«La Turquie est organiquement liée à Daesh», dénonce le Parti démocratique des peuples pro-Kurdes

«La Turquie est organiquement liée à Daesh», dénonce le Parti démocratique des peuples pro-Kurdes© Adem Altan Source: Reuters
Le parlement turc, Ankara
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Alors que Recep Tayyip Erdogan veut supprimer le Parti démocratique des peuples du parlement turc, sa co-présidente, Figen Yuksekdag, a évoqué pour RT la récente répression des Kurdes par Ankara.

Le Parti démocratique des peuples représente la principale opposition parlementaire et demande des comptes au gouvernement, explique-t-elle. Les membres de ce parti pro-kurde ont été victimes d’attaques et de meurtres, ajoute-t-elle. Qualifiés de terroristes par le Président, l’immunité parlementaire de ces députés a récemment été levée et ils font désormais l’objet d’une enquête.

La chancelière allemande Angela Merkel s’est rendue à Istanbul le 23 mai pour assister au sommet des Nations-unies sur les réfugiés. Elle y a exprimé l’inquiétude que génèrent le musellement de la presse en Turquie –qui passe par des poursuites judiciaires pour insultes au président jusqu’à l’emprisonnement– ainsi que la levée de l’immunité parlementaire de près d’un quart des députés turcs. Ces derniers sont en majorité des membres du Parti démocratique des peuples qui défend les Kurdes et d’autres minorités qui gênent le président. La chancelière a également rappelé à Ankara qu’elle devait remplir les 72 conditions de Bruxelles, y compris la réforme de sa loi antiterroriste, pour que les citoyens turcs puissent se rendre en Union européenne sans visa.

«Ils veulent nous expulser du parlement parce que nous sommes devenus la principale opposition en Turquie. C’est la seule raison de faire passer cette loi. Le gouvernement et Recep Tayyip Erdogan préfèrent bannir des partis démocratiques comme le Parti démocratique des peuples au lieu de discuter avec eux. Il voit en nous la légitimité démocratique et la résistance. Et il veut nous éloigner du parlement», explique Figen Yuksekdag.

Le gouvernement et Recep Tayyip Erdogan préfèrent bannir des partis démocratiques comme le Parti démocratique des peuples au lieu de discuter avec eux

Elle est catégorique : «Le Parti démocratique des peuples est le seul parti ciblé et qui fait l’objet d’une enquête pour s’être exprimé et engagé en politique. L’enquête porte uniquement sur nos discours, ce que nous avons dit au Parlement ou autre part, sur tout le travail que nous avons fait et notre approche en général. C’est pourquoi l’enquête a été ouverte.»

Mais, selon elle, le Parti démocratique des peuples ne quittera pas le parlement.

«S’ils ne nous jettent pas dehors, nous résisterons et continuerons d’être la voix du peuple», affirme-t-elle, avant d’ajouter : «Ankara peut tuer des civils kurdes et personne n’a le courage de condamner ces actes.»

Ils veulent nous expulser du parlement parce que nous sommes devenus la principale opposition en Turquie

«Ces trois dernières années, le palais a encouragé la militarisation. Des milliers de commissariats de police ont été construits dans les villes kurdes, dans les montagnes et partout où vous pouvez l’imaginer. Des prisons militaires ont été construites. Cela s’est produit en temps de paix. Pendant ces trois années, beaucoup de civils, de gens innocents, ont été tués. Beaucoup d’opérations ont été menées contre la population et contre toutes sortes de manifestations démocratiques de mécontentement populaire», raconte Figen Yuksekdag.

La chef du Parti démocratique des peuples qualifie ainsi les atrocités présumées qui ont eu lieu dans le village de Cizre dans le Sud de la Turquie de «crimes de guerre». Plus de 100 personnes auraient été brûlées vives à Cizre alors qu’elles se réfugiaient dans des caves pour se protéger des forces armées turques. RT avait lancé une pétition en mars pour demander aux Nations-unies de mener une enquête sur le massacre présumé des civils kurdes.

Plus de 100 personnes auraient été brûlées vives à Cizre alors qu’elles se réfugiaient dans des caves pour se protéger des forces armées turques

 «Ce qui s’est passé à Cizre est un crime de guerre. Des actes similaires ont eu lieu dans d’autres pays et la majorité ont été condamnés en tant que crimes de guerre. Mais en Turquie, le pouvoir peut facilement commettre de tels actes et personne n’a le courage de les condamner», explique-t-elle, ajoutant : «Le gouvernement turc est organiquement lié à l’Etat Islamique

D’après Figen Yuksekdag, son parti dénonce depuis des années le soutien du gouvernement turc à l’Etat islamique.

En général, c’est nous qui essayons de demander des comptes au gouvernement et en retour nous sommes attaqués, massacrés

«Nous avons dit qu’ils étaient très proches. Nous le disons depuis des années, mais il n’y a toujours pas de mécanisme qui permette de porter un jugement juste, il n’y a pas de mécanisme cohérent pour faire pression sur le gouvernement. En général, c’est nous qui essayons de demander des comptes au gouvernement et en retour nous sommes attaqués, massacrés, on nous retire notre immunité parlementaire et on nous expulse du Parlement», raconte-t-elle à RT.

«Nous avons été isolés à cause de ce que nous avons dit. L’autre partie de l’opposition en Turquie est restée silencieuse ; les grandes puissances du monde sont aussi restées silencieuses. En restant silencieux, ils encouragent le gouvernement turc dans ses agissements. Ils ont des relations, une collaboration et des contrats différents avec la Turquie. Il faudrait leur demander d’arrêter de faire affaire avec Ankara car tout contrat conclu alors que de violents crimes sont perpétrés [en Turquie] est sale et tâché de sang», conclut Figen Yuksekdag.

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