Certains membres des forces allemandes s’opposent aux plans de Merkel sur la Syrie, alors que Berlin est poussée à suivre Ankara pour nombre de raisons, dont la crise des réfugiés, explique à RT le journaliste Michael Opperskalski.
Dans une interview au journal Stuttgarter Zeitung publiée lundi, la chancelière allemande Angela Merkel a dit être pour une zone d'exclusion aérienne en Syrie.
RT : Pour quelles raisons, pensez-vous, Merkel s’est-elle prononcée en faveur d’une zone d'exclusion aérienne en Syrie ?
Michael Opperskalski : Tout d'abord, Angela Merkel n’est pas seule : elle est soutenue par le ministre des Affaires étrangères [Frank-Walter] Steinmeier, par le Service fédéral de renseignement extérieur allemand (BND) et par d'autres forces gouvernementales de haut rang. Alors, pour quelles raisons agissent-ils ainsi ? Il y en a deux ou trois.
C’est un jeu très sale, je dois dire
La première est que le régime turc fait pression sur eux pour qu’ils suivent ses intérêts suite à la crise des réfugiés. Deuxièmement, à l'ordre du jour allemand, il y a le changement du régime en Syrie par tout les moyen. Et depuis que le gouvernement syrien - appuyé par la Russie, l'Iran et le Hezbollah - fait de grands progrès et se bat sérieusement contre des terroristes, ils commencent à s’énerver. Ils ne sont pas intéressés à la paix, mais ils veulent arrêter ce genre d’avancée des forces au sol.
C’est un jeu très sale, je dois dire. D’un autre côté, cela divise la hiérarchie militaire au sein de l'administration allemande, ainsi qu’au sein de certaines forces politiques. Par exemple, quelques anciens hauts officiers des forces terrestres allemandes, ainsi que des officiers en exercice y sont absolument opposés.
C’est un affrontement des plus en plus important dans les milieux dirigeants en Allemagne
RT : Pourquoi sont-ils contre ?
M. O. : Ceux qui s’y opposent disent que, primo: cela ne sera utile pour la lutte contre Daesh – bien au contraire. Et certains, comme un ancien général, vont même jusqu’à dire que l’intervention russe et les activités antiterroristes russes sont la réelle force qui ouvre une perspective de paix en Syrie. D’autres, comme [Hans-Lothar] Domrose, le général allemand de l’OTAN, sont pour une zone d'exclusion aérienne comme composante de la campagne contre-russe.
Quand nous examinons la situation sérieusement et dans le détail, le gouvernement et les institutions sont de plus en plus en désaccord au regard de la direction prise, particulièrement quand on en vient à l’affrontement possible avec la Russie au niveau politique (et autres), et bien sûr, quant au changement de régime en Syrie. Il devient de plus en plus évident que les Syriens, appuyés par la Russie, l’Iran et le Hezbollah et d’autres deviennent plus forts, plus sérieux et qu’un terme est mis à de plus en plus d’activités terroristes.
C’est un affrontement des plus en plus important dans les milieux dirigeants en Allemagne
Donc, qu’est-ce que fera le gouvernement allemand s’il poursuit ses douteuses politiques de soutien aux terroristes? Avec qui parleront-ils à Damas lors de sérieuses négociations de paix, quand il y aura un développement dynamique dans le pays, décidé par les Syriens eux-mêmes et non depuis l’étranger - par Washington, Berlin, Londres ou d’autres. C’est un gros problème, c’est un affrontement des plus en plus important dans les milieux dirigeants en Allemagne.
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