Coup d'Etat en Bolivie : six mois de détention préventive requis contre Jeanine Anez
- Avec AFP
A la suite d'une plainte pour «sédition», «terrorisme» et «conspiration», l'enquête sur le coup d'Etat de 2019 en Bolivie contre Evo Morales avance. Le parquet a requis ce 14 mars une peine de six mois de détention préventive contre Jeanine Anez.
Le parquet bolivien a requis ce 14 mars six mois de détention préventive contre l'ancienne présidente par intérim autoproclamée Jeanine Anez et deux de ses ministres, arrêtés la veille dans le cadre de l'enquête sur le coup d'Etat contre l'ancien président socialiste Evo Morales en 2019, selon un acte d'accusation auquel l'AFP a eu accès.
Trois procureurs ont signé cet acte d'accusation, demandant l'application «de mesures de précaution consistant en une détention préventive [...] d'une durée de six mois», selon ce document. Jeanine Anez est détenue dans une caserne de police de La Paz depuis le 13 mars. La télévision bolivienne a montré des images de l'ancienne dirigeante à son arrivée à l'aéroport de El Alto à La Paz, en présence du ministre de l'Intérieur et de plusieurs policiers. Elle a aussitôt qualifié sa détention d'«illégale» devant la presse.
Sur les réseaux sociaux, cette conservatrice, qui a pris la tête de la Bolivie de novembre 2019 à novembre 2020, a dénoncé un «acte abusif et de persécution politique». Deux anciens membres de son gouvernement ont également été arrêtés, les anciens ministres de l'Energie et de la Justice, Rodrigo Guzman et Alvaro Coimbra.
L'enquête du parquet fait suite à une plainte déposée en décembre par Lidia Patty, une ancienne députée du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti d'Evo Morales. Elle accuse Jeanine Añez et d'anciens ministres, responsables militaires et policiers d'avoir renversé Evo Morales en novembre 2019 et a déposé plainte pour «sédition», «terrorisme» et «conspiration».
«Pour la justice et la vérité pour les 36 victimes, les plus de 800 blessés et plus de 1 500 détenus illégalement lors du coup d'Etat. Que l'on enquête et punisse les auteurs et complices de la dictature qui a pillé l'économie et attaqué la vie et la démocratie en Bolivie», a écrit pour sa part Evo Morales sur son compte Twitter.
Por justicia y verdad para las 36 víctimas fatales, los más de 800 heridos y más de 1.500 detenidos ilegalmente en el golpe de Estado. Que se investigue y sancione a los autores y cómplices de la dictadura que saqueó la economía y atentó contra la vida y la democracia en Bolivia.
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) March 13, 2021
«Après plus d'un an de coup d'Etat civique, policier et militaire, ils n'ont pas pu démontrer qu'il y avait eu fraude électorale avec un rapport de l'OEA largement contesté. La meilleure preuve est le résultat de l'élection de 2020 : le MAS-IPSP a obtenu 55% des voix du peuple», a ajouté l'ex-dirigeant indigène dans un autre tweet.
Alors qu'il avait remporté l'élection présidentielle de novembre 2019 au premier tour, Evo Morales avait été forcé à démissionner après que l'armée et la police, poussées par une opposition violente criant à la fraude électorale, se sont retournées contre lui. Durant l'année de transition sous la présidence de Jeanine Añez, des observateurs et des études avaient fini par démontrer que la thèse de la fraude n'était pas étayée. Human Right Watch avait en outre dénoncé la persécution politico-judiciaire visant Evo Morales et ses partisans par le gouvernement autoproclamé.
Evo Morales est revenu en Bolivie, accueilli de manière triomphale, après la victoire de son dauphin Luis Arce à l'élection présidentielle d'octobre 2020.