La destruction des agricultures française et européenne est absolument volontaire

La destruction des agricultures française et européenne est absolument volontaire Source: Gettyimages.ru
Le 13 décembre à Arras, France.
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Si les agriculteurs sont poussés à la révolte, c’est parce que des politiques coordonnées sont mises en place par l’Union européenne, avec la complicité du gouvernement macroniste, pour détruire notre agriculture, et plus largement celle de l’Europe. Un état des lieux dressé par Alexandre Regnaud.

Une fois de plus, le gouvernement français fait semblant d’entendre la colère du monde agricole.

Le 8 décembre, à Rungis, à l’occasion du lancement des « conférences de la souveraineté alimentaire », la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, tenait de grands discours. Il fallait d’urgence sauver nos agriculteurs, établir une stratégie agricole nationale à horizon 2035, et, comme la propagande belliciste n’est jamais loin, elle ajoutait que « si une guerre éclate […], c’est sur nos agriculteurs, et sur eux seuls, qu’il faudra compter pour nous nourrir ».

Il faut dire que, fidèles à leur œuvre de destruction systématique de la France, Macron et les siens ont fait fort : la balance commerciale agricole française va devenir déficitaire en 2025 pour la première fois depuis près de cinquante ans. Le pays est passé du deuxième au sixième rang des exportateurs européens. Sur le blé, secteur clé, la France accuse une baisse de 20 % en volume depuis 2015. Sur le vin, autre secteur clé, en 2024, alors que l’Italie voyait ses commandes croître, les exportations françaises reculaient de 4 % en valeur, après déjà 6 % en 2023. Et ainsi de suite.

En parallèle, la France importe plus de 50 % de ses fruits et légumes, 25 % de sa viande bovine et 59 % de sa viande ovine. Pourquoi, alors qu’elle produit de tout, avec excellence, la France importe-t-elle autant et vend-elle de moins en moins à l’étranger ? La politique du gouvernement et de ses maîtres bruxellois est bien sûr la principale responsable. Le monde paysan en a d’ailleurs parfaitement conscience, puisque même la pourtant habituellement très arrangeante FNSEA, principal syndicat agricole, a boycotté l’événement de Rungis.

Principalement, notre agriculture n’est pas concurrentielle parce qu’elle est écrasée sous des normes européennes ultra–contraignantes (Green Deal, Biodiversité 2030, etc.), que la France a en plus tendance à transposer en les rendant encore plus strictes et plus complexes que ne le souhaitent les technocrates bruxellois.

Savez-vous qu’un agriculteur passe en moyenne neuf heures par semaine, soit près d’une journée, à remplir des formulaires administratifs ? Que les exploitations sont surveillées par satellite pour vérifier, par exemple, que les haies ne sont pas taillées entre le 1er avril et le 31 juillet ? Qu’un même champ peut être soumis à plusieurs zonages (Natura 2000, zone de captage, directive oiseaux…), avec des règles parfois contradictoires ? Et pendant qu’elle étouffe ses propres agriculteurs sous ses règles, l’Union européenne signe des traités de libre-échange avec le monde entier, important massivement des produits qui, eux, n’obéissent quasiment à aucune norme.

Par exemple, du blé et du poulet ukrainiens, qui ont déjà largement perturbé l’agriculture d’Europe de l’Est, donnant lieu, depuis février 2024, à d’importantes manifestations d’agriculteurs, en Pologne notamment.

Sans parler du CETA avec le Canada, et surtout du coup de grâce en préparation avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), qui ouvrira le marché européen, entre autres, à la viande sud-américaine aux normes quasi inexistantes.

Face à la colère légitime du monde agricole, le gouvernement et Macron font semblant de s’y opposer. La ministre déclarait : « J’interdirai moi-même les importations sur notre sol de produits contenant des substances interdites en Europe. » C’est oublier qu’en important par un autre pays de l’UE, n’importe quelle marchandise peut ensuite entrer librement en France.

Quant à Macron, le 7 novembre, au Brésil, il trouvait le traité « plutôt positif », puis affirmait, le 12 novembre en France, que l’accord, dans son état actuel, recevrait un « non ferme de la France ». L’art de se moquer du monde.

Et pendant que l’UE organise l’importation de produits étrangers bas de gamme, non contente de casser la concurrence avec ses normes absurdes, elle va encore plus loin et détruit elle-même directement sa propre production européenne.

Parfait exemple : trois jours après les déclarations ministérielles à Rungis, plus de 500 agriculteurs étaient mobilisés face aux blindés lourds de la gendarmerie à Bordes-sur-Arize, dans l’Ariège, pour empêcher l’abattage par l’État de 208 blondes d’Aquitaine pour une seule vache positive à la dermatose, maladie non transmissible à l’homme et avec 95 % de chances de guérison. Rien qu’en France, ce sont déjà plus de 3 000 bovins abattus en 2025 sous ce prétexte. La France n’est pas la seule concernée, puisqu’on compte par exemple 2 271 bêtes abattues sur la même période en Slovaquie.

Sans compter les abattages massifs de canards ou de poulets, comme ce qui se prépare dans les Landes sous prétexte de grippe aviaire. Tout cela au nom de la directive européenne UE 2016/4.

Et quand les épizooties ne servent pas de prétexte, l’UE utilise d’autres outils pour détruire ses élevages. Aux Pays-Bas, depuis 2022, le gouvernement a pour objectif de réduire de 30 % le cheptel national, toutes espèces confondues, en prenant prétexte d’une obligation légale de respecter les plafonds d’émissions d’azote fixés par l’UE.

Concrètement, pour les seuls bovins, ce sont 30 000 bêtes de moins en 2024 par rapport à l’année précédente, sous prétexte que les pets des vaches favoriseraient le réchauffement climatique.

On aimerait croire à de l’humour, mais ce sont des arguments lus et entendus dans les médias mainstream et des politiques on ne peut plus concrètes de destruction des troupeaux, alors même que l’on importe massivement de la viande de qualité douteuse du reste du monde. Beaucoup y voient un fait exprès, et ils n’ont pas tort. Et bien entendu, le même mécanisme et la même logique s’étendent aux autres secteurs agricoles et valent pour l’ensemble de l’UE.

Quant à la motivation réelle, il est possible qu’elle se rapproche de celle, supposée, de la poursuite à tout prix de la guerre en Ukraine, car les mêmes acteurs sont à la manœuvre.

Le monde agricole le sait. En Grèce, depuis fin novembre, et encore aujourd’hui, plus de 20 000 tracteurs sont déployés, avec 55 points de blocage à travers le pays. On se souvient des mêmes événements en France l’année dernière. Nous avons déjà évoqué la Pologne, les Pays-Bas ; ajoutons l’Espagne en juin 2024 ou la Belgique en février 2024, où les tracteurs étaient directement installés devant le principal responsable de cette destruction méthodique et organisée de notre agriculture au profit des multinationales et de la malbouffe : la technostructure européenne et sa corruption.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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