Prise en étau entre les terroristes et les coupes budgétaires, l'armée française est en souffrance
Une nouvelle fois visés par une attaque, le 9 août à Levallois-Perret, les militaires de l'opération Sentinelle sont en première ligne contre la menace terroriste. Ils restent pourtant les parents pauvres du prochain budget gouvernemental.
Le 9 août à 8h, Hamou B. a foncé avec son véhicule sur six militaires devant un immeuble de Levallois-Perret, blessant gravement trois d'entre eux. Il a ensuite pris la fuite à bord de son véhicule. Quelques heures après son forfait, le suspect a été interpellé sur l'autoroute A16 entre Boulogne et Calais par la BRI et la police nationale au terme d'une fusillade.
Cible de choix des terroristes islamistes, les militaires sont, avec les forces de l'ordre, parmi les plus exposés aux violences. Dernier épisode en date, l'attaque d'une patrouille de soldats à l'aéroport d'Orly au cri de «Je suis là pour mourir par Allah», le 8 mars dernier. Mais les militaires ont été victimes d'autres assauts violents, six au total depuis 2015, dont trois pour la seule année 2017, en comptant l'attaque à la machette du Louvre du 3 février.
Conscients de la pression subie par les soldats et des sacrifices qu'ils doivent consentir pour accomplir leur mission de surveillance au sein du dispositif Sentinelle, la classe politique a unanimement rendu hommage à l'institution militaire, de l'opposition à la majorité.
Le ministre des Armées, Florence Parly, a condamné un «acte lâche qui n'entame en rien la détermination des militaires à œuvrer pour la sécurité des Français». Elle a également rendu visite, en compagnie du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, à trois des blessés soignés à l'hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé.
Les députés se sont eux, sur l'impulsion du président de l'Assemblée nationale François de Rugy, levés dans l'hémicycle et ont copieusement applaudi les soldats blessés, leur rendant ainsi un hommage vibrant, témoignage de la «gratitude» des élus de la nation.
L'opération Sentinelle remise en question
Mais certains hommes politiques et de simples citoyens ont dénoncé ce comportement, estimant que la démarche relevait de l'hypocrisie, après l'annonce de coupes budgétaires qui toucheront le ministère de la Défense cette année. Annoncées il y a quelques semaines, elles ont entraîné la démission du chef d'état-major des armées, Pierre de Villiers.
Critiques contre «l'hypocrisie» du #gouvernement qui rend hommage à l'#armée mais lui coupe son #budget
— RT France (@RTenfrancais) August 9, 2017
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«Les soldats sont formés pour avoir un moral exemplaire et faire face au danger et au combat mais ce qui est choquant, c'est que le gouvernement leur demande beaucoup et que dans le même temps, il diminue fortement les crédits budgétaires alloués aux armées», a confié à RT France Benoît Kandel, élu municipal de Nice et ex-commandant du groupement de la gendarmerie des Alpes Maritimes.
Cet incident a aussi relancé les critiques contre l'opération Sentinelle, qualifiée par l'ancien militaire de «quasi opération de communication coûtant très cher aux armées pour un résultat très minime».
Cette mission, qui mobilise 7 000 soldats en permanence sur le territoire national, devrait être «revue en profondeur» à la rentrée, avait annoncé en juillet le président Macron. Cette volonté a été réaffirmée par le Premier ministre, Edouard Philippe, au même titre que la levée de l'état d'urgence, lors de la séance de questions au gouvernement.
.@EPhilippePM réagit à l'attaque de #Levallois et rend hommage aux forces de l'ordre et aux soldats de l'opération Sentinelle #QAG#DirectANpic.twitter.com/NDLVAOJD7E
— LCP (@LCP) 9 août 2017
«Nous devons sortir de l'état d'urgence. A l'horizon du 1er novembre, nous avons vocation à en sortir», a-t-il déclaré dans l'hémicycle. Le Premier ministre évoquait ainsi la nouvelle loi antiterroriste adoptée par le Sénat à une large majorité le 19 juillet. Un projet de loi controversé voulu par le gouvernement pour remplacer le régime exceptionnel de l'état d'urgence en pérennisant et en inscrivant dans le droit commun certaines de ses mesures.