La mobilisation continue contre la loi travail, elle s'est même durcie ces derniers jours avec la mise en place de blocages un peu partout en France. Benoît Martin, secrétaire général adjoint de la CGT Paris explique son action.
RT France : Vous êtes actuellement en train de manifester dans les rues de Paris, pourquoi continuez-vous votre action ?
Benoît Martin (B. M.) : Ce qui prouve notre détermination c'est que le mouvement est engagé depuis le 9 mars, nous avons fait de très nombreuses manifestations à Paris et dans toute la France, des actions de grèves et de blocages se développent également.
On souhaite le progrès social, et là c’est un projet de régression social
C’est important car nous sommes attachés à certains grands principes que sont la démocratie en tant que citoyen et la démocratie dans l’entreprise. On veut que le code du travail s’applique à tout le monde de la même manière. On souhaite le progrès social, et là c’est un projet de régression social. Il remet en cause un principe gagné en 1936, qu'est le principe de la hiérarchie des normes sociales et le principe de faveur.
RT France : Que répondez-vous à Manuel Valls lorsqu’il déclare «la CGT ne fait pas la loi dans ce pays» ?
B. M. : La CGT ne fait pas la loi, c’est le Parlement qui fait la loi. Mais en l’occurrence, on a empêché le gouvernement de rendre un avis sur le projet de texte El Khomri, puisque l’utilisation du 49.3 a changé la nature de la question posée. Le gouvernement a empêché le débat parlementaire. C’est bien les députés et les sénateurs qui font la loi. Mais nous, les travailleurs, les premiers concernés par le code du Travail, faisons pression sur le politique et le patronat pour que ce projet soit retiré. Les sept organisations syndicales qui sont engagées dans le mouvement depuis le début, utilisent tous les droits qui lui sont offerts : le droit de manifester, le droit de pétition, le droit de grève… pour peser sur le cours des choses.
RT France : Certains voient votre action comme une «prise d’otage», que leur répondez-vous ?
B. M. : Ce n’est pas de la prise d’otage mais l’exercice d’un droit de grève. On entend parler de «prise d’otage» de «radicalisation», pour qualifier les organisations syndicales et la CGT en particulier, ce sont des mots qui ont été utilisés depuis un an pour parler du terrorisme, et reprendre ces éléments de langage à propos d’un mouvement social est absolument scandaleux.
Ils ne sont pas en train de défendre l’intérêt des travailleurs
Il est vrai que lorsque les travailleurs arrêtent de travailler pour se mettre en grève, certains services ne sont pas rendus, et certains biens manufacturés ne sont plus produits et l'approvisionnement énergétique peut s'arrêter. Effectivement, c’est le principe de la grève, de peser sur les différents employeurs car eux aussi peuvent être des groupes de pression auprès des parlementaires. En mettant la pression sur le patronat cela concours à essayer de construire un rapport de force sur le gouvernement et le législateur.
RT France : D’autres organisations syndicales comme la CFDT ont pourtant accepté cette loi Travail, pourquoi ?
B.M. : La CFDT est un syndicat qui accompagne le gouvernement depuis 2012 et l’élection de François Hollande. Il a toujours accompagné les réformes, on peut se poser des questions sur l’indépendance de cette organisation syndicale. Clairement, elle n'est pas en train de défendre l’intérêt des travailleurs, ou alors selon une conception qui celle du moindre mal, qui part du principe que la situation devrait se dégrader et du coup, ils négocient pour que cela se dégrade le moins possible. La CGT n’est pas dans le recul social. Pour nous le recul social ne peut en aucun cas se négocier, nous sommes prêts à négocier des avancées sociales comme l’ont fait les intermittents du spectacle ou la branche des transporteurs routiers.
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