Pour l'ancien président tchèque, «la dissolution de l'UE pourrait être une chance pour l’Europe»

Pour l'ancien président tchèque, «la dissolution de l'UE pourrait être une chance pour l’Europe»© Vaclav Klaus
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La frustration croissante à l'égard de Bruxelles menace l’UE. Résistera-t-elle à la pression ? Quand l’idée d’une union des nations européenne a-t-elle été corrompue ? L'ancien président de la République tchèque Vaclav Klaus se confie à RT.

RT : Cette année l’Europe marque le 25e anniversaire depuis la création de l’Union européenne. Vingt-cinq ans plus tard, le processus d’intégration européenne est-il un succès ou un échec ?

Vaclav Klaus (V. K.) : Je ne suis pas très content de ce qui se passe. A l'époque, j'étais très en faveur du processus d’intégration européenne, mais ce processus a été transformé par le traité de Maastricht, et surtout ensuite par le traité de Lisbonne, en quelque chose de totalement différent. J'appelle cela le mouvement de l'intégration vers l'unification. C'était le début du mauvais développement.

RT : Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel a dit récemment à Der Spiegel que la dissolution de l'union était un scénario possible - croyez-vous que l'union est en danger aujourd'hui ?

Je soutiens largement l'idée d'une coopération beaucoup plus libre entre des pays-membres individuels plutôt que d'une Europe unifiée

V. K. : Tout d’abord, je serais très heureux si l’Union européenne se transformait en autre chose, je n'y vois donc pas de problème, de danger, mais plutôt une chance, une victoire potentielle pour l'avenir. Le Brexit a été un facteur important dans cette évolution, mais j'espère que l'Europe va finalement commencer sa restructuration par elle-même.

S'il faut être radical, je pense que la forme qu'a le continent européen de nos jours devrait changer. Je soutiens largement l'idée d'une coopération beaucoup plus libre entre des pays-membres individuels plutôt que celle d'une Europe unifiée.

Je pense que la première décision devrait être d'arrêter totalement le soi-disant «approfondissement» de l’UE, arrêter d’accepter les lois venant de Bruxelles dans différents pays de l’UE. Le second rêve serait de revenir en arrière quelque part, et pour moi, bien sûr, l'optimal serait de revenir au traité de Maastricht. C’est le passage de la Communauté européenne - CE, à l’Union européenne - UE. Ce serait un objectif à long terme.

Je considère que les mouvements anti-establishment en Europe - en France, en Allemagne, en Suède, en Italie, au Pays-Bas, ont un réel potentiel pour le changement

RT : L'élection de Donald Trump a été perçue comme un exemple montrant que les forces anti-establishment gagnaient du terrain en Occident. Avez-vous l’impression qu'il s'agit là de quelque chose de temporaire, ou que ces nouvelles forces anti-establishment pourraient vraiment changer le statu quo dans l’UE ?

V. K. : Je l'espère, parce que je considère que ces mouvements anti-establishment en Europe - en France, en Allemagne, en Suède, en Italie, au Pays-Bas, dans certains autres pays ont un réel potentiel pour le changement. Je ne partage pas l’étiquetage de ces partis comme populistes et d’extrême droite. Pas du tout ! Ils essaient de représenter des gens normaux, ordinaires qui ont tout simplement envie de changer quelque chose dans le pays et qui sont très en colère vis-à-vis de l'establishment et son arrogance dans beaucoup de ces pays. J'espère donc que c'est un mouvement positif. Le succès de ce mouvement sera une autre question. Néanmoins, je pense que c’est un processus à long terme, c’est une sorte d’éveil de la majorité silencieuse dans les pays européens. C'est quelque chose de très important.

RT : En ce qui concerne la lutte contre la menace terroriste, vous préfériez éliminer Schengen et renforcer la sécurité aux niveaux nationaux...

V. K. : Sans aucun doute.

RT : ... et créer une armée européenne ?

V. K. : Sans aucun doute. Il s'agit du même problème de ce glissement de l’intégration à l’unification. Je serais content s'il y avait des frontières libres, mais sans Schengen.

RT : La crise des réfugiés reste à l'ordre du jour dans l'UE aujourd'hui. Pourquoi à votre avis l'UE n'a pas réussi jusque là à préparer un plan cohérent pour faire face à ce problème ?

Pour arrêter la migration, il suffit de dire «non», et l'UE n'est pas prête à le dire

V. K. : Je parle intentionnellement des «migrants». Les appeler les «réfugiés» est une mauvaise interprétation. La majorité de ces gens venant du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord ne sont pas des réfugiés, ils sont, tout simplement, les migrants venus en Europe dans l’espoir de trouver une vie meilleure, mais il ne s'agit pas de «réfugiés»- il est très important de voir la différence entre les termes. En ce qui concerne la migration, c'est un phénomène qui menace de détruire la culture européenne, la civilisation européenne. Je ne suis pas quelqu'un qui accuse les migrants, j'accuse les élites politiques européennes qui laissent cela arriver...

RT : Beaucoup ont en tête que le seul moyen d'arrêter la migration de masse en Europe est de mettre fin aux conflits dans ces pays. Pensez-vous que l'Europe devrait jouer un rôle actif en Syrie, en Libye ?

V. K. : Je ne suis pas sûr que l'Europe puisse être un vrai acteur. Parce qu'il y a tant de points de vue différents en Europe que l’Europe n’est pas en mesure de fonctionner comme une entité. Mais en ce qui concerne la migration... Je pense qu'il y a beaucoup de questions techniques, mais pour arrêter la migration, il suffit de dire «non», et l'UE n'est pas prête à le dire. C’est la question principale et le problème principal.

Lire aussi : «C'est l'Allemagne, pas Donald Trump, la plus grande menace pour l’UE»

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