Les jeunes Américains utilisent involontairement le même lexique russophobe et la même rhétorique que leur parents employaient à l’époque de la guerre froide. Une telle récurrence du maccarthysme fait peur, estime l’analyste des médias Lionel.
Dans les années 1950, le maccarthysme était une notion populaire. A l’époque, la rhétorique «rentre en Russie» était devenue presque une blague. Et pourtant, il semble que ce terme soit de retour aujourd’hui, alors que les termes «cinquième colonne », «agent russe», «non-Américain» sont utilisés plus fréquemment.
Les Etats-Unis ont accusé la Russie d’être impliquée dans le piratage de l’élection présidentielle de 2016. L’absence de preuves pour étayer ces déclarations ne semble cependant pas préoccuper grand monde aux Etats-Unis.
L’expert juridique et analyste des médias, Lionel, suppose qu’ils essaient tout simplement de «dénigrer tout ce qui est russe».
«Cela revient en quelque sorte à essayer d'invalider l'élection. De dire que Donald Trump n’a pas vraiment gagné. Que Hillary Clinton n’a pas vraiment perdu. A cause de cette implication mystérieuse de la Russie en quelque sorte, d’une certaine manière et par certains moyens qui restent à élucider», explique-t-il. «Nous continuons à entendre ce trope, ce mème qui se répète et que personne ne met en doute. Personne ne se pose la question comment exactement et pourquoi la Russie, le gouvernement russe, ou quiconque a réellement influencé l’élection. C’est juste cette boucle continue, toujours les mêmes accusations lancées les unes après les autres», explique l’expert.
Lionel estime que l’intention dissimulée derrière tout cela, c’est de «disqualifier et rendre illégitime» le président Donald Trump.
«Ce que nous voyons à l'heure actuelle... c’est le nouveau maccarthysme. Avec la même vieille guerre froide, les propos russophobes et anti-soviétiques, qui provoquent le Kremlin, et d’une idéologie qui n’a pas été utilisée depuis les années 1960», explique-t-il.
«Et tout le monde l'utilise, surtout les jeunes, qui emploient sans s'en rendre compte les mêmes phrases peut-être utilisées par leurs parents. Et ils ne savent pas pourquoi. Donc, ce que nous voyons c’est la même idée, la même menace, la même propagande qui est reproduite, et si vous répétez quelque chose assez longtemps via toutes les sources possibles, les gens vont également le répéter et y croire.»
A la question de savoir si la plupart des gens croient en cette rhétorique ou bien au contraire qu'elle a l'effet inverse, Lionel prétend qu’il y a des gens qui y croient – «ceux qui détestent Donald Trump».
«Dans ce pays, il y a deux partis politiques : pas les Démocrates et les Républicains, mais les pro-Trump et les anti-Trump. Et les gens qui détestent Donald Trump, notamment les médias principaux, les sociaux-démocrates... ils vont répéter tout ce qui éclaire le président Trump sous un mauvais jour. Si c’est les Russes, va pour les Russes», considère Lionel.
«Ils reprennent le même conte de l’espionnage, la même mention infâme de la cinquième colonne et des espions, l'ambassadeur», Déplore Lionel.
«L'époque de Joseph Raymond McCarthy a été une page sombre de l'histoire de notre pays. Et je crains que ce que nous voyons actuellement, ce ne sont pas les vestiges du maccarthysme, mais plutôt sa récurrence. Il revient, et je suis profondément troublé par cela.»
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