La conversation téléphonique entre Poutine et Trump a été très significative, mais Trump examinera ses options sur la Syrie soigneusement à cause de la résistance des expansionnistes démocrates et républicains, estime le journaliste Michael Hughes.
Le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump se sont entretenus lors d'une conversation téléphonique le 2 mai pour discuter de questions cruciales, notamment la crise syrienne et les actuelles tensions concernant la Corée du Nord.
Cet entretien s'est déroulé après les pourparlers entre le président russe et la chancelière allemande Angela Merkel à Sotchi, ville balnéaire de la mer Noire.
RT : L'appel téléphonique du 2 mai entre Vladimir Poutine et Donald Trump était-il important ?
Michael Hughes (M. H.) : Je pense qu’il est très significatif, compte tenu de tout ce qu'il s’est passé. Nous ne savons peut-être pas tout : par exemple, s’ils ont discuté en détail des frappes américaines par missiles Tomahawk sur la Syrie. En fin de compte, le résumé fait par les Russes à l’issue de l’entretien a été plus détaillé que celui de Donald Trump. Mais le plus préoccupant est la discussion sur une zone de sécurité en Syrie. Je ne sais pas si la Maison Blanche pousse encore ce thème, mais, quand je lis leur résumé, ce qu’ils disent sur une zone de sécurité en Syrie semble toujours être problématique. Plus facile à dire qu’à faire.
C'est assez ironique mais il doit un peu suivre les médias... S’il commence à coopérer avec la Russie et qu'il ressent beaucoup de pression, il aura tendance à reculer
RT : Donald Trump a appelé à la coopération sur un certain nombre de questions. Fera-t-il face à une résistance aux Etats-Unis ?
M. H. : Oui, il y aura une résistance naturelle au Congrès de la part des faucons, de John McCain et même du côté des démocrates. La majeure partie de l’establishment politique semble être carrément opposée à la coopération avec la Russie. Sachant qu'ils mènent des enquêtes pour voir si Trump ose coopérer avec la Russie à quelque niveau que ce soit, y compris s'il s'agit de certains de ses conseillers. Il y aura de la résistance, des doutes, du profond scepticisme. Et on a toujours le sentiment que Donald Trump se rapproche trop des Russes, surtout compte tenu de l’histoire des élections. Le président américain va essayer d'avancer petit à petit, en s'appuyant sur le sentiment public qu’il comprend mieux la situation et à que la coopération avec la Russie doit être étroite. C'est assez ironique mais il doit un peu suivre les médias... S’il commence à coopérer avec la Russie et qu'il ressent beaucoup de pression, il aura tendance à reculer, je pense.
Cela va demander beaucoup d’efforts aux Etats-Unis pour faire ce qu’ils doivent faire avant de parler d’un «tournant», le vrai tournant consistant à aider le gouvernement syrien et la Russie à battre l’opposition, l’Etat islamique et les «groupes modérés» qui ne sont vraiment pas modérés
RT : Avec toutes les rencontres à haut niveau qui ont lieu à l'heure actuelle, pourrions-nous prochainement assister à un tournant sur la Syrie ?
M. H. : C’est la question à un million de dollars. Donald Trump n’est pas préoccupé par la Syrie, autant que nous le souhaiterions. On dirait que c’est plutôt une réflexion après coup. Ils ont bombardé, et ce en se basant sur des images. Est-ce un tournant ? Cela va demander beaucoup d’efforts aux Etats-Unis pour faire ce qu’ils doivent faire avant de parler d’un «tournant», le vrai tournant consistant à soutenir des opérations, ou à ne pas se méler de certaines opérations et aider le gouvernement syrien et la Russie à battre l’opposition, l’Etat islamique et les «groupes modérés» qui ne sont vraiment pas modérés. Je ne peux pas imaginer que Donald Trump puisse faire quelque chose de créatif sur la question syrienne dans un avenir proche. Car la collaboration avec la Russie sur quoi que ce soit, et en particulier sur la Syrie qui est un sujet brûlant, va susciter trop de réactions.
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