La dernière décision américaine d’imposer des sanctions contre huit entreprises russes montre qu'une bataille se déroule aux Etats-Unis entre Donald Trump et le complexe militaro-industriel, estime Paul Craig Roberts, expert politique.
Des mesures restrictives ont été introduites contre huit entreprises russes parmi lesquelles Rosoboronexport, exportateur principal des armes russes, et Aviaexport, en raison de leur violation prétendue de la loi américaine sur la non-prolifération concernant l’Iran, la Corée du Nord et la Syrie. Comment cela est-il compatible avec l'intention affichée par Donald Trump d’améliorer les relations avec Moscou ?
Paul Craig Roberts, expert politique, estime que «c’est une partie de la propagande visant à créer une image négative de la Russie, et aussi de la Chine, car ces deux pays subissent les sanctions».
A son avis, il est peu probable que les liens entre la Russie et les Etats-Unis s’améliorent, et voici pourquoi :
«Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est la bataille entre le président Donald Trump et le complexe militaro-industriel à propos du budget. Le budget de ce complexe est énorme ; Il s’agit de 1 000 milliards de dollars annuellement. Pour un tel budget, un ennemi est nécessaire, et la Russie a été désignée pour ce rôle. Une fois que Donald Trump a déclaré qu’il normaliserait les relations, l’ennemi devait donc disparaître. Ainsi, la CIA, le Pentagone, les militaires en général s’opposent résolument à des relations équilibrées. Ils ont choisi un moyen de les perturber : la diabolisation de la Russie et de son président, et, outre cela, les accusations selon lesquelles Donald Trump doit son élection à une collusion avec Vladimir Poutine et au piratage de l’élection. Une telle allégation rend difficile pour le nouveau président américain de régulariser les relations avec la Russie. Car, s’il le faisait, il serait qualifié d’«homme de main de Poutine» ou d'«agent russe».
L’expert affirme que les Russes ne doivent pas «accorder trop d’attention à ces sanctions. Au contraire, ils doivent être reconnaissants pour une telle occasion qui leur permet d’obtenir l’indépendance, dont ils ont besoin. S’ils sont trop engagés dans des relations avec l’Occident, les Etats-Unis sont capables de les influencer et de les contrôler aisément».
Paul Roberts a supposé qu’on pourrait trouver d’autres moyens d’influencer la situation, parce que «les Américains dépendent des fusées russes pour envoyer leurs satellites dans l’espace. Ces années dernières, les Etats-Unis ont utilisé les outils fournis par la Russie, pour espionner les Russes et pour les cibler avec des armes nucléaires. Peut-être la Russie, devrait-elle imposer des sanctions aux Etats-Unis, en décidant de ne plus leur envoyer ses fusées ? Si seulement les Américains sont toujours incapables de fabriquer les leurs et si ce n’est pas trop tard».
Il a aussi souligné que «La Russie devrait se concentrer plus sur ses liens avec l’Asie – la Chine, l’Inde, la Route de la soie, les accords commerciaux eurasiatiques, afin de dynamiser les affaires dans ce domaine-là. Elle devrait être moins sensible à l’approbation de l’Occident. Pourquoi aurait-on besoin de l’approbation occidentale de toute façon ? Il s’agit d’une civilisation décadente qui a bombardé neuf pays au cours des quinze dernières années. Quel genre d’assentiment peut-on en attendre ? Cela importe-il à quelqu’un ?»
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