Amnesty désigne de nouveau Alexeï Navalny comme «prisonnier d'opinion» malgré ses propos haineux

Amnesty désigne de nouveau Alexeï Navalny comme «prisonnier d'opinion» malgré ses propos haineux© GUILLEMETTE VILLEMIN / AFP
Un drapeau d'Amnesty International, brandi place de la République à Paris en septembre 2015 (image d'illustration).
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Fin février, Amnesty International décidait de cesser les références à Alexeï Navalny comme «prisonnier d'opinion» en raison de propos haineux qu'il avait tenus dans le passé. Visiblement gênée par l'impact de cette mesure, l'ONG a fait volte-face.

En choisissant en février dernier de ne plus désigner Alexeï Navalny comme «prisonnier d'opinion», Amnesty International a-t-elle trop écorné à son goût l'image de l'opposant politique russe ?

Ce 7 mai, l'ONG de défense des droits de l'Homme a annoncé, dans un communiqué en anglais, qu'elle revenait sur ce choix. En cause, explique-t-elle : «Le gouvernement russe et ses partisans ont utilisé cette décision interne [de février], que nous n’avions pas l’intention de rendre publique, pour violer davantage les droits de Navalny.» Un «comble de l'hypocrisie», juge Amnesty, qui en profite pour réitérer ses nombreuses accusations à l'encontre du gouvernement russe relatives aux droits de l'Homme.

L'épisode de février a même poussé Amnesty à reconsidérer sa politique générale quant à emploi du terme «prisonnier d’opinion» : «Notre approche a été affinée pour ne pas exclure une personne de [cette décision] en raison uniquement de son comportement dans le passé. Nous reconnaissons que les opinions et le comportement d’une personne peuvent évoluer avec le temps.»

Navalny comparait les musulmans du Caucase à des cafards

Car c'est bien en raison d'anciens propos virulents qu'Amnesty avait retiré à Alexeï Navalny ce label. Sans les désigner précisément, l'ONG notait que certaines déclarations de l'opposant russe – que celui-ci «n'a pas dénoncées publiquement» – relevaient d'une «promotion de la haine».

De fait, la coqueluche des médias occidentaux a été proche de mouvements d’extrême droite avant d'acquérir une aura internationale et comptait parmi la «Marche russe», une rencontre annuelle qui rassemble les ultranationalistes du pays. Il publiait alors des vidéos alliant humour noir et racisme. Dans l'une d'elles, toujours en ligne sur son compte YouTube officiel, Navalny comparait les habitants du Caucase, majoritairement musulmans, à des cafards et suggérait d’utiliser des «pistolets» contre eux. Dans une autre vidéo de 2007, elle aussi toujours disponible sur YouTube, le militant nationaliste employait la métaphore d'une dent morte pour expliquer qu'il ne souhaitait pas que les racines de la Russie disparaissent. «Nous avons le droit d'être Russes en Russie, et nous le défendrons», clamait-il notamment.

Il est cocasse de relever, par ailleurs, que l'opposant russe accusait en 2011 sur Twitter Amnesty international de «prostitution politique» et faisait part de sa volonté de «clouer au pilori» l'organisation...

Condamné pour avoir violé les conditions d'un sursis

Dans son communiqué du 7 mai, Amnesty confirme considérer certaines déclarations passées de Navalny comme «répréhensibles». L'ONG indique également que le changement de statut qu'elle accorde à l'activiste russe n'implique en rien qu'elle embrasse ses idées. Enfin, Amnesty réitère son appel à la libération «immédiate et sans condition» de celui qu'elle considère, à présent, comme un «prisonnier d'opinion». 

Ce n'est pourtant pas pour des propos ou actions politiques qu'Alexeï Navalny est actuellement détenu : il a été reconnu coupable en 2014 d’avoir détourné 30 millions de roubles (400 000 dollars) appartenant à deux entreprises, dont Yves Rocher.

Ce 20 février 2021, un tribunal de Moscou a confirmé en appel la révocation de son sursis prononcé en 2014. L'opposant russe avait été interpellé à son retour en Russie le 17 janvier, comme l'avaient annoncé en amont les autorités, puis incarcéré pour 30 jours. Motif : il ne s'était pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection pénitentiaire à au moins six reprises au cours de l'année 2020 : les 13 janvier, 27 janvier, 3 février, 16 mars, 6 juillet et 17 août. Le Service fédéral d’exécution des peines a en outre déclaré avoir tenu compte du fait que depuis le 22 août, Alexeï Navalny était soigné dans l'hôpital de la Charité à Berlin ; or, d'après cet organe russe, l'opposant n'a pas répondu à une notification qui lui avait été envoyée après sa sortie de l'hôpital.

Fin août, Alexeï Navalny avait en effet été transféré dans le coma en Allemagne après avoir été victime d'un malaise en Russie. Il accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.

Récemment, Navalny a accusé les autorités du centre pénitentiaire dans lequel il est détenu de limiter son accès aux soins médicaux, ce que ces dernières démentent formellement.

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