«Du bon côté de l'Histoire» : la procession triomphale d'Evo Morales de retour en Bolivie
Le retour d'Evo Morales en Bolivie prend la forme d'une procession. Arrivé à pied depuis l'Argentine, où il s'était exilé, l'ancien président sillonne le pays en direction de la capitale, accueilli à chaque étape par des foules très nombreuses.
C'est à pied, depuis la frontière argentine – pays dans lequel il avait trouvé refuge – que l'ancien-président Evo Morales est rentré en Bolivie le 9 novembre. Depuis ce jour, les retrouvailles avec ses partisans se multiplient lors de rassemblements réunissant des dizaines de milliers de personnes à chaque étape de son chemin, chargé de symboles, vers la capitale, La Paz.
«Nous sommes revenus par millions !» a écrit le leader indigène sur son compte Twitter, postant des images d'une foule dense réunie sur une piste d'atterrissage de l'aéroport de Chimoré (centre du pays), honorant par ces mots la promesse qu'il avait faite à ses partisans il y a un an, dans ce même aéroport, quand il avait dû fuir le pays, contraint à la démission. «Nous reviendrons par millions», avait-il alors assuré.
¡Volvimos millones!
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) November 11, 2020
Desde los cuatro puntos cardinales de #Bolivia llegaron hasta Chimoré para formar un solo pueblo de más de un millón de corazones, en uno de los encuentros más impresionantes de los últimos años. Gracias, hermanas y hermanos. pic.twitter.com/PlwkCh0Ul1
«Peu importe combien de fois ils nous attaquent, nous sommes du bon côté de l'Histoire»
A l'occasion de ce retour qui s'est tenu un an jour pour jour après le départ du président, le journaliste bolivien Ollie Vargas a posté une vidéo datant du 11 novembre 2019 dans laquelle on voit Evo Morales et son vice-président Alvaro Garcia Linera, visiblement très émus, entourés de partisans en larmes, vivre leurs «derniers instants à l'aéroport de Chimoré», avant l'exil qui a suivi le coup d'état électoral faisant suite au scrutin présidentiel du 20 octobre 2019.
On this day, last year, Evo Morales was forced out of Bolivia after the US-backed coup. These were his last moments leaving Chimoré airport.
— Ollie Vargas (@OVargas52) November 11, 2020
Right now he's on his way to Chimoré for a huge welcome home rally. pic.twitter.com/MW5E29gcs7
Vainqueur au premier tour de cette élection, Evo Morales s'était vu contester sa victoire par ses opposants, soutenus par l'Organisation des Etats Américains (OEA), proche de Washington. Après de violentes manifestations et le retournement de la police et de l'armée contre lui, le président déchu avait alors trouvé refuge au Mexique, puis en Argentine.
Au nom des victimes des massacres, des persécutés et des exilés, au nom de tous ceux qui ont souffert, merci beaucoup, sœurs et frères, de ne pas nous avoir abandonnés
«Au nom des victimes des massacres, des persécutés et des exilés, au nom de tous ceux qui ont souffert, merci beaucoup, sœurs et frères, de ne pas nous avoir abandonnés», a déclaré Evo Morales à la foule de ses partisans.
Un año atrás salimos del aeropuerto de Chimoré y dijimos que volveríamos millones. Aquí estamos, millones hoy.
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) November 11, 2020
A nombre de las víctimas de las masacres, de los perseguidos y exiliados, a nombre de todos los que sufrieron, muchas gracias, hermanas y hermanos, por no abandonarnos. pic.twitter.com/352SDt1X0p
Rendant hommage à celui qui a été son vice-président durant 14 ans, Evo Morales a écrit sur son compte Twitter : «Avec mon frère Alvaro, nous avons ramené à la Pachamama [Terre-mère] la terre qu'il avait ramassée à Chimoré, il y a un an, quand nous sommes partis. Cela nous a donné de la force parce que, comme il le dit, nous sommes la terre, nous sommes des racines, nous sommes la mémoire et peu importe combien de fois ils nous attaquent, nous sommes du bon côté de l'Histoire.»
Con mi hermano Álvaro devolvemos a la Pachamama la tierra que recogió en Chimoré, un año atrás, cuando partíamos.
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) November 12, 2020
Nos dio fuerzas ya que, como bien dice, somos tierra, somos raíces, somos memoria y no importa cuantas veces nos ataquen estamos en el lado correcto de la historia. pic.twitter.com/LT5KWYcCCt
Dès la matinée du 11 novembre, la route qui mène à Chimoré, entre Cochabamba et Santa Cruz était saturée de véhicules et beaucoup de gens ont dû marcher plus de 10 kilomètres pour rejoindre le lieu du rassemblement, rapporte Telesur qui estimait à 50 000 le nombre de personnes qui sont arrivées à Chimoré par l'aéroport depuis tout le pays.
Evo Morales est arrivé dans cette région centrale du pays après un voyage de 1 200 kilomètres dans une procession qui a commencé dans la ville de Villazon, frontalière avec l'Argentine, le 9 novembre, où il avait été raccompagné, à pied, par son protecteur le président argentin Alberto Fernandez.
Gracias hermano presidente @alferdez, gracias hermanos argentinos. pic.twitter.com/I3Qt2Yjo4f
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) November 9, 2020
L'ancien président bolivien, au pouvoir dans son pays de 2006 à 2019 a ensuite traversé les villes des départements de Potosi et d'Oruro. A chaque étape, il a été accueilli par une foule de partisans enthousiastes.
Estoy muy conmovido de ver a mis hermanas y hermanos que han llegado de todos los rincones de #Bolivia para recibirnos. ¡Gracias pueblo boliviano por tanta muestra de lealtad y cariño! pic.twitter.com/xncDrP3nV8
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) November 9, 2020
Après une année de transition sous la présidence par intérim de la conservatrice Jeanine Añez, Luis Arce, ancien ministre de l'Economie d'Evo Morales, a été élu président de la Bolivie le 18 octobre 2020 au premier tour. Dans une interview accordée récemment au quotidien mexicain La Jornada, Luis Arce a estimé que son pays avait connu «un coup d'Etat sanglant, qui a établi un régime qui n'était pas la démocratie». Selon lui, «il faudra jusqu'à deux ans et demi à son nouveau gouvernement pour se remettre du désastre financier laissé par le régime de facto».
On ne sait pour l'heure si Evo Morales compte occuper des fonctions politiques dans ce nouveau gouvernement.
Meriem Laribi