La France a disparu des radars en Syrie... et c'est tant mieux !

La France a disparu des radars en Syrie... et c'est tant mieux !© Rodi Said Source: Reuters
Alep, Syrie
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Malgré l'amélioration de la situation en Syrie grâce à l’intervention russe, la résolution globale du problème ne peut intervenir que par un accord international, estime Benjamin Blanchard, directeur général de l'association SOS Chrétiens d’Orient.

RT France : Vous vous êtes rendu en Syrie au mois d’août, comment évaluez-vous la situation dans la région ?

Benjamin Blanchard (B. B.) : L'association SOS Chrétiens d’Orient est présente en Syrie depuis maintenant un an. Je m’y rends depuis décembre 2013, et je vois l’évolution considérable depuis, la situation s’est améliorée à Damas, dans toute la Syrie l’heure est à la reconstruction et à la pacification. C’est un point positif et cela a un lien avec l’intervention militaire russe à la fin de l’été dernier, puisque cela a vraiment donné confiance aux Syriens, en montrant qu’au moins les parties libérées étaient stabilisées et que l’aide russe empêcherait tout retour de bâton.

RT France : La Russie et la Syrie ont lancé fin juillet une opération humanitaire en créant des corridors pour les civils et les combattants prêts à se rendre pour pouvoir quitter les villes. Cet accord, a-t-il fait avancer la situation ?

B. B. : Cet accord humanitaire a eu lieu pour permettre aux gens d’Alep-Est, au moment où ils étaient encerclés, de sortir. De fait, on a vu quelques centaines de personnes quitter Alep-Est, mais il semblerait, d’après ce que j’ai vu, que les groupes qui le tiennent ont interdit aux gens de partir, d’utiliser les corridors humanitaires, peut-être pour s’en servir comme des corridors humains.

Tant que les puissances ne seront pas parvenus à un accord, la guerre durera indéfiniment

RT France : Comment à votre avis peut-on améliorer la situation en Syrie ?

B. B. : La situation en Syrie ne dépend plus des Syriens, c’est ce qu’ils pensent et c’est pourquoi ils rechignent un peu parfois à s’engager dans l’armée et combattre, parce qu’ils ont l’impression que cela ne sert à rien, que la situation dépend d’abord des puissances régionales : de l’Arabie saoudite et la Turquie et de la Russie et des Etats-Unis. Tant que ces puissances ne seront pas parvenus à un accord, la guerre durera indéfiniment. On voit bien des améliorations par-ci et par-là, mais massivement une résolution globale du problème ne peut intervenir que par un accord international. C’est pourquoi on attend beaucoup sur les rencontres entre les autorités américaines et russes, notamment entre Sergueï Lavrov et John Kerry, mais je ne sais pas si les Américains sont vraiment décidés à arrêter ce conflit, à lutter efficacement contre le terrorisme, parce qu’ils bombardent depuis deux ans, mais on voit peu de résultats. La Russie en a obtenu beaucoup plus en un an que les Américains en deux ans.

On se retrouve avec les gens soutenus par les Américains qui se battent contre les gens soutenus par les Américains

RT France : Qu’est-ce qui vous fait penser que les Américains ne sont pas aussi déterminés à lutter contre le terrorisme ?

B. B. : Il y a sûrement des questions d’intérêt. Le problème principal n’est peut-être pas les groupes armés qui sévissent, mais le gouvernement syrien. Mais il manque clairement de détermination et d’engagement.

RT France : Après l’intervention turque à la frontière de la Syrie, pensez-vous que l’engagement turc puisse changer la donne dans la région ?

B. B. : On a vu un changement de la position turque, notamment que le ministre des Affaires étrangères turc a dit que le gouvernement de transition pourrait être dirigé par le président syrien Bashar el-Assad. C’est un changement radical, parce qu’avant le départ du président était présenté comme une condition à toutes les négociations. Il y a des négociations entre les Russes, les Turcs et les Iraniens. Tout cela va donc dans le bon sens. Après, on attend les réalisations sur le terrain. Ils ont pris facilement un village frontalier à l’Etat islamique, mais juste après, la guerre se fait surtout entre les groupes armés soutenus par les Turcs et les groupes armés pro-Kurdes soutenus par les Américains. Mais les mêmes groupes armés soutenus par les Turcs sont aussi soutenus par les Américains. En fait, on se retrouve avec les gens soutenus par les Américains qui se battent contre les gens soutenus par les Américains. On en arrive donc à un imbroglio incroyable et on se demande dans quel sens tout cela va.

la France n’a malheureusement toujours pas changé la position concernant le conflit syrien

RT France : Que pensez-vous du rôle de la France dans le conflit ?

B. B. : La position de la France a disparu des écrans radars depuis un moment. On peut peut-être s’en rejouir, parce que du temps où l’on était très actifs, avec Laurent Fabius, on allait dans le sens inverse de ce que réclament les gens sur place, notamment les chrétiens horrifiés et affligés par la position diplomatique de la France. En ce moment, la France n’a malheureusement toujours pas changé la position concernant le conflit syrien, on a vu une initiative très intéressante des trois patriarches en siège à Damas de lever les sanctions contre la Syrie, de rétablir la commerce avec la Syrie, en disant que cela pénalise d’abord le peuple syrien et que c’est une catastrophe humanitaire. J’aimerais que cet appel soit plus entendu par les autorités occidentales et par les médias occidentaux. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Il s’agit des trois plus grandes autorités catholiques et orthodoxes de Syrie. Quand j’ai passé deux semaines en Syrie, il y avait des files d’attente interminables, parfois 24 ou 36 h d’attente. Tout cela à cause de l’embargo, les prix ont énormément augmenté, la livre syrienne a été divisé par dix, ce qui rend la vie plus difficile. C’est pourquoi beaucoup de gens partent, parce que la vie est devenue très difficile du point de vue économique.

Lire aussi : Les intérêts des membres de la coalition divergent mais ils aspirent tous à une solution en Syrie

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