Quand la Sorbonne invite un négationniste pour parler de la Shoah en Ukraine

Quand la Sorbonne invite un négationniste pour parler de la Shoah en Ukraine
Massacre de Babi Yar près de Kiev en 1941 par l'armée allemande, avec l'aide des nationalistes ukrainiens, photographie de la Wehrmacht / Willy Malizsewski
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Dans le cadre d'un colloque consacré aux persécutions contre les juifs en Ukraine, l'université d'Assas a invité un historien nationaliste ukrainien partisan du «complot juif». La Fondation pour la Mémoire de la Shoah n'y voit pas d'inconvénient.

Le Comité juif ukrainien s'est ému de l'invitation faite à Vladimir Viatrovitch, un historien qui défend les mouvements nationalistes et antisémites ukrainiens. L'expert doit s'exprimer dans le cadre d'un colloque qui se déroulera du 9 au 11 mars 2017. Consacré à l'holocauste en Ukraine entre 1941 et 1944, l'événement est organisé par l'université Paris II Panthéon-Assas et cofinancé par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Au grand dam des juifs ukrainiens.

Vladimir Viatrovitch est «un falsificateur et un manipulateur des faits historiques», dénonce ainsi Edouard Dolinsky, directeur du Comité juif ukrainien, l'accusant en outre de nier la participation de l'Ukraine aux massacres de juifs et de Polonais lors de la Seconde Guerre mondiale.

Vladimir Viatrovitch est également accusé de réécrire l'Histoire de la «Shoah par balles», ces exécutions de masse décidées par les autorités allemandes occupantes et mises en œuvre par les bataillons de collaborateurs ukrainiens. Selon l'historien négationniste, les nationalistes ukrainiens se seraient alors comportés en sauveurs et les massacres auraient été organisés par les juifs d'Ukraine eux-mêmes.

Admirateur du collaborateur Stepan Bandera

Promu directeur des archives nationales ukrainiennes par le gouvernement de Kiev en 2014, Vladimir Viatrovitch est donc invité en qualité d'historien officiel de la révolution dite de «Maïdan». Alors que le régime de Petro Porochenko, pro-européen et antirusse, ne peut se passer du soutien de milices néo-nazies, il se trouve que l'historien est un spécialiste des mouvements nationalistes ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale.

C'est même un fervent défenseur de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne et de son dirigeant emblématique, Stepan Bandera. Dans sa lutte pour une Ukraine indépendante, ce dernier collabore avec l'ennemi à partir de 1941, au moment où l'Allemagne nazie envahit l'Ukraine et l'URSS. Stepan Bandera dénonce alors ce qu'il considère comme un «complot» des juifs d'Ukraine, en collusion avec ceux de Russie, afin de garder l'Ukraine sous domination soviétique.

Ce nationaliste antisémite, farouche opposant à l'Union soviétique, crée alors une «légion ukrainienne» qu'il place sous le commandement de la Wehrmacht. Figure et héros des nationalistes ukrainiens, malgré son implication dans des massacres de juifs et de Polonais, Stepan Bandera ressurgit en 2014 comme figure et héros de la Révolution de Maïdan et des milices néonazies telles que le bataillon Azov, à l'œuvre dans l'est de l'Ukraine comme auxiliaire de l'armée régulière de Kiev contre les rebelles du Donbass.

Cofinancement par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Contactée par RT France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah confirme «avoir participé au financement du colloque» et indique que «le programme a été fait par des gens sérieux». La Fondation souligne que Vladimir Viatrovitch se verra confronté à d'autres spécialistes et que la présence de l'historien nationaliste s'inscrivait dans un «débat contradictoire». Précisant qu'elle ne «participe pas à la création du programme» des événements qu'elle cofinance, la fondation indique toutefois que les dossiers qui lui sont soumis pour financement sont «étudiés par des commissions d'experts» avant que l'aval ne soit donné. 

Sur son site, la Fondation affirme que «le colloque n'éludera pas les questions controversées et douloureuses, comme celle des collaborateurs locaux qui ont participé à l’extermination des juifs ou celle [de] l’attitude des résistants (nationalistes et communistes) face à l’extermination».

Alexandre Keller

Lire aussi : Des nationalistes ukrainiens honorent un collaborateur nazi lors d'une marche aux flambeaux (VIDEOS)

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