Le député Thierry Mariani félicite Christian Estrosi pour le renouvellement du jumelage entre les villes de Nice et Yalta et parle de la vie en Crimée, dont il a été récemment un témoin privilégié.
RT France : Avant votre visite en Crimée l’année dernière vous avez reçu une forte pression du ministre des Affaires étrangères pour annuler votre voyage. Maintenant Christian Estrosi renouvelle le jumelage entre les villes de Nice et Yalta et on annonce sa visite en Crimée au mois de mai. Mais personne ne réagit au Quai d’Orsay. Est-ce que cela veut dire que le gouvernement français admet maintenant que la Crimée fait partie de la Russie ou il y aura une réaction désagréable pour Christian Estrosi à l’avenir ?
Les habitants de Crimée se sont exprimés – ils sont aujourd’hui russes
Thierry Mariani : D’abord Christian Estrosi a renouvelé un pacte d’amitié, un jumelage qui existait entre Yalta et Nice depuis des années, bien avant tous ces problèmes. A l’époque Yalta faisait déjà partie de la Crimée et était intégrée à l’URSS. Il n’y a donc rien de choquant. Yalta est une grande station balnéaire. J’ai pu y aller en juillet dernier et voir le nombre de touristes. Nice est une grande station balnéaire et je pense que ce sont deux villes qui ont beaucoup de choses en commun. Je constate que pour l’instant il n’y a pas de réaction du Quai d’Orsay, qui est à mon avis une preuve de pragmatisme.
Quand Christian Estrosi signe ce document avec Yalta, je ne peux que le féliciter parce que c’est une étape de plus pour un retour vers la normale
Puis, regardons l’état actuel des négociations au niveau de l’Ukraine : les accords de Minsk ne mentionnent jamais le problème de la Crimée. Et pourquoi ? Tout simplement parce que personne ne croit une seule seconde que la Crimée puisse avoir un jour son statut actuel remis en doute. Il y a eu une volonté populaire qui s’est manifestée par le référendum. Je pense que l’Europe ne cesse de dire qu’il faut tenir compte de la volonté populaire d’auto-détermination des peuples. Les habitants de Crimée se sont exprimés – ils sont aujourd’hui russes. Je m’y suis rendu avec une délégation de parlementaires au mois de juillet dernier, et nous avons pu constater que l’écrasante majorité de la population était d’accord avec ce retour à la Russie. Donc finalement quand Christian Estrosi signe ce document avec Yalta, je ne peux que le féliciter, parce que c’est une étape de plus pour un retour vers la normale.
RT France : Est-ce une surprise que le président de la région PACA, maire de Nice entre en accord formel avec la Crimée ?
Au Quai d’Orsay on se rend compte ... qu’en réalité il n’y a pas le bon et le méchant, il n’y a pas l’Ukraine-victime et la Russie agressive
Thierry Mariani : Christian Estrosi est quelqu’un qui a toujours été attaché aux relations avec la Russie, qui est pragmatique, je pense, qui milite comme moi pour la levée des sanctions qui frappent la Russie aujourd’hui. Est-ce que ça a été une surprise ? Un petit peu, mais c’est dans la logique de ce que a toujours défendu Christian Estrosi.
RT France : Pourquoi ce fait n’a-t-il pas provoqué de réaction furieuse des médias français, comme c’était le cas lors de votre visite en Crimée ?
Thierry Mariani : D’abord c’est quelque chose qui a été signé à Nice ; ce n’est pas quelque chose qui a été signé à Yalta. Ensuite, peut-être que depuis au Quai d’Orsay on se rend compte que notamment, par exemple, sur les accords de Minsk les Ukrainiens ne tiennent pas leur engagement, et qu’en réalité il n’y a pas le bon et le méchant, il n’y a pas l’Ukraine-victime et la Russie agressive. Il y a par moment une vérité qui est plus nuancée. Je pense donc que maintenant beaucoup de gens sont très prudents. Si les accords de Minsk ne sont aujourd’hui toujours pas appliqués à cause de l’Ukraine, qui n’arrive pas à trouver une majorité dans son parlement, la Rada, et qui n’arrive pas à faire voter ces textes. Donc, si la réaction du Quai d’Orsay est beaucoup plus mesurée, c’est une bonne chose et je pense que c’est quelque chose de très réaliste.
RT France : Y a-t-il une possibilité que la France reconnaisse officiellement la Crimée comme une partie de la Russie ?
Thierry Mariani : Dans le droit je ne pense pas, hélas. Dans les faits, quand on ne mentionne même plus le problème de la Crimée dans les accords de Minsk, ça veut dire qu’il n’y a pas de reconnaissance en droit. Mais on tient aussi compte de la réalité.
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