Le travail de Wikileaks est d’informer le public et d’assurer que celui-ci ait accès aux documents authentiques au lieu de recevoir le retouché, estime la jounaliste Sarah Harrison, en revenant sur les dix ans d'existence de l'organisme.
RT : Julian Assange a déclaré un jour en parlant des élections américaines que les gens devaient savoir pour qui ils votaient. A quel point ces documents en passe d'être publiés pourraient-ils nuire à Hillary Clinton ou aux autres candidats à la présidence ?
Sarah Harrison (S. H.) : Nous ne parlons pas d’histoires spécifiques avant leur publication, mais il y aura assurément des révélations intéressantes. Effectivement, nous croyons fortement que notre travail est d’informer le public et d’assurer qu’il ait accès à cette information, ce qui lui permet de comprendre le monde qui l'entoure, y compris, naturellement, ses dirigeants. Et pour les élire, nous croyons qu’il est très important de comprendre comment ils fonctionnent.
C’est un combat et nous sommes une organisation médiatique comme toutes les autres, et au même titre, nous devons bénéficier des mêmes protections.
RT : Hier, Julian Assange devait faire une déclaration depuis le balcon de l’ambassade de l’Equateur, probablement concernant ces divulgations. Il a annulé cette intervention pour des raisons de sécurité. Pouvez-vous nous parler de ce que c’est de travailler sous cette pression perpétuelle ?
S. H. : C’est une chose à laquelle nous devons nous habituer dans cette organisation. Depuis que je l’ai rejointe en 2010, nous avons observé cette surveillance se durcir avec le temps. Julian lui-même se trouve dans une situation très compliquée – il est dans un espace très réduit, à l’intérieur d’un bâtiment entouré de surveillants – visibles ou non – et il s’agit clairement d’une présence constante. Nous avons dû devenir forts techniquement parlant pour contourner ce problème et heureusement, nous sommes une organisation qui dispose d'une expertise technique. Mais c’est un combat et nous sommes une organisation médiatique comme toutes les autres, et au même titre, nous devons bénéficier des mêmes protections.
C’est dur pour lui d’être dans cette situation, mais il croit en le travail qu’il fait
RT : Il y a quelques jours, des rapports ont indiqué qu'Hillary Clinton aurait demandé si Julian Assange ne pouvait pas tout simplement être éliminé à l'aide d'un drone. A quel point les menaces de meurtre seraient-elles sérieuses, s’il n’était pas réfugié à l’ambassade ? Et qu’en est-il de votre sécurité, vous qui travaillez sur des sujets aussi sensibles ?
S. H. : Je pense que pour moi, la menace principale est qu’on essaye d’utiliser des éléments d’information me concernant pour atteindre Julian. Mes mails personnels ont été piratés – il n'y a clairement rien d’intéressant dedans, mais ils essayent par tous les moyens de s'en prendre à Julian Assange. C’est dur pour lui d’être dans cette situation, mais il croit en le travail qu’il fait.
Pour moi la chose la plus intéressante a été non pas les documents eux-mêmes, mais les réactions à leur publication
RT : Cela fait dix ans que Wikileaks fait partie du paysage médiatique. A quoi ressemblerait un monde sans lui ?
S. H. : Je pense que nous en saurions beaucoup moins sur le monde qui nous entoure. Il y a eu des révélations majeures dont nous avons parlé, ainsi que de l’impact que cela a eu. Mais pour moi, la chose la plus intéressante a été non pas les documents eux-mêmes, mais les réactions du public à leur publication. Et quelque chose dont je suis très fière, c’est le fait que le public peut avoir accès à des documents authentiques, pas à quelque chose de retouché et contextualisé par des journalistes. Maintenant cela devient une attente du public, des médias et des gouvernements.
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