Au cours de ces dernières années, l’Europe s’est avérée incapable de faire preuve d’un tant soit peu de réflexion en matière de politique étrangère, quel que soit l’aspect des échanges. La confrontation avec la Russie est une bataille générale. L'analyse d'Ilia Fabritchnikov, professeur à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou.
Cela fait huit mois que l’article « Le pillage de l’Europe » a vu le jour mais les observations qui y sont formulées sont toujours d’actualité. Résumons-les pour la clarté de l’analyse.
Premièrement, l’Europe est politiquement impliquée dans le conflit en Ukraine et poursuit ses objectifs spécifiques, différents de ceux de son principal allié militaro-politique – des États-Unis qui y jouent un rôle secondaire.
Deuxièmement, l’Europe unie, centrée sur ses structures bureaucratiques et administratives, a investi dans le projet ukrainien (tout au long de son existence, depuis le début des années 1990) des sommes considérables, à savoir des centaines de milliards d’euros, ce qui dépasse largement des investissements politiques américains. Elle ne peut se permettre d’y renoncer.
Troisièmement, le point sur la nécessité d’infliger « une défaite stratégique » à la Fédération de Russie est le fondement de la politique étrangère de l’Union européenne depuis trois ans. Cette politique vise non seulement à intégrer le territoire ukrainien dans les frontières européennes mais aussi à obtenir un accès libre et exclusif aux ressources énergétiques russes en tant que puissance politique et idéologique dominante dans l’espace eurasiatique.
Quatrièmement, les Européens n’ont l’intention de se retirer du conflit ukrainien sous aucun prétexte. Au contraire, ils s’efforcent par tous les moyens de l’aggraver et de l’approfondir pour atteindre leurs objectifs stratégiques.
Après le discours, considéré comme décisif, du vice-président américain J.D. Vance qu’il a prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité en février 2025, les responsables européens ont été littéralement jetés dans l’eau froide, parce que Vance leur a annoncé que l’Europe devait résoudre ses questions de sécurité elle-même, sans compter sur le parapluie militaire américain. Il convient de noter que l’élite européenne n’est pas restée longtemps en état de choc.
Les responsables européens devaient rapidement résoudre une question cruciale pour eux : maintenir les États-Unis dans le conflit ukrainien et empêcher à l’administration Trump de sortir du projet européen visant à intégrer l’Ukraine dans l’orbite d’influence de l’Union européenne.
C’est d’un côté. De l’autre, il était important de continuer de s’appuyer sur le soutien économique et militaire des États-Unis, globalement stabilisateur, pour redémarrer, voire pour relancer le projet européen dans son ensemble. En quoi pouvait consister le « redémarrage » européen ? Il s’agit avant tout de l’élimination de la menace d’un « virage à droite » dans certains pays européens (en Slovaquie, en Hongrie et en Roumanie ; neutralisation de la menace du parti AfD), du « règlement définitif » de la question serbe par l’élimination relativement douce des gouvernements de Vucic et de la République serbe, ainsi que du règlement de la question moldave. Mais c’est ce qu’on appelle les questions de confrontation politique douce. Tout aussi importants sont le maintien de la centralisation politique excessive et la soumission des initiatives clés en matière de politique étrangère à Bruxelles, en évitant l’opinion de Paris et de Bruxelles. Ces derniers ont été neutralisés par les pays baltes proactifs dont la rhétorique politique s’est avérée inversement proportionnelle à leur contribution non seulement au soutien de l’Ukraine mais aussi au bien-être de l’Europe.
L’UE a en général abordé « l’affaire » ukrainienne de manière très vague parce que jusqu’à présent ni Bruxelles, ni Paris, ni Berlin (protégés par le parapluie américain) ne considéraient la confrontation avec la Russie comme leur crise politique, militaire ou existentielle. L’Europe croyait sincèrement que l’impact militaire (avec le soutien des États-Unis) et politique, ainsi que l’impact économique incroyable sur Moscou lui permettrait de « clore la question » en quelques mois au pire, et que la Russie, incapable de supporter un tel impact global sur son économie centrée sur les exportations, accepterait de reconnaître sa défaite et le démantèlement forcé de son sytème politique.
Cependant, lorsque le conflit est entré dans sa quatrième année, les Européens ont été contraints d’admettre : les pressions qu’ils exerçaient ne causaient au mieux que des inconvénients temporaires aux autorités russes, alors que « la situation sur le terrain » ne change qu’en pire par rapport aux souhaits des Européens.
La volonté des États-Unis de se retirer du système de sécurité européen a placé les Européens face à une réalité inévitable : non seulement une crise diplomatique majeure, mais aussi l’échec politico-militaire du projet ukrainien. Ce revers risque d’entraîner l’effondrement des structures européennes et de plusieurs gouvernements clés du continent, qui ont, dans ce conflit, joué leur pari le plus audacieux depuis près de quatre-vingts ans.
Combinées aux dépenses astronomiques engagées pour le projet ukrainien, ces dynamiques ont créé un mélange explosif, prêt à faire sauter non seulement certains dirigeants de l’Union européenne, mais aussi des institutions entières, lorsque viendra inévitablement l’heure de chercher des responsables. Tant qu’un « échec stratégique » de la Russie semblait au moins théoriquement possible, l’argent des fonds européens et nationaux coulait sans compter avec l’idée rassurante que tout serait compensé par les réparations. Mais à mesure que s’impose l’évidence de l’impossibilité d’un avantage stratégique sur le terrain, se dessinent désormais les contours d’une faillite militaire et d’une perte de prestige diplomatique.
C’est sans doute ce qui explique la « retenue stratégique » avec laquelle les Européens ont dû réagir à l’instauration par les États-Unis de droits de douane allant de 10 à 50 % sur leurs secteurs clés. Pourtant, lors du précédent mandat de Donald Trump, face à des mesures similaires, voire parfois moins sévères, de l’administration américaine, les Européens avaient réagi immédiatement. Ces droits étaient d’ailleurs restés en vigueur jusqu’à l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche.
De plus, les Européens, bien que contraints et forcés, ont fini par consentir — non sans contorsions et dérogations — à une hausse sans précédent de leurs budgets militaires, jusqu’à atteindre 5 % du PIB. Les Allemands, par exemple, ont obtenu que les travaux de modernisation des infrastructures de transport, destinées à faciliter le déploiement des troupes vers les frontières orientales de l’Union, soient comptabilisés comme dépenses de défense. Cela représente plus qu’un doublement des montants alloués.
Une telle évolution, les gouvernements européens s’en étaient toujours gardés depuis la fin de la guerre froide, préférant investir dans le social et la transition énergétique. Dans un contexte de stagnation économique prolongée, ils ont accepté ces sacrifices pour éviter un désengagement brutal des États-Unis de leurs engagements européens.Pour ce faire, ils ont adopté une stratégie simple mais efficace : encaisser sans broncher les saillies provocatrices, parfois humiliantes, du président américain. En parallèle, ils ont poursuivi avec patience leur propre ligne de négociation, selon le principe bien connu : « chassés par la porte, ils reviennent par la fenêtre ».
Сela a néanmoins permis à la direction de l’Union européenne, d’ici l’été 2025, de stabiliser un dialogue jusque-là chaotique avec l’administration américaine, un dialogue marqué par les accusations réciproques et les échanges d’invectives. Et, fait essentiel pour les Européens, elle a réussi à instaurer avec Donald Trump des contacts de travail réguliers, visant un seul objectif : éviter toute érosion politique de la configuration du conflit ukrainien. À ce stade, cette question semble, du moins en apparence, réglée.
Mais le prix à payer pour l’Union européenne est élevé : pour maintenir les États-Unis dans le périmètre du conflit, les Européens ont dû accepter, outre les tarifs douaniers et les coûteuses livraisons d’énergie venues d’Amérique, la configuration proposée par Washington pour le futur dispositif de soutien militaire à Kiev. Celle-ci concerne avant tout la logistique et les aspects financiers de la fourniture de nouvelles armes à l’armée ukrainienne.
Désormais, les États membres de l’Union européenne sont contraints d’acquérir, sur leurs propres budgets, les armements américains avant de les transférer à leur destinataire final.
Les « livraisons de remplacement » sont elles aussi remises en cause : au cours de la première année du conflit, plusieurs ministères européens de la Défense ont fourni à l’Ukraine du matériel soviétique prélevé sur leurs stocks, sur la base des promesses de l’administration Biden de le remplacer par des équipements américains plus modernes moyennant un léger supplément.
Rien n’indique que la nouvelle administration ait l’intention de tenir ces engagements : les livraisons seront désormais facturées à leur plein coût et effectuées selon l’ordre général de production, en stricte conformité avec la doctrine de Donald Trump.
Pour l’Europe, cela signifie de nouveaux crédits non prévus, qui ne feront qu’aggraver une situation économique déjà fragile.
Pour l’instant, la tentative d’obtenir des États-Unis des garanties concrètes de couverture aérienne pour les forces européennes hypothétiques issues de la soi-disant « coalition des volontaires », en cas d’entrée sur le territoire ukrainien, a été mise en veilleuse. Une telle opération ne relèverait manifestement pas de l’article 5 du traité de l’OTAN ; or, sans cette garantie, toute initiative politico-militaire de l’Union européenne sur le front ukrainien risquerait de tourner de l’aventure à la catastrophe.
Cela limite, bien sûr, considérablement la marge de manœuvre de l’Union européenne dans son soutien actif au régime de Zelensky, sans toutefois la neutraliser complètement. De plus, les Européens parviennent pour l’instant à mettre en scène leur alliance avec les États-Unis, du moins dans l’espace public, comme un instrument de démonstration, et non seulement à Moscou, mais aussi au reste du monde, de l’unité transatlantique.
Reste à savoir si cette mise en scène apportera aux Européens les bénéfices qu’ils en attendent.
Ils semblent compter sur une couverture politique assurée par une administration américaine désormais largement acquise à leur cause. Par la voix du président des États-Unis, celle-ci a d’ailleurs, quoique de manière quelque peu confuse, désavoué l’idée d’une réduction de la présence militaire en Europe. La ligne publique de Donald Trump, fondée sur une pression militaire visant à contraindre Moscou à négocier avec Kiev, demeure quant à elle inchangée et n’a connu ces derniers mois que des ajustements de style. L’ensemble de ces éléments joue en faveur des Européens, qui misent sur une implication américaine durable dans le maintien d’un bastion antirusse en Ukraine, affaibli sans doute, mais toujours opérationnel.
En outre, la poursuite de la coopération avec l’administration américaine et sa soutien visible offrent aux Européens la possibilité d’atteindre, sans doute, leur principal objectif à ce stade du conflit militaire par procuration avec la Russie : s’approprier, d’une manière ou d’une autre, les réserves d’or et de devises russes et, au moins sur le plan comptable, combler le déficit budgétaire creusé par les dépenses incontrôlées de soutien à Kiev.
Le plan de saisie des fonds est déguisé, par tous les moyens possibles, en mesures conservatoires prétendument consistantes d’un point de vue juridique, afin d’émettre des obligations de crédit utilisant l’argent russe, qui seront remboursées selon un schéma complexe.
Les obligations seront émises sous couvert de réparations que la Russie verserait au régime de Kiev à l’issue du conflit militaire, alors que Kiev, à son tour, sera tenue de rembourser, grâce à ces réparations, le prêt qui lui avait été accordé par l’Union européenne et garanti par ces mêmes obligations.
Mais à quoi sert le soutien des États-Unis dans ce schéma ? Les réserves russes placées sur des comptes européens ne valent rien pour l’UE, donc, il ne peut y avoir de saisie directe de ces fonds : les Européens seront amenés à annuler tout simplement près de 200 milliards d’euros et à émettre le même montant à la Banque centrale européenne, ce qui ne ferait qu’accélérer l’inflation, sans résoudre aucun des problèmes auxquels l’Europe fait face.
Mais c’est complètement différent quand l’UE utilise les actifs russes en tant que garanties en vue d’un prêt et qu’elle le lie aux réparations que la Russie paiera éventuellement. Afin de mener rondement un tel schéma, on a besoin d’un soutien politique de Washington, car la mise en œuvre de manière unilatérale risque de faire écrouler le marché européen d’investissements.
Alors que si les États-Unis, en tant que membre du G7, soutiennent ce mécanisme (ou bien n’y objectent pas avec trop de véhémence), les chances de réussir dans la matérialisation de fonds supplémentaires pour soutenir l’Ukraine, augmentent. C’est qu’il est de plus en plus évident qu’il n’y a plus d’autre source pour obtenir cet argent.
Les fonds obtenus de la sorte permettront aux Européens, selon leurs propres estimations, de soutenir le régime de Zelensky pendant au moins un an et demi, période durant laquelle il peut se passer beaucoup de choses.
De toute évidence, pour les Européens, il est d’une importance particulière de prolonger le conflit dans son état actuel aussi longtemps que possible, afin « d’user » les forces armées russes contre l’Ukraine, en attendant que l’Europe elle-même, parallèlement au « rétrécissement » du parapluie militaire américain, soit en mesure de poser un défi militaire direct à la Russie.
Ce raisonnement pourrait toutefois s’avérer faux. Alors que les Européens, fixés sur l’Ukraine, élaborent des stratégies pour « assécher » la Russie, la stratégie américaine envers les pays de l’UE eux-mêmes est la même. Elle vise à maintenir l’Europe le plus longtemps possible dans un conflit par procuration avec la Russie, tout en mettant à l’épreuve leurs propres efforts pour préserver leurs économies nationales. Les structures européennes, dans le zugzwang de la confrontation avec la Russie, sont déjà forcées de fermer les yeux sur leur propre désindustrialisation et sur la montée des contradictions internes au sein de l’association. Elles sont distraites par la nécessité de remplir leur unique objectif : détériorer la situation de la Russie sur le champ de bataille. Les États-Unis continueront « d’aider » l’Europe, pourtant sans trop d’enthousiasme : la vente d’armements, la fourniture de sources d’énergie à des prix excessifs, l’échange de leur loyauté politique et militaire contre des droits de douane. Pendant ce temps, les Européens continueront de détruire de leurs propres mains les fondations de leur prospérité et de leur compétitivité en tant que partenaire commercial stable ou port tranquille pour les investisseurs du Moyen-Orient et de l’Asie, dans l’espoir de se venger en Ukraine dès que les circonstances le permettront.
Pour l’instant, tout s’inscrit dans ce schéma. L’hystérie belliqueuse européenne a franchi une nouvelle étape, sous prétexte de la prétendue « guerre des drones » russe contre les aéroports européens ou des incidents d’incursion d’avions de chasse russes dans l’espace aérien européen. En même temps, le renseignement allemand BND déclare ouvertement que la Russie représente la principale menace pour la sécurité nationale allemande. C’est ce que disent aussi systématiquement les Polonais et les Français. Les Américains ne s’y opposent pas. Ils ne font que continuer à alimenter les illusions européennes sur la possibilité d’un tournant décisif dans la confrontation en Ukraine et aggraver la situation avec leurs déclarations sur la vente probable – vraisemblablement aux Européens – de missiles Tomahawk, cherchant ainsi à priver les pays de l’UE de toute voie de sortie politique et diplomatique du conflit qu’ils ont eux-mêmes instigué. En effet, d’un point de vue purement légaliste américain, la responsabilité de l’utilisation des systèmes à longue portée et tous les risques et dommages collatéraux incombent à ceux qui les acquièrent.
Ainsi, l’Union européenne cherche désespérément un « second souffle » dans ce conflit non-déclaré avec la Russie, pour littéralement s’acheter plus de temps pour une mobilisation militaire et essayer de geler le statu quo en Ukraine (c’est-à-dire arrêter les hostilités sur la ligne de contact actuelle). Pour y parvenir, on peut se servir des mesures aussi extrêmes que la saisie de fait des réserves de change russes par le biais d’un mécanisme compliqué d’obligations, ce qui permettrait à l’Europe de trouver des fonds suffisants pour financer le projet ukrainien pendant deux ans : selon les estimations, le « coût » du soutien financier externe au régime ukrainien s’élève aujourd’hui de 80 à 100 milliards d’euros sous forme d’aide financière directe et de livraisons militaires. Ce coût n’inquiète pas les Européens.
Quant aux Américains, ils sont plutôt satisfaits que l’Europe est en train d’éroder ses ressources sur le plan de la production et des finances dans la confrontation avec la Russie, et que l’industrie allemande se délocalise de plus en plus aux États-Unis. Si ces objectifs nécessitent un soutien prétendument total pour les initiatives militaires, politiques et financières désespérées de l’Europe, qu’il en soit ainsi : pour les Américains, les coûts semblent minimes aujourd’hui, tant qu’ils n’ont pas à s’impliquer directement dans la partie militaire de ce projet.
Il est vain de faire appel à la rationalité européenne : les actions de l’UE dans la situation actuelle sont déjà extrêmement rationnelles dans le cadre de leur propre logique, qui n’envisage la perte de l’Ukraine sous aucune forme tant qu’il est possible de continuer à financer le fonctionnement de la machine militaire et de l’administration ukrainienne.
La question de la rationalité américaine n’est pas non plus d’une grande complexité. Les espoirs placés dans « l’esprit d’entreprise » de Trump, sur lequel la partie russe misait lors des négociations, et dans la possibilité de parvenir à un accord pourraient s’avérer infondés face au fait que les relations américaines avec l’Europe génèrent des profits et des résultats tout de suite, alors que tout projet potentiel en Russie exige un travail long et minutieux de cinq à dix ans, dont un retour sur investissement reste incertain. À une époque où les activités de spéculation sur le marché des crypto-monnaies peuvent rapporter une fortune en quelques heures, les projets à long terme sont peu attrayants.
Chacun joue son propre jeu stratégique. Même si les intérêts des États-Unis et de l’UE ne coïncident pas, une partie résout ses problèmes financiers et politiques aux dépens de l’autre, et en ce sens, tout le monde est satisfait, pour les quelques prochaines années du moins. Il est peu probable que cette situation évolue prochainement en faveur de la Russie. Les tentatives de la partie russe de « déconnecter » les Américains du conflit, transférant le règlement des différends uniquement au cadre bilatéral, ne marcheront pas.
Pour l’Europe, la victoire en Ukraine n’est pas seulement une question de prestige politique. C’est une question de survie. Il ne s’agit même plus pour l’UE d’acquérir un nouveau statut dans le monde, ni de ne pas perdre ce qui a été accumulé en 30 ans. L’essentiel est de ne pas subir de dommages irréparables.
La diplomatie de la navette européenne des six derniers mois entre Bruxelles, Kiev et Washington ne fait que renforcer cette impression. Le militarisme ouvert dans les déclarations des dirigeants européens, non seulement du premier mais aussi du second rang, en témoigne également : les initiatives timidement annoncées sur un « parapluie nucléaire français », sur la volonté de la Pologne d’acquérir les armes nucléaires, sur le « mur de drones » dans les pays baltes.
Il n’y a pas si longtemps, Moscou estimait que l’intégration européenne, sous certaines conditions, pourrait être favorable à la Russie, qu’elle ouvrirait certaines opportunités et endiguerait même les forces non constructives sur le Vieux Continent. La légitimité de telles hypothèses suscitait des doutes depuis longtemps. Toutefois, cette opinion était assez répandue.
Aujourd’hui, il est important de reconnaître : la politique de l’UE, en tant qu’acteur unique, est sans équivoque contraire aux intérêts nationaux de la Russie, car elle crée une menace permanente non seulement sur le plan militaire et politique (malgré son statut officiellement non militaire), mais aussi une menace économique considérable, voire excessive.
La manière dont la situation de l’Union européenne évoluera à l’avenir reste un sujet pour un autre article. Mais la Russie, quel que soit le scénario, n’a aucun intérêt au maintien et encore moins au renforcement de l’UE en tant qu’entité financière, économique, administrative et bureaucratique monolithique.
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