Tensions entre Paris et Bamako : le porte-parole du gouvernement malien invite Parly à se taire
- Avec AFP
Le ministre et porte-parole du gouvernement malien Abdoulaye Maïga a donné pour «conseil» de se taire à la ministre française des Armées Florence Parly après ses accusations de «provocations» à l'encontre des autorités maliennes.
Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement malien, s'est livré dans la soirée du 26 janvier à une charge virulente contre Florence Parly et la France, accusées de chercher à diviser les Maliens, «d'instrumentaliser» les organisations sous-régionales et de conserver ses «réflexes coloniaux». La ministre française avait accusé le gouvernement malien le 25 janvier de multiplier «les provocations».
«Nous invitons également [Florence] Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat», a déclaré le colonel Maïga. «Nous l'invitons [aussi], c'est un conseil, à faire sienne cette phrase d'Alfred de Vigny sur la grandeur du silence», a-t-il ajouté, possible référence au poème La Mort du loup du poète français du XIXe siècle dont l'un des vers affirme : «Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse».
Le Drian fustige une «junte illégitime»
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé ce 27 janvier les «mesures irresponsables» d’une «junte illégitime» alors que le Danemark vient d’annoncer qu’il retirait ses troupes du Mali.
«Cette junte est illégitime et prend des mesures irresponsables […]. Elle porte l’entière responsabilité du retrait des forces danoises et s’isole davantage encore de ses partenaires internationaux», a-t-il déclaré aux côtés de son homologue nigérien Hassoumi Massoudou à Paris.
Prenant acte des nouvelles exigences du gouvernement malien de transition, le Danemark a annoncé ce même 27 janvier préparer son retrait militaire. «Les généraux au pouvoir ont envoyé un message clair où ils ont réaffirmé que le Danemark n’[était] pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison nous avons décidé de rapatrier nos soldats», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod après une réunion au Parlement.
Des relations fortement dégradées
Ces déclarations surviennent en pleine dégradation des relations avec la France, engagée militairement au Mali et au Sahel. Cette détérioration s'est accélérée depuis que les militaires, arrivés au pouvoir à la faveur d'un putsch en août 2020, ont révoqué leur engagement initial à organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali.
Ils ont fait savoir qu'ils jugeaient nécessaires plusieurs années supplémentaires aux commandes de ce pays plongé depuis des années dans une grave crise sécuritaire et politique. Mais la Cédéao s'y oppose et a ansi infligé le 9 janvier de sévères sanctions au Mali. «Lorsqu'on tente désespérément d'isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation», a déclaré à ce sujet Abdoulaye Maïga.