre qui a été abondamment citée dans les médias depuis l'attentat islamiste à Conflans-Sainte-Honorine du 16 octobre et que RT France a pu consulter, on peut lire : «Un parent d'élève, Brahim C. (dont la fille n'était pas dans la classe concernée) accompagné du nommé Abdelhakim Sefrioui, se présentant comme "responsable des imams de France" étaient reçus à leur demande par la principale [du collège Bois-d'Aulne où exerçait Samuel Paty]. Ils exprimaient ainsi leur mécontentement, précisant qu'il y avait eu "offense d'un sacré" et qu'ils refusaient "qu'un voyou utilise la liberté d'expression et la liberté de la presse pour montrer une caricature du prophète". Et d'ajouter entre autre, que les "enfants avaient été agressés dans leur intégrité psychologique". Au terme de cette entrevue, la cheffe d'établissement ne parvenait pas à apaiser la situation (les protagonistes refusant de rencontrer le professeur concerné). Ces derniers l'avertissaient qu'ils allaient prévenir la presse, puis leurs coreligionnaires du secteur afin de venir manifester devant le collège et la DASDEN [Direction des services départementaux de l'Education nationale].»
Le rôle trouble du militant islamiste reste donc à définir dans cette enquête, surtout depuis qu'il a été révélé par BFMTV, le 19 octobre, que ce dernier, ainsi que le parent d'élève nommé dans la note du SCRT78, aurait été contacté par le terroriste avant le passage à l'acte.
Des prières de rue aux manifestations devant des établissements scolaires dans différentes zones de l'Ile-de-France, l'AFP décrit Abdelhakim Sefrioui comme un militant «entouré d'une petite cour» et qui «aime exister». Un témoin de la mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis) précise : «Il est dans la déstabilisation et le dénigrement des responsables associatifs, c'est son seul objectif.»
Né en 1959 à Fès (Maroc), il est apparu dans la sphère publique française au début des années 2000 au moment où la France a légiféré sur le port des signes religieux ostentatoires à l'école. Puis il s'est fait mieux connaître en 2010 : à la tête du collectif Cheikh Yassine (du nom du fondateur du Hamas), il a organisé durant des mois des manifestations devant la mosquée de Drancy (Seine-Saint-Denis), où officie l'imam Hassen Chalghoumi. En juillet 2014, il avait participé à Paris à des manifestations pro-Gaza, en scandant des slogans à la gloire du Hamas et du djihad islamique. En 2004, il menait des actions dans la rue Jean-Pierre Timbaud (XIe arrondissement de Paris), réputée pour être un bastion de l'islam rigoriste, en faveur de «la liberté des femmes de porter le voile».
Interrogé par l'AFP à cette époque il avait déclaré : «Les chrétiens, les juifs, les homosexuels auraient le droit de manifester et on dit aux musulmans de se faire tout petits ?»
Dans les vidéos de lui qui ont précédé la décapitation de Samuel Paty, on le voit la barbe blanche, bien taillée, raconter calmement sa rencontre avec l'administration du collège du Bois-d'Aulne. Quatorze autres personnes ont été placée en garde à vue au lendemain de cet attentat islamiste.