La France en 2027 : quand The Economist fantasme sur la gloire future d'Emmanuel Macron

La France en 2027 : quand The Economist fantasme sur la gloire future d'Emmanuel Macron© Remy Gabalda Source: AFP
Emmanuel Macron à la foire high-tech Futurapolis en 2016
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A la faveur d'un texte de fiction, The Economist a imaginé la France après deux mandats présidentiels d'Emmanuel Macron. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'enthousiasme du magazine britannique est une inépuisable source d'imagination.

L'hebdomadaire britannique The Economist, considéré comme une référence dans les cercles économiques libéraux outre-Manche quoi qu'en perte de vitesse depuis plusieurs années, s'est essayé au récit d'anticipation afin d'imaginer la situation de la France en 2027, après deux mandats d'Emmanuel Macron et d'innombrables succès. 

Le texte aurait pu s'intituler Si les promesses sont tenues, mais son auteur semble préjuger du talent politique d'Emmanuel Macron et a finalement préféré Si les réformes marchent —  l'Histoire le prouve, les politiques n'échouent que par l'effet de la pure malchance. C'est le 14 juillet 2027 en Seine-Saint-Denis, où se trouve le nouveau palais présidentiel depuis que «la France a enfin tendu la main à ses banlieues jadis déclinantes», que débute le récit. Celui qui a «ouvert la France au futur», après 10 ans de réformes conduites d'une main de maître, annonce qu'il quitte la vie politique, fort d'innombrables succès.

Emmanuel Macron est en effet parvenu à surmonter ce que The Economist semble étrangement considérer comme «des erreurs de débutants» : «l'idéalisme des premiers députés en marche», «une opération militaire au Niger contre une invasion islamiste» (il est vrai que le magazine est coutumier des ambiguïtés vis-à-vis de l'islamisme) et «ses capacités surestimées à ruser avec Vladimir Poutine» qui, même dans l'imagination la plus folle de l'hebdomadaire britannique, reste le grand méchant de l'histoire. Et peu importe que le président français ait récemment déclaré que la collaboration franco-russe est «totalement transformée» depuis sa rencontre avec Vladimir Poutine le 29 mai dernier à Versailles, les augures du magazine britannique sont formels : il doit s'agir d'une machiavélique manipulation de Moscou.

Depuis Berlin, Angela Merkel, à son quatrième mandat, observe la France avec ébahissement

Sur le plan intérieur, les premières mesures économiques du président français ont permis «de restaurer la confiance des entreprises, incitant celles-ci à investir et à embaucher de nouveau». Un communiqué officiel du gouvernement ne l'eût pas mieux tourné, si bien que l'on croirait la formulation tout droit tirée d'un discours d'Edouard Philippe sur la réforme du code du travail. Même les efforts d'un Front national rajeuni par la candidature de Marion Maréchal-Le Pen en 2022 n'ont pas permis d'enrayer cette incroyable success story. Depuis Berlin, Angela Merkel, réélue pour un quatrième mandat, «observe avec ébahissement» l'essor spectaculaire de la France qui devient bientôt leader de l'Europe et redonne espoir à tout le continent !

L'élection d'Emmanuel Macron : un «miracle» qui résout tout

En effet, dans ce rêve devenu réalité, la grande gagnante est avant tout l'Union européenne. «Dès 2026, les enquêtes d'opinion montrent que la confiance en l'Europe l'a emporté face au scepticisme dans presque tous les pays membres de l'UE», et cela grâce aux seuls effets bénéfiques de «ce que les universitaires désignent déjà comme une Renaissance française». Le dithyrambe à peine dissimulé détaille la manière dont le Royaume-Uni s'est trouvé marginalisé à cause du Brexit, réduit à contempler de loin le couple franco-allemand redynamisé par l'opération d'un Saint-Esprit qui fait assurément bien les choses... puisque The Economist est justement réputé pour ses positions farouchement pro-européennes. Dans l'unique but d'avoir raison, certains semblent prêts à souhaiter l'échec de leur propre pays. Capable de prouesses d'imagination lorsqu'il se prend à rêver du «miracle Macron», le magazine britannique semble soudain en panne d'inspiration lorsqu'il s'agit d'imaginer un futur commun et coopératif entre les deux rives de la Manche. 

En 2027, les crises qui agitent l'Union européenne en 2017 ont semble-t-il toutes disparu. Aucune d'elle n'est mentionnée dans cette description pourtant richement détaillée de l'Europe du futur. La situation catastrophique de l'économie grecque, les vagues d'attentats terroristes, la crise migratoire... Il faut croire qu'il ne s'agissait là que de fâcheuses bagatelles aisément reléguées dans les tiroirs du passé «grâce au leadership français rénové», qu'aucune rivalité économique avec l'Allemagne ne vient entacher car, fort heureusement, «l'équipe d'Emmanuel Macron compte ce qu'il faut de germanophones». La clef était là : pourquoi personne n'y a songé plus tôt ?

L'excès d'ingénuité de ce récit pourrait presque le rendre touchant s'il n'y avait cette terrible absence, dont on comprend néanmoins qu'elle puisse rassurer son auteur et faciliter la tâche du gouvernement utopique qu'il se plaît à imaginer : celle du peuple français. Celui-ci n'intervient dans cette fabuleuse histoire que pour gâcher la fête par d'intempestives manifestations visant à empêcher Emmanuel Macron de lui préparer un avenir radieux. Cet épisode de gronde sociale et de grèves, sobrement nommé «automne du mécontentement», ne survit heureusement pas à «l'exaspération des travailleurs venant à Paris chaque matin et qui se voient confrontés aux tas de détritus pourrissant dans la chaleur de l'été qui s'attarde» — de tout le texte, c'est sans doute cette dernière phrase qui relève le plus manifestement de la fiction.

Dès 2026, les enquêtes d'opinion montrent que la confiance en l'Europe l'a emporté face au scepticisme dans presque tous les pays membres de l'UE

Le ton enthousiaste du texte, sans même que son auteur ne semble s'en apercevoir, finit pourtant par transformer l'utopie présumée en véritable dystopie : le «Grand Paris unifié» est ainsi dirigé «par un cyberentrepreneur», le milliardaire Xavier Niel est devenu ministre de l'Education, et «le codage a fait son entrée dans l'enseignement à l'école primaire». Dans ce Meilleur des mondes, un budget commun de l'UE est instauré, les ressources militaires sont mutualisées par la France et l'Allemagne et «chacun des deux pays, dans une expérience novatrice, envoie un ministre bilingue servir dans le gouvernement du voisin». Pour que le rêve de The Economist ressemble parfaitement à un cauchemar, il ne manque finalement qu'un robot-clone de Brigitte Macron errant parmi les ruines désolées de l'Elysée, «palais historique destiné à être reconverti en musée».

Déjà plébiscité par le FMI, qui a même revu à la hausse sa prévision de croissance pour la France depuis son élection, Emmanuel Macron a également été adoubé par l'agence de notation financière Moody's, qui avait retiré sa note Aaa à la France en 2012, et se montre désormais enthousiaste à l'idée de voir le président français mettre en place ses réformes. Applaudi également par une étude qui voit en la France le nouveau leader du «soft power» mondial, devant les Etats-Unis. Cet engouement des milieux d'influences économiques, auquel succombe désormais The Economist, ne semble pourtant pas du tout refléter sa popularité en France. Deux mois et demi après son élection, la cote de popularité d'Emmanuel Macron s'érode fortement (- 5 points, 54%), selon le dernier baromètre BVA pour Orange à paraître le 19 juillet. Elle le place exactement au même niveau que Nicolas Sarkozy et François Hollande au même moment de leur mandat. Contrairement aux institutions financières et économiques, les Français, qui se sont débarrassés des deux précédents présidents après un mandat, n'ont pas encore l'air convaincu par la perspective d'un «miracle» Macron.

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