Pour Orban, les divergences entre Occident et Russie autour de l'Ukraine sont «surmontables»
En visite à Moscou, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a assuré qu'il était possible pour l'Occident et la Russie de parvenir à un accord garantissant la paix et la sécurité en Europe, malgré des «différences significatives» entre les parties.
«La situation est grave, les différences significatives [...] mais elles sont surmontables» : ce 1er février, le Premier ministre hongrois s'est montré optimiste quant à un déclin des tensions entre l'Occident et la Russie autour de l'Ukraine. S'exprimant lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, le chef de gouvernement a poursuivi en ces termes : «Il est possible de conclure un accord qui garantit la paix, la sécurité de la Russie est aussi acceptable par les membres de l'OTAN.»
Pas un seul responsable européen ne souhaite un conflit avec la Russie
Selon ses propres dires, Viktor Orban a dit au dirigeant russe «que l'Union européenne était unie et que pas un seul responsable européen ne souhaite un conflit avec la Russie». Partant, le dirigeant d'Europe centrale a appelé à «utiliser tous les outils diplomatiques pour réduire les tensions».
Sur ce même dossier de la sécurité en Europe, le président russe a lui regretté, lors de la conférence presse conjointe, que les «préoccupations» de la Russie avaient été «ignorées» par les Etats-Unis et l'OTAN. «J’ai déjà informé monsieur le Premier ministre hongrois que les préoccupations russes ont été ignorées. Nos propositions n'ont pas été prises en considération, notamment celle concernant notre refus de voir installer des dispositifs d’attaques et de frappes à côté des frontières russes», a déclaré Vladimir Poutine.
Orban opposé aux sanctions économiques
Les deux dirigeants ont en outre discuté de la coopération économique de leur nation. A ce sujet mais sur un plan toujours politique, Viktor Orban a rappelé son opposition aux sanctions contre la Russie – telles qu'en ont adoptées en nombre les Etats-Unis et l'Union européenne ces dernières années.
«La politique des sanctions imposée contre la Russie a provoqué beaucoup plus de préjudices à la Hongrie qu'à la Russie», a assuré le Premier ministre conservateur, insistant sur le fait que les sanctions provoquaient «l'effet inverse à celui qui était escompté».
Occidental et en bons termes avec la Russie : un «modèle hongrois» ?
Enfin, Viktor Orban a mis en exergue le «modèle hongrois» : celui d'un pays membre de l'Union et de l'OTAN qui entretient «dans le même temps d'excellentes relations avec la Russie».
De fait, la coopération entre Budapest et Moscou est étroite dans divers domaines, la Hongrie ayant par exemple été le premier pays de l'UE à adopter le vaccin russe anti-Covid Spoutnik V, qui n'est toujours pas reconnu à ce jour par l'Agence européenne des médicaments (EMA).
Sur le plan géopolitique, la Hongrie a souhaité afficher ces dernières semaines une forme de tempérance sur le dossier des tensions russo-occidentales : «La Hongrie est un membre fidèle de l'OTAN mais les intérêts de notre pays sont mieux servis par un règlement pacifique et négocié du conflit ukraino-russe», a récemment indiqué Budapest selon l'AFP, au sujet de discussions sur une demande américaine de déploiement de troupes de l'Alliance atlantique en Hongrie.
De même, lors d'un rassemblement de conservateurs européens à Madrid le week-end passé, le Premier ministre hongrois a semblé éviter de froisser quiconque, affirmant que l'Ukraine constituait «un sujet très important» pour les pays d'«Europe centrale» et déclarant en outre qu'il souhaitait «la paix et la désescalade» à ce sujet.
Ce que le gouvernement hongrois présente comme une position équilibrée ne convainc toutefois pas l'opposition du pays, qui a demandé à Viktor Orban d'annuler sa visite à Moscou : «Une telle rencontre amicale est particulièrement nocive et contraire à nos intérêts nationaux [car elle suppose que] les Etats membres de l'OTAN et de l'UE ne sont pas unis dans leur rejet des propositions de Poutine», avait accusé l'opposition hongroise, dans un communiqué commun cité par l'AFP.