François Hollande, futur président du Conseil européen ? Bruxelles «recycle» souvent des hommes politiques «désavoués dans leur pays», mais le Français n'a «ni compétence, ni crédibilité» à proposer à l'UE, estime l'économiste Jacques Sapir.
RT France : La rumeur court selon laquelle François Hollande pourrait devenir président du Conseil européen. Pensez-vous que l’Union européenne en a besoin, vu que sa cote de popularité en France ne dépasse pas 5-6% ?
Jacques Sapir (J. S.) : L’Union européenne a besoin de François Hollande comme d’un cautère sur une jambe de bois. S’il prenait une position officielle dans les institutions de l’Union européenne, il ne saurait que contribuer un peu plus à leur perte totale de crédibilité.
RT France : François Hollande pourrait-il alors devenir fonctionnaire européen ?
J. S. : La possibilité technique est évidente. D'ailleurs, on sait très bien que Bruxelles sert beaucoup à recycler des hommes politiques qui ont été exclus ou désavoués dans leur propre pays, comme, par exemple, José Manuel Barroso. Avant de devenir président de la Commission européenne, c'était un homme politique portugais. Il avait perdu les élections et c'est pour cette raison qu'il est venu à Bruxelles. Il en va de même pour Donald Tusk en Pologne. Donc oui, c'est très clair : l'Union européenne a malgré tout une grande tradition de recyclage des hommes politiques usés et fatigués dans leur propre pays. D'une certaine manière, Bruxelles a remplacé la ville de Limoges où l'on envoyait les généraux qui étaient considérés comme incompétants pendant la Première Guerre mondiale.
François Hollande n'est remonté dans les sondages que quand il a dit qu'il ne se représenterait pas à l'élection présidentielle
RT France : La source du Parisien qui a publié cette information concernant François Hollande, pense qu'il se voit déjà dans le rôle de dirigeant européen. Pensez-vous que ce soit le cas ?
J. S. : Effectivement, il serait assez logique, compte tenu de son engagement constant en faveur de l'Union européenne, qu'il se voie d'une certaine manière comme un grand dirigeant européen. Le problème, c'est que pourrait apporter à l'Europe un grand dirigeant européen ? Certainement pas de légitimité, certainement pas de crédibilité. Il faut voir les résultats de sondages en France où il n'est remonté que quand il a dit qu'il ne se représenterait pas aux élections présidentielles. Il n'apporterait pas non plus sa compétence, car il est très clair quand on regarde tout ce qu'il a fait de 2012 à 2016, qu'il n'est pas considéré comme un homme politique compétent.
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