Les membres du parti démocrate américain ne sont pas enthousiastes en ce qui concerne Hillary Clinton et cela peut jouer un rôle décisif lors des élections, selon Daniel McAdams, directeur exécutif du Ron Paul Institut.
Après des mois de campagne, la course à la présidence américaine touche à sa fin, les Américains se rendant aux urnes pour décider qui deviendra le 45e président des Etats-Unis.
Le prochain président sera l'un des deux candidats : l'ex-secrétaire d’Etat, engluée dans le scandale de l'utilisation d'une messagerie de courriels privée au lieu de celle du gouvernement et d'inquiétudes sur son état de santé ou le magnat de l'immobilier, milliardaire, accusé de harcèlement sexuel et désigné comme un raciste xénophobe.
Cela laisse à de nombreux électeurs le sentiment de devoir voter pour le candidat dont ils ne veulent pas plutôt que pour le candidat de leur choix.
C'est sans précédent dans l'histoire des élections américaines qu'un individu, le directeur du FBI, ait un tel poids dans une élection
RT : Lorsque le FBI a annoncé la réouverture de l'enquête, cela a été perçu comme un coup dur pour le camp des Clinton, beaucoup d’analystes étant sûrs que l’agence avait trouvé une piste importante. Comment se fait-il qu’il ait abandonné une semaine plus tard ?
Daniel McAdams (D. M.) : Je pense que c’est absolument extraordinaire. C'est sans précédent dans l'histoire des élections américaines qu'un individu, le directeur du FBI, ait un tel poids dans une élection. Lorsque le 28 octobre, le FBI a annoncé qu'il étudiait ces nouveaux mails - quelques 600 000 - cela a rendu le camp d'Hillary Clinton très nerveux. En effet, le leader de la minorité du Sénat, Harry Reid, a indiqué qu'il était possible de poursuivre le directeur du FBI en justice au motif qu'il avait tenté d'intervenir dans l'élection [présidentielle]. Et maintenant, quelques jours plus tard tout est sens dessus dessous, le FBI a dit : «Nous avons examiné tous ces mails ; il n’y a rien à voir.» Mais il y a beaucoup de choses à voir. C'est une situation absolument incroyable, chaotique dans laquelle nous sommes maintenant.
Ce que nous savons sur les affaires des Clinton est effacé à l'idée qu'elle a été disculpée
RT : Hillary Clinton elle-même a minimisé la nouvelle de la réouverture de l'enquête, en disant que c'était peu susceptible de changer les idées des électeurs. Etes-vous d'accord que cela influence peu ses partisans ?
D. M. : Je pense que James Comey, le directeur du FBI, a réussi à faire ce dont peu de personnes à Washington sont capables : être détesté par les deux partis. Je pense que l'annonce de l'enquête a causé des dommages à Hillary. Cela a servi de véritable électrochoc pour Donald Trump. C'est une motivation pour ses partisans, cela a largement contribué à leur collecte de fonds. Mais de l'autre côté, vous pouvez dire que la disculper la veille de l'élection pourrait vraiment avoir un effet de rebond. Elle serait en mesure de dire à ses partisans : «Vous voyez, il n'y a rien à voir, ils ont enquêté deux fois. Ils ont cherché partout. Ils ont fait tout leur possible et ils n'ont rien trouvé contre moi. Ce n'est qu'une chasse aux sorcières.» Elle pourrait donc aussi en bénéficier. En même temps, ce que nous savons sur les affaires des Clinton est effacé à l'idée qu'elle a été disculpée. La Fondation Clinton, le «pay-to-play», la corruption, l'influence étrangère au département d’Etat via les dons à la Fondation Clinton... la collusion entre les principaux médias américains et le Comité National démocrate et le camp Clinton. Il s’agit d’un énorme scandale, mais on n'en parlera pas. Je pense donc que dans un sens elle s'en sort assez bien.
Vous avez une preuve manifeste et concrète que la Fondation Clinton est au moins impliquée dans des pratiques sournoises quand il s’agit d’accepter des millions de dollars de l’étranger
RT :Hillary Clinton a aussi été accusée d’avoir des relations étroites avec Wall Street, d’avoir utilisé la Fondation Clinton pour des manipulations politiques, de coopérer avec les médias. Mais tout cela n’a pas mis à mal sa campagne électorale, n’est-ce pas ?
D. M. : Je crois que maintenant elle sera capable de détourner l’attention de toutes ces choses et de dire : «C’est à cause de tous ces e-mails et j’ai été disculpée». L’IRS, l’Internal Revenue Service, a pourchassé les organisations caritatives à orientation conservatrice et libertaire. Sous l’administration Obama, elles ont été prises pour cibles. Et pourtant, vous avez une preuve manifeste et concrète que la Fondation Clinton est au moins impliquée dans des pratiques douteuses quand il s’agit d’accepter des millions de dollars de l’étranger, des pays du Golfe, en échange de rencontres avec le secrétaire d’Etat et avec l’ancien président Clinton. Tout est là. Vous pouvez donc voir qu’il y a deux standards de justice aux Etats-Unis. L’un pour ceux qui sont très bien connectés et puissants, et le second, qui est destiné à tous les autres. Je pense que c’est une chose qui va mettre les Américains en colère, si vraiment Hillary réussi à l'emporter.
RT : Pensez-vous qu’elle gagnera demain ?
D. M. : Je crois que Hillary bénéficie d'un noyau de soutien. Historiquement, le Parti démocrate est bien plus discipliné. Certainement, vous ne l’avez pas remarqué quand Bernie Sanders a été battu, et il l'a été de la façon la plus sournoise : connivences, fraude électorale, toutes sortes de choses ont été mises en oeuvre pour abattre Bernie Sanders. Mais vous n’avez pas vu le Parti démocrate se consumer, comme le Parti républicain l'a fait à propos de Donald Trump. Les républicains ont choisi Donald Trump qui était un outsider et surout un non-conformiste. C’est de cette manière-là que la colère des membres subalternes du Parti républicain s'est manifestée. Mais ce que font les élites du même parti – elles continuent de dévorer Trump, de le discréditer, de lui faire du mal, de monter les gens contre lui. On n'a rien vu de tel au sein du Parti démocrate, car les processus était beaucoup plus sournois. Je crois que le Parti démocrate est beaucoup plus discipliné, ses électeurs sont plus disciplinés. Toutefois, ils ne sont pas enthousiastes en qui concerne Hillary Clinton et cela peut devenir important demain. Il est possible que les gens ne soient pas motivés, tout simplement, qu'ils soient lassés de ces scandales, ils peuvent ne pas être motivés à aller voter.
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