Face à la crise migratoire, l'UE cherche à limiter l'export de canots gonflables vers la Libye
- Avec AFP
Pour endiguer le flux migratoire venant de Libye, l'Union européenne est prête à aller jusqu'à empêcher l'export de canots gonflables et moteurs hors-bord dont les migrants se servent pour rejoindre la côte européenne, souvent au péril de leur vie.
Les pays de l'UE se sont dotés lundi 17 juillet de nouvelles règles pour empêcher l'exportation vers la Libye de canots gonflables et moteurs hors-bord utilisés par les migrants cherchant à rejoindre l'Europe par la Méditerranée.
La décision a été prise lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE à Bruxelles, en partie consacrée à la Libye, où embarquent la quasi-totalité des migrants arrivant de manière ininterrompue sur les côtes italiennes.
Le Conseil de l'UE «a introduit des restrictions sur l'exportation et l'approvisionnement en Libye de bateaux gonflables et de moteurs hors-bord», est-t-il indiqué dans un communiqué qui précise que le but était de «briser davantage le "modèle économique" des passeurs et des trafiquants d'êtres humains».
Cette décision donne ainsi aux pays européens une base juridique pour empêcher l'exportation ou la fourniture de ces produits en Libye quand il existe des motifs raisonnables de croire qu'ils seront utilisés par ces passeurs.
Ces restrictions pourront s'appliquer notamment aux produits destinés à la Libye et ne faisant que transiter par l'UE. Le Conseil a assuré que celles-ci n'empêcheront pas l'export ou la vente pour des utilisateurs légitimes, comme les pêcheurs.
Les pays européens ont par ailleurs prolongé le mandat de la mission européenne EUBAM (Mission de l’UE d’assistance aux frontières) qui assiste les autorités libyennes dans le contrôle de leur frontière sud par laquelle passent de nombreux migrants avant de tenter la traversée de la Méditerranée.
Ils n'ont cependant pas encore prolongé celui de la mission navale européenne «Sophia», lancée en 2015 pour s'attaquer en mer aux passeurs, mais dont certains déplorent le manque de résultats.
Le mandat de Sophia expire à la fin du mois de juillet. Cependant le chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a assuré qu'il n'y avait pas de problème particulier avec quelque pays que ce soit quant à la prolongation de cette mission.
Plus de 86 000 migrants sont arrivés depuis le début de l'année sur les côtes italiennes, après avoir, pour la plupart, transité par la Libye.
Face à cet afflux qui semble loin de se tarir, Rome se plaint d'être livrée à elle-même et appelle ses partenaires européens à davantage de solidarité.
Ceux-ci se sont engagés début juillet à renforcer leur soutien aux autorités libyennes, pour les doter notamment d'un service de garde-côtes capable d'empêcher les départs clandestins vers l'Europe.
Ils ont aussi appuyé le projet d'un «code de conduite» préparé par Rome pour les ONG menant des opérations de sauvetage en Méditerranée accusées par certains de créer un «appel d'air» pour les migrants et les passeurs.
Lire aussi : «Défendons l'Europe» : les identitaires dépêchent un navire contre l'immigration en Méditerranée