«Arme de destruction massive», «hypocrisie» : le sommet américain «pour la démocratie» critiqué

«Arme de destruction massive», «hypocrisie» : le sommet américain «pour la démocratie» critiqué© Leah MILLIS Source: Reuters
Joe Biden quitte une salle de la Maison Blanche après s'être exprimé lors du «sommet pour la démocratie», à Washington, le 10 décembre 2021.
Suivez RT en français surTelegram

La Russie, Chine mais également certains aux Etats-Unis ont vertement critiqué le «sommet pour la démocratie» organisé par Joe Biden. Pékin l'a accusé de vouloir pousser à la «confrontation», alors que Moscou a dénoncé une «hypocrisie».

Ce 11 décembre, Pékin a qualifié la démocratie américaine d'«arme de destruction massive», après le «sommet pour la démocratie» organisé par le président américain Joe Biden et ayant réuni de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement les 9 et 10 décembre. Un sommet qui s'est conclu en demi-teinte, sous les critiques acerbes de la Chine et de la Russie, mais aussi de certains aux Etats-Unis. 

Comment Biden ose-t-il faire la leçon lors de son sommet pour la démocratie aujourd'hui tout en refusant de gracier [...] Julian Assange?

D'un côté, des membres du parti républicain reprochent à Joe Biden de ne pas se montrer plus intransigeant envers la Chine ; de l'autre, Daniel Ellsberg – un lanceur d'alerte lors de la guerre du Vietnam – a reproché à son administration de chercher à obtenir l'extradition de Julian Assange, poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé des centaines de milliers documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines – en particulier en Irak et en Afghanistan – dont un certain nombre s'apparentent à des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Daniel Ellsberg s'est exprimé en ces termes sur Twitter le 9 décembre : «Comment Biden ose-t-il faire la leçon lors de son sommet pour la démocratie aujourd'hui tout en refusant de gracier Daniel Hale et Julian Assange, assassinant ainsi la liberté de la presse au nom de la "sécurité nationale" ?»?

La "démocratie" est devenue depuis longtemps une "arme de destruction massive" utilisée par les Etats-Unis pour s'ingérer dans les autres pays

«La "démocratie" est devenue depuis longtemps une "arme de destruction massive" utilisée par les Etats-Unis pour s'ingérer dans les autres pays», a de son côté dénoncé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué publié en ligne. Le document accuse également Washington d'avoir «fomenté des "révolutions de couleur" à l'étranger».

Un sommet accusé par la Chine d'«instrumentaliser et [d']armer la démocratie»

Les représentants de 110 pays – dont des alliés des Etats-Unis tels que la Pologne, le Brésil ou l'Irak – ont participé à ce «sommet pour la démocratie» virtuel, qui visait à réunir «des dirigeants issus de gouvernements, de la société civile et du secteur privé afin d'établir un programme positif pour le renouveau démocratique et afin de s'attaquer par une action collective aux plus grandes menaces auxquelles sont confrontées les démocraties aujourd'hui». La Chine, la Russie, ou encore la Hongrie n'ont en revanche pas été conviées à l'événement.

Taïwan figurait en revanche sur la liste des invités, ce qui constituait une provocation claire aux yeux du gouvernement chinois. Pékin a néanmoins remporté une victoire en plein sommet, le Nicaragua ayant annoncé le 9 décembre la rupture de ses relations diplomatiques avec Taïwan afin de reconnaître la Chine populaire.

L'exclusion de la Chine de ce sommet a amené Pékin à accuser le président américain d'attiser les divisions idéologiques héritées de la Guerre froide. Le porte-parole de la diplomatie chinoise a ainsi assuré que le «sommet pour la démocratie» a été organisé pour «tracer des lignes de préjugés idéologiques, instrumentaliser et armer la démocratie [et] inciter à la division et à la confrontation».

La Chine s'est engagée à «résister et à s'opposer résolument à toutes sortes de pseudo-démocratie». Dans un livre blanc publié la semaine dernière, le gouvernement chinois avait loué son modèle, qualifié de «démocratie populaire intégrale».

Si le ton a certes changé après l'arrivée au pouvoir de Joe Biden – en comparaison à l'attitude plus véhémente de son prédécesseur Donald Trump envers la Chine – la relation entre Washington et Pékin n'en demeure pas moins extrêmement tendue, sur fond de compétition commerciale et technologique, de divergences liées aux droits de l'homme et de problématiques concernant le Xinjiang et Taïwan. Le Trésor américain a ainsi sanctionné le 10 décembre deux hauts responsables chinois pour violation des droits humains dans la région du Xinjiang et placé l'entreprise chinoise d'intelligence artificielle SenseTime sur liste noire pour sa technologie de reconnaissance faciale visant la minorité ouïghoure.

La Russie dénonce l'ingérence et les leçons de démocratie des Etats-Unis

Le 9 décembre, le président de la commission des affaires étrangères de la Douma – la chambre basse du Parlement russe – Leonid Sloutski s'était exprimé en ces termes rapportés par l'agence TASS sur son compte Telegram, en faisant référence à la promesse de Joe Biden de donner 424 millions de dollars en soutien à la liberté de la presse, à des élections libres et aux campagnes de lutte anti-corruption : «La foire à l'hypocrisie appelée "sommet des démocraties" bat son plein [...] Traduisons [Joe Biden] en langage clair : les Etats-Unis continueront à s'ingérer dans les affaires des autres Etats, en finançant la soi-disant opposition et les médias prétendument indépendants, en imposant leur cap aux gouvernements étrangers et en décrétant des sanctions illégales.»

Pourquoi la démocratie au sens américain du terme devrait-elle être considérée comme une forme idéale de structure sociale ?

Leonid Sloutski a souligné que «ni les Etats-Unis ni leurs alliés ne peuvent prétendre être des chefs d'orchestre ou des professeurs de démocratie». «Tout ce rassemblement de pour ainsi dire "démocratiseurs" a uniquement eu lieu dans le but d'une tentative de revanche visant à établir un ordre mondial unipolaire. Cela ne peut mener à rien d'autre qu'à de nouvelles lignes de division», a conclu le député.

Fin novembre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait lui aussi critiqué «le droit autoproclamé de Washington de déterminer qui est une démocratie et qui ne l'est pas». «Et, de manière générale, pourquoi la démocratie au sens américain du terme devrait-elle être considérée comme une forme idéale de structure sociale ?», s'était interrogé le chef de la diplomatie russe, comme l'indique TASS.

«Avant d'apprendre aux autres comment organiser leur démocratie, parlons de la démocratie dans les relations internationales. L'Occident ne l'accepte pas et le remplace par son diktat», avait estimé Sergueï Lavrov, indiquant que les Etats-Unis faisaient fi de leurs obligations au titre de la Charte des Nations unies, qui «consacre l'égalité souveraine des Etats comme l'un de ses principes essentiels».

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix