Attentat de Conflans : le renseignement a-t-il sous-estimé les tensions au collège du Bois-d'Aulne ?

Attentat de Conflans : le renseignement a-t-il sous-estimé les tensions au collège du Bois-d'Aulne ?
Logo du service central du renseignement territorial, police nationale (image d'illustration).
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Selon une note du renseignement territorial que RT France a pu consulter concernant les tensions au collège Bois-d'Aulne, rédigée avant l'assassinat de l'enseignant, les agents avaient jugé la situation «apaisée» au 12 octobre.

«La communication entre la direction [de l'établissement] et les familles a visiblement permis d'apaiser les tensions [...]. Au sein du collège, aucune tension majeure n'est palpable, tant du côté de la communauté éducative que des fédérations de parents d'élèves, qui tout en reconnaissant une "certaine maladresse du professeur" (bien apprécié par sa hiérarchie) ne le désavouent pas pour autant.» Cette analyse conclue une note du renseignement territorial des Yvelines en date du 12 octobre, soit quatre jours avant que l'enseignant Samuel soit assassiné par le terroriste islamiste Abdouallakh Anzorov le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine non loin du collège où il enseignait l'histoire.

Le document retrace, jour après jour, le conflit qui a éclaté dans l'établissement scolaire et conclue à une forme d'apaisement de la situation. Pourtant, le document confidentiel que RT France a pu consulter faisait déjà référence à de nombreux constats établis par le procureur de la République, Jean-François Ricard, au lendemain du macabre assassinat du professeur d'histoire géographie. En particulier au sujet des fortes tensions qui agitaient le collège, il pointait le rôle trouble d'un prédicateur islamiste, Abdelhakim Sefrioui, fiché pour radicalisation et interpellé dans le cadre de l'enquête.

Le professeur s'était excusé

Ainsi, le rapport d'incident des policiers daté du 7 octobre soulignait que la principale du collège avait reçu «des messages anonymes de protestation via la boîte mail de l’établissement». L'un d'entre eux questionnait directement l'administration de l'établissement : «face au climat actuel de la France où un climat d'islamophobie s'est installé, pourquoi cherchez-vous à diviser dès le plus jeune âge ?» En outre, un parent d'élève s'inquiétait auprès de la direction de la «discrimination» que sa fille aurait subie «mise à l’écart sous prétexte qu’elle était musulmane», pendant le cours où le professeur avait montré les caricatures de Charlie Hebdo.

Invité à venir s'expliquer devant la famille de la jeune fille, le professeur s'était excusé «s'il avait été maladroit». La note du renseignement territorial soulignait aussi qu'une vidéo YouTube où l'on voit apparaître le père d'un des élèves, Brahim C., avait nourri les tensions au sein du collège. Des tensions qui étaient «principalement du fait de la famille C.» poursuivait encore la note, tout en précisant que les responsables de la communauté musulmane locale ne s'étaient pas manifestés.

Le procureur Jean-François Ricard a de son côté apporté une précision lors de sa conférence de presse quant à la demi-soeur de Brahim C. : partie en 2014 rejoindre l'organisation Etat islamique en Syrie, elle fait l'objet d'un mandat de recherche. Toutefois, le procureur n'a publiquement établi aucun lien entre le père de famille, son entourage et l'assaillant.

Une macabre obsession pour la décapitation

Par ailleurs, Mediapart rapporte que des internautes avaient repéré, le 30 août dernier déjà, le compte Twitter du terroriste présumé, @Tchetchene_270. Celui-ci avait en effet publié un montage photo mettant en scène la décapitation d'un homme, pour l'instant non identifié. Un tweet inquiétant qui avait été rapidement supprimé par le futur auteur de l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine.

Aucun autre élément ne permettait cependant de faire un lien avec un futur passage à l’acte. Le terroriste présumé, Abdoulakh A., était d'ailleurs inconnu des services de renseignements souligne Marianne. Né le 12 mars 2002 à Moscou et d’origine tchétchène demeurant à Evreux (Eure), il était détenteur d’un titre de séjour délivré le 4 mars 2020 et valable dix ans.

Dans le cadre de l'enquête ouverte pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle», onze personnes ont été mises en garde a vue. Ces suspects sont issus de l'entourage familial de l'assaillant présumé qui a été tué par des policiers. Ses parents, son grand-père et son petit frère ont été interpellés à Evreux. Figurent également parmi les interpellés un père d'élève du collège qui avait eu un différend avec l'enseignant et un couple de proches. Le père en garde à vue est celui qui s'était indigné, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, que l'enseignant ait montré des caricatures de Mahomet «nu» pendant un cours dans la classe de 4e de sa fille. 

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