Jamais depuis le premier scrutin de 1965, le second tour de l'élection présidentielle n'avait eu lieu sans la présence d'un candidat de droite. D'où le caractère très particulier de cette présidentielle, considère l'analyste Florent Parmentier.
RT France : Benoît Hamon, François Fillon et plusieurs cadres d’autres partis ont annoncé leur soutien à Emmanuel Macron. Cela signifie-t-il qu’on sait déjà qui sera le gagnant le 7 mai ?
Florent Parmentier (F. P.) : Il est vrai qu’une lutte électorale dépend de deux choses : à la fois d’une dynamique politique et du nombre de ralliements qu'on peut obtenir. On voit que sur un an, la dynamique politique d’Emmanuel Macron a été extrêmement forte, parvenant à se qualifier pour le second tour de la présidentielle alors que son parti n’existait même pas il y a un an. Or, il est certain que Marine Le Pen n’obtiendra pas énormément de ralliements, même parmi les petits candidats.
Jusqu’en novembre dernier, la victoire semblait complètement acquise au candidat républicain
En revanche, un certain nombre de députés, d’hommes politiques, à la fois du côté des Républicains et jusqu’aux écologistes ont déjà opté pour un choix clair en faveur d’Emmanuel Macron. Donc, si on juge sur la base de ces deux paramètres, j’ai presque envie de dire que oui, Emmanuel Macron sera vraisemblablement le prochain président de la République sur un score qui reste évidemment à déterminer mais qui devrait être assez large.
RT France : Comment expliquez-vous qu’Emmanuel Macron qui n’était pas connu il y a 3 ans soit donné aujourd’hui favori de la présidentielle ?
F. P. : Je pense qu’Emmanuel Macron a profité d'un certain nombre d’opportunités qui se sont présentées. D’abord, il y a un an son parti n’existait pas. Mais en plus, le camp dont il est issu était loin d'être favori pour l'emporter. Jusqu’en novembre dernier, la victoire semblait complètement acquise au candidat républicain. Emmanuel a donc bénéficié d'un certain nombre de circonstances : tout d’abord, les primaires n'ont pas débouché sur la nomination du candidat centriste de chacun des deux camps. A droite, François Fillon a pris le dessus à la fois sur l’ancien président Nicolas Sarkozy et sur Alain Juppé alors que depuis deux ans dans les sondages, ce dernier était clairement l’homme qui paraissait le plus crédible.
Emmanuel Macron a également su profiter des mésaventures liées aux affaires, qui ont entaché la campagne de François Fillon
De l’autre côté, le président en exercice socialiste n’a pas été politiquement en mesure de se présenter à la primaire qui a également débouché sur la nomination d'un candidat moins consensuel, soit Benoît Hamon. Emmanuel Macron a également su profiter des mésaventures liées aux affaires, qui ont entaché la campagne de François Fillon. C’est dès ce moment-là qu’on a constaté l’affaiblissement des deux principaux partis gouvernementaux. Le candidat d'En marche! a su proposer une offre alternative qui a eu de plus en plus de ralliement durant la campagne, des ralliements de membres du gouvernement auquel il a appartenu, mais aussi de gens venus d'autres bords : des personnes du centre droit un peu effrayés par les positionnements de François Fillon.
Après les législatives, on verra l’espace politique dans lequel Emmanuel Macron, si c’est lui qui est élu, devrait pouvoir faire avancer l’ensemble de ses idées
RT France : Un deuxième tour sans PS ni Républicains est historique. Peut-on s’attendre à une profonde recomposition du paysage politique française lors des législatives ?
F. P. : Jamais depuis le premier scrutin qui a eu lieu en 1965, un candidat de la droite républicaine n'a été absent du second tour de l’élection présidentielle. Il est tout à fait possible que les élections législatives donnent des résultats qui ne confirment pas celui de l'élection présidentielle. On pourra alors voir quels seront véritablement l'espace et la configuration politiques dans lesquels Emmanuel Macron, s'il est élu, pourra faire avancer l’ensemble de ses idées.
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