BNDA : le Mali reprend le contrôle total de sa banque agricole, la France mise à l’écart du secteur bancaire malien

Le retrait de l’Agence française de développement (AFD) du capital de la BNDA marque une nouvelle étape dans la reconquête par le Mali de sa souveraineté économique. Désormais unique actionnaire de cette institution clé, l’État malien entend faire de la BNDA un outil stratégique au service du développement rural et de l’autonomie agricole.
Le gouvernement malien a officialisé, lors du Conseil des ministres du 13 août 2025, le rachat de 22,67 % des parts détenues par l’Agence française de développement (AFD) dans la Banque nationale de développement agricole (BNDA). Selon Journal du Mali, cette opération porte la participation de l’État à 100 % et s’inscrit dans une stratégie affirmée de « souveraineté économique ».
Le retrait de l’AFD, présenté comme une « réorientation stratégique », survient dans un contexte de tensions croissantes entre Bamako et Paris, exacerbées depuis 2021. En réalité, cette sortie acte la mise à l’écart de la France du secteur bancaire malien, confirmant la perte progressive de son influence.
Une banque désormais entre les mains de l’État
Créée en 1981, la BNDA est un acteur central du financement agricole au Mali. Elle injecte chaque année plus de 60 milliards de FCFA dans le secteur rural. La nationalisation permet désormais à l’État de diriger les crédits selon ses propres priorités. Mali Actu souligne que les agriculteurs, notamment les cotonculteurs, bénéficieront d’un meilleur accès au crédit, sans contraintes extérieures.
Avant le retrait de l’AFD, le Mali avait déjà racheté en décembre 2024 les parts de la DEG (21,43 %) et du Crédit coopératif (9,70 %). Ces opérations successives ont permis à l’État de prendre progressivement le contrôle total de la banque.
Un outil au service du développement national
La BNDA devient un levier direct pour structurer l’économie rurale, en coordination avec les autres banques publiques comme la Banque de Développement du Mali (BDM) et la Banque Malienne de Solidarité (BMS). Ce repositionnement favorise des projets agro-industriels mixtes, mieux adaptés aux réalités du terrain selon les médias locaux.
Mais des défis subsistent. Le Journal du Mali rappelle que la banque a connu une baisse de résultat net en 2023, malgré une hausse de son actif. Pour réussir, une gouvernance rigoureuse est essentielle.
Cette nationalisation envoie un signal. Le Mali affirme son droit à choisir ses partenaires privilégiés, à contrôler ses ressources, et à bâtir un modèle économique libre de toute ingérence.