Dans des quartiers difficiles, tout ira mieux quand les policiers pourront faire l’usage de leurs armes à feu, sans que la Ligue des droits de l’homme ne leur tombe dessus, explique le journaliste d’investigation Alexandre Mendel.
RT France : Après l'attaque aux cocktails Molotov sur quatre policiers dans l'Essone, l'un d'entre eux se trouve entre la vie et la mort. Peut-on dire que policiers sont attaqués de plus en plus souvent dans certains quartiers de France ?
Il faut équiper les policiers qui interviennent dans ces zones extrêmement difficiles avec des véhicules aux fenêtres blindés et un dispositif anti-cocktail Molotov
Alexandre Mendel (A. M.) : C’est exceptionnel que cela prenne cette ampleur-là, même dans ce quartier bien connu, situé entre Viry-Châtillon et Grigny, dans un quartier sensible qui s’appelle la Grande-Borne. On n’en est quand même pas à des attaques faisant des blessés entre la vie et la mort à un rythme aussi élevé qu’aux Etats-Unis. Ce sont des attaques régulières qui ont lieu toutes les semaines. Il faut pointer du doigt l’incurie de l’Etat. Déjà, la semaine dernière, il y a eu une attaque et encore d’autres les semaines précédentes. Cet été, ils ont fait usage d'un mortier, une arme de guerre, contre des policiers. Je ne comprends pas pourquoi les policiers ne sont même pas équipés de casques, ils viennent dans des voitures qui ne sont pas blindées. J’ai fait récemment un reportage en Irlande du Nord où les policiers se déplacent dans certains quartiers difficiles dans des Land Rover blindées, alors qu’en France on se déplace dans des Kangoo à 10 000 euros de Monsieur tout le monde. Il faudrait vraiment qu’on envisage aussi de les équiper. C’est là que l’Etat pourrait faire quelque chose de concret tout de suite – équiper militairement les policiers qui interviennent dans ces zones extrêmement difficiles, avec des véhicules ayant des fenêtres blindées et un dispositif anti-cocktail Molotov comme cela existe dans certains théâtres de guerre.
Je connais des quartiers en France, que ce soit à Toulouse, Marseille ou Lyon, où les pompiers ne peuvent pas se déplacer sans protection policière
RT France : En est-on déjà là ?
A. M. : Oui, on en est là dans certains quartiers. Si l’on en vient à sécuriser une caméra vidéo par une présence policière humaine, cela veut dire qu’on en est là. Après, il y a le ras-le-bol général en France. Les incidents les plus graves sont de véritables traquenards. Il faut imaginer 15 personnes planifiant ces attaques. C’est au-delà de la simple attaque, cela ressemble à des d’attentats, quoi qu'ils ne soient certes pas liés à l’islam... sinon Daesh aurait déjà revendiqué. C’est effectivement compliqué pour les policiers en France. Là, il ne s’agissait pas d’aller dans des appartements, faire des perquisitions et chercher des trafiquants de drogues, il s’agissait juste de sécuriser une caméra vidéo. Je connais des quartiers en France, que ce soit à Toulouse, Marseille ou Lyon, où les pompiers ne peuvent pas se déplacer sans protection policière.
En France il y a une vingtaine, une trentaine, de quartiers rendus extrêmement difficiles, par la présence d’un islam conquérant
RT France : Vous avez fait une enquête sur les «no go zones» dans votre livre La France djihadiste, avez-vous pu compter combien il y en a en France ?
A. M. : Ce ne sont pas toujours les mêmes zones. Les «no go zones» islamistes où vous ne pouvez pas aller sans vous faire cracher dessus, parce que vous êtes un écrivain, et les «no go zones» qui sont quasiment et exclusivement composées de délinquants ne sont pas forcément les mêmes. Parfois elles se recoupent, parfois non. Le ministère de l’Intérieur ne parle pas officiellement de «no go zones», en disant qu’il y a des quartiers difficiles en France, mais leur existence est réelle. Je n’ai pas de raison de croire qu’on nous cache des choses. Moi, j’évalue ça à une vingtaine, une trentaine de quartiers rendus extrêmement difficiles, par la présence d’un islam conquérant. C’est beaucoup. Cela représente des dizaines de milliers de personnes.
RT France : Où sont les endroits les plus dangereux de la France ?
A. M. : Les plus connus sont les quartiers nord du Marseille. On parle beaucoup de la banlieue parisienne, parce qu'aujourd'hui c’est l’actualité immédiate. L’activité délinquante mafieuse la plus forte, avec le plus grand nombre de morts depuis le début de l’année, c'est au nord de Marseille. Ce sont des endroits où les délinquants sont armés d’armes lourdes. Vous avez aussi le quartier de Mirail à Toulouse, le quartier des Coteaux à Mulhouse, le quartier de la Montagne Verte à Strasbourg, à Montpellier le quartier de Petit Bard, où les policiers n'osent plus aller. Dans toutes les grandes villes on en connaît au moins un, dans les dix premières villes de France vous en avez un ou deux.
La ville de Lunel est très connue pour le plus grand nombre de départs au djihad, très curieusement, la délinquance a plutôt baissé là-bas, parce que l’islamisation de ces quartiers a fait baisser la délinquance, les gens ont basculé vers un islam agressif, mais la délinquance a baissé au profit d’une délinquance islamiste. La vraie question qu’il faut se poser : est-ce que ces quartiers qui brûlent, où on brûle les voitures à Noël, est-ce qu’ils vont basculer tout autant vers l’islamisme ? C’est la vraie question du futur. Dans le cas présent, je ne crois pas que cela ait un rapport quelconque à l’islam, c’est plutôt une guerre de territoire.
Il faut pouvoir essayer de décomplexer l’usage de la force chez les policiers
Je ne veux pas délirer à l’inverse : on n'en est pas au niveau des Etats-Unis, il n’y a pas, encore, de couvre-feu en France. Mais c’est pour cela que ça nous choque. Cela ne va pas mieux à Marseille depuis deux ans, même si l’Etat a essayé d’engager les moyens. Cela ira mieux quand il y aura plus de policiers, quand les policiers pourront faire l’usage de leurs armes à feu, sans que la Ligue des droits de l’homme leur tombe dessus. C’est de ça qu’il s’agit, sans qu’on parle d’Etat de droit. Vous ne répondez pas avec un flash ball aux attaques aux cocktails Molotov. Il faut pouvoir essayer de décomplexer l’usage de la force chez les policiers.
RT France :Les policiers ont plusieurs fois été condamnés pour l’usage de la force pendant les manifestations contre la loi de travail…
A. M. : C’est ça. Le problème, c’est la faiblesse de l'Etat. Les délinquants, les islamistes profitent de cet Etat faible qui hésite à intervenir, de peur de faire une bavure. Le policier en France a peur : il a peur de perdre son job et de passer pour un raciste, comme il s’agit des quartiers à forte immigration.
Cela va être un des sujets centraux de la présidentielle. A mon avis, ce n’est pas anodin que Nicolas Sarkozy le dénonce. C’est incroyable – on arrive en France a dénoncer les exagérations de l’Etat de droit, dans un pays qui adore faire des leçons à d’autres pays, un ancien président de la République indique qu’on a trop d’Etat de droit, que cela nuit à la chasse des délinquants et des islamistes. Et Nicolas Sarkozy, ce n’est pas Adolf Hitler ! Le ras-le-bol général se cristallise malheureusement autour des faits divers comme celui-ci.
Nos foyers de délinquance et d’explosion sociale sont à l’extérieur du périmètre urbain. Cela ne changera donc pas
RT France : Vous évoquez l’exemple des Etats-Unis, mais le quartier de Harlem à New York devient de plus en plus branché. Y-a-t-il une tendance semblable à Saint-Denis, par exemple ?
A. M. : Harlem, ce n’était quand même pas des tours d’immeubles sordide, ça s’est embourgeoisé, c’est d'ailleurs là que l’ancien président Bill Clinton a installé ses bureaux. Rudolf Giuliani a repoussé les pauvres à l’extérieur. Manhattan étant devenu beaucoup trop cher, les délinquants habitent à l'extérieur. Les banlieues françaises ne sont pas des endroits que l’on peut «gentrifier», en faire des quartiers bourgeois.
Dans le centre bobo de Paris vous n'avez pas à craindre les émeutes. A Harlem il y avait une présence policière plus forte, ce qui a fait augmenter les prix de l’immobilier, et Harlem est devenu un quartier chic où le niveau de délinquance est faible par rapport à ce qu’il était dans les années 80-90. On n’a malheureusement pas de quartiers comme ça. Ce n’est pas courant en France. Nos foyers de délinquance et d’explosion sociale sont à l’extérieur du périmètre urbain. Cela ne changera donc pas.
Les politiques s’en fichent complètement, ils maintiennent une forme de paix sociale
RT France : Comment la situation va-t-elle évoluer ?
A. M. : Aujourd’hui, ce sont des territoires perdus, c’est pourquoi on y trouve délinquance et islamistes. Vous avez à la fois la loi du plus fort, la loi mafieuse et la chariah qui s’appliquent. Cette guerre a déjà été perdue dans certains quartiers. Il n’y a jamais eu de révolte de la population locale contre les délinquants et les islamistes en Seine-Saint-Denis. Les politiques s’en fichent complètement, ils maintiennent une forme de paix sociale et ça marche plutôt. Les médias s’en fichent aussi. Ils préfèrent raconter une histoire à dormir debout - celle du vivre ensemble.
Les endroits dans lesquels on ne peut pas mettre un pied et où la loi ne s’applique pas, ce n’est pas nouveau. Je pense qu’on va prendre un virage islamiste, que dans ces quartiers, la violence s’additionnera à l'islamisme. En Belgique, c’est pareil, la délinquance a baissé, le jeune délinquant est un type qui a troqué son survêtement Lacoste pour une djellaba, une tenue de salafiste, qui dit bonjour aux gens dans les transports en commun et dont le but dans la vie est de faire crever les Occidentaux. C'est horrible à dire, mais entre les deux je préfère encore le mortier à la charia. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas l’éradiquer.
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