François Hollande jette l'éponge pour 2017 : «Je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche»
Dans une intervention depuis l'Elysée, François Hollande a défendu son bilan, se posant en défenseur des valeurs républicaines. Admettant ses erreurs, il a déclaré renoncer à se présenter. Ce faisant, il lève le doute et ouvre le jeu à gauche.
C'est la première fois sous la Ve République qu'un président renonce à se présenter à sa propre succession. Plombé par une impopularité constante dès le milieu de son mandat, lâché par presque tous ses soutiens, l'annonce de François Hollande reste toutefois un coup de tonnerre dans cette pré-campagne présidentielle.
Comme président de la République je me dois de diriger l'État. Comme socialiste, je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche
— François Hollande (@fhollande) 1 décembre 2016
Face à la multiplication des candidatures à gauche, au plus bas dans les sondages, mais aussi après le plébiscite d'un François Fillon, légitimé par la primaire à droite et du centre, le président de la République a décidé de jeter l'éponge. Ce, afin de préserver la «cohésion de la gauche», selon ses mots, et surtout les chances d'un candidat socialiste de passer le premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande renonce donc à remettre en jeu son mandat.
"J'ai décidé de ne pas être candidat à la #Presidentielle2017 " @fhollande, + D'INFOS SUR >>> https://t.co/2LicU13cf0pic.twitter.com/SgCv8y3HZF
— RT France (@RTenfrancais) 1 décembre 2016
Pour participer à la primaire du parti socialiste, François Hollande devait déclarer son éventuelle candidature avant le 15 décembre 2016. Or, la fenêtre de lancement de sa candidature n'a cessé de se rétrécir, notamment après la publication du livre de confidences Un président ne devrait pas dire ça... A quoi il faut ajouter le calendrier politique et ses contretemps, tels la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron, ou la primaire de la droite et du centre.
Mais le chef de l'Etat ira jusqu'au bout de son mandat, déclarant qu'il assurerait le fonctionnement des institutions jusqu'au terme de son mandat. «Dans les mois qui viennent, mon seul devoir sera de continuer à diriger le pays, celui que vous m'avez confié en 2012», a-t-il déclaré.
Sondages désastreux
Aucun des clignotants permettant de lancer une candidature n'étaient au vert. Et les sondages dans le rouge. François Hollande n'était ainsi crédité que de 7% des intentions de vote, selon l'institut Elabe au premier tour de la présidentielle, très largement devancé par François Fillon et Marine Le Pen, mais aussi derrière Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Pour la présidentielle, #Valls aurait plus les faveurs des Français que #Hollande, selon un sondage https://t.co/rKw6Jkgebbpic.twitter.com/IcaT9IFnvC
— RT France (@RTenfrancais) November 30, 2016
Avec une candidature de François Hollande – selon les enquêtes d'opinion – la gauche n'avait aucune chance de figurer au second tour. Une candidature massivement rejetée par les Français, selon les sondeurs, au point que 62% d'entre eux auraient souhaité que Manuel Valls se porte candidat contre François Hollande à la primaire du Parti socialiste.
Un seul regret : l'échec de la déchéance de nationalité
François Hollande a tenu à défendre son bilan : «Depuis mai 2012, j'ai agi [...] pour redresser la France et la rendre plus juste. Aujourd'hui, au moment où je m'exprime, les comptes publics sont assainis, la Sécurité sociale est à l'équilibre et la dette du pays a été preservée», a-t-il ainsi avancé. Revenant sur l'inversion promise de la courbe du chômage, «les résultats arrivent un peu plus tard que je ne les avais annoncés, j'en conviens, mais ils sont là», s'est-il défendu.
Dans cet exercice difficile de compte-rendu, François Hollande a concédé un seul regret : celui «d'avoir proposé la déchéance de nationalité». «Parce que je pensais qu'elle pouvait nous unir alors qu'elle nous a divisé. Après quatre mois de controverse qui ont déchiré la gauche, le président avait dû renoncer en mars 2016, à sa mesure phare après les attentats du 13 novembre, annoncée en grande pompe face au Congrès réuni à Versailles pour tenter de répondre à la menace terroriste.
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Boulevard pour une candidature de Manuel Valls
Le 28 novembre, François Hollande et Manuel Valls ont déjeuné ensemble pendant plus de deux heures. Manuel Valls avait assuré François Hollande de sa loyauté, après la cacophonie du weekend, réaffirmant qu'il ne pouvait y avoir de «confrontation politique dans le cadre d'une primaire entre un président et un Premier ministre».
#Valls informe #Hollande qu'il n'envisage pas de se présenter contre lui, il réfute donc l'hypothèse d'une démission https://t.co/XLIGGlnwF1pic.twitter.com/SILsvUl1As
— RT France (@RTenfrancais) November 28, 2016
«J'ai le sens de l'intérêt général», avait alors déclaré celui qui depuis plusieurs semaines fait allusion à la possibilité d'une candidature et s'est rapidement posé en «recours» dans le cas où François Hollande se désisterait.
En savoir plus : Valls sur orbite après le renoncement de Hollande
L'essentiel du discours du président François Hollande :
«La droite vient de désigner son candidat après une large consultation. Je respecte la personne, le parcours de François Fillon mais j'estime que le projet qu'il porte met en cause notre modèle social et nos services publics sans aucun bénéfices au contraire pour notre économie et avec un risque d'aggravation des inégalités.
Quant à l'extrême droite elle nous appelle au repli, à la sortie de l'Europe et du monde, et elle prend comme référence ce qui vient de se produire aux Etats-Unis. je vous le dis nettement franchement le plus grand danger c'est le protectionnisme, c'est l'enfermement et ce serait d'abord un désastre pour les travailleurs français. Or, comme président de la République, je tiens d'abord à ce que le travail en France puisse être soutenu et valorisé.
Plus que quiconque, je mesure l'enjeu de la période qui s'ouvre.
Comme président de la République, je dois diriger l'État, j'ai la responsabilité d'assurer le fonctionnement régulier de nos institutions jusqu'au terme de nos mandats et dans un contexte où la menace terroriste n'a jamais été aussi élevée.
Comme socialiste, parce que c'est l'engagement de toute ma vie, je ne peux accepter, je ne peux me résoudre même à la dispersion de la gauche, à son éclatement, parce qu'elle priverait de tout espoir de l'emporter face au conservatisme et pire encore face à l'extrémisme.
Pour ma part, je ne suis animé que par l'intérêt supérieur du pays. Le pays, depuis plus de quatre ans et demi, je l'ai servi avec sincérité, honnêteté. L'expérience m'a apporté l'humilité indispensable à l'action publique et face aux épreuves, j'ai pu avoir une capacité inépuisable de résistance devant l'adversité.
Mais le pouvoir, l'exercice du pouvoir, les lieux du pouvoir et les rites du pouvoir ne m'ont jamais fait perdre ma lucidité ni sur moi-même ni sur la situation car je dois agir, et aujourd'hui je suis conscient de de que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle.
Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle, au renouvellement donc de mon mandat. Je tenais ici à vous en faire part directement, comme je m'y étais engagé, au début du mois de décembre, tel que je l'avais annoncé.
Je le fais en prenant toute ma responsabilité mais aussi en appelant à un sursaut collectif qui engage tous les progressistes qui doivent s'unir dans ces circonstances car ce qui est en cause ce n'est pas une personne, c'est l'avenir du pays.
Je ne veux pas que la France soit exposée à des aventures qui seraient coûteuses et même dangereuses pour son unité, pour sa cohésion, et pour ses équilibres sociaux.
[...]
Dans les mois qui viennent, mon devoir, mon seul devoir sera de continuer à diriger le pays, celui que vous m'avez confié en 2012 en m'y consacrant pleinement et dans le dévouement le plus total à la République».