Plus de 6 500 ouvriers seraient morts au Qatar sur les chantiers de la Coupe du monde de football

Plus de 6 500 ouvriers seraient morts au Qatar sur les chantiers de la Coupe du monde de football© Kai Pfaffenbach Source: Reuters
Des ouvriers œuvrant sur le stade Lusail Iconic le 20 décembre 2019 au Qatar (image d'illustration).
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Au Qatar, plus de 6 500 travailleurs migrants seraient morts sur les chantiers de la prochaine Coupe du monde de football qui aura lieu en 2022. Le pays s'était déjà fait épingler pour ne pas avoir payé tous les salaires de ses travailleurs.

D’après une enquête menée par le journal britannique The Guardian, plus de 6 500 travailleurs migrants seraient morts au Qatar en travaillant sur les chantiers de constructions dédiés à la prochaine Coupe du monde de football, qui aura lieu en 2022. En moyenne, douze travailleurs migrants seraient morts par semaine depuis le début de ces travaux qui ont commencé en décembre 2010. Pour la plupart, ces travailleurs seraient originaires de l’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka. 

Pour étayer ses chiffres, le journal britannique s’appuie sur de longues feuilles de calcul qu'il explique avoir obtenues auprès des ambassades des pays concernés. Des statistiques venues d’Inde, de Bangladesh, du Népal et du Sri Lanka révéleraient qu’il y aurait eu 5 927 morts de travailleurs entre 2011 et 2020. D’autres statistiques venues de l’ambassade du Pakistan au Qatar montreraient qu’il y aurait eu 824 morts de travailleurs pakistanais entre 2010 et 2020.

Les causes de décès seraient multiples : blessures dues à une chute en hauteur, asphyxie due à une pendaison, cause indéterminée de décès, etc. Parmi toutes ces causes, la plus courante serait de loin attribuée à un «décès naturel» qui indiquerait souvent une insuffisance cardiaque ou une insuffisance respiratoire aiguë. Le quotidien britannique précise que de nombreux morts ne seraient pas pris en compte dans ses calculs puisque ces chiffres n’intègreraient pas les travailleurs venus d’autres pays comme les Philippines ou le Kenya. 

Interrogé au sujet des décès survenus sur ces projets de construction, le comité organisateur de la Coupe du monde au Qatar a déclaré : «Nous regrettons profondément toutes ces tragédies et nous avons enquêté sur chaque incident afin de tirer toutes les leçons qui s'imposent. Nous avons toujours maintenu la transparence sur cette question et nous contestons les affirmations inexactes concernant le nombre de travailleurs qui sont morts sur nos projets».

De son côté, un porte-parole de la Fifa (Fédération internationale de football association), l'instance dirigeante du football mondial, aurait expliqué qu'elle s'engageait pleinement à protéger les droits des travailleurs sur tous ses projets. «Avec les mesures très strictes de santé et de sécurité sur les sites [...] la fréquence des accidents sur les chantiers de la Coupe du monde de la Fifa a été faible par rapport à d'autres grands projets de construction dans le monde», aurait-il assuré.

Le Qatar épinglé en 2020 pour ne pas avoir payé tous ses travailleurs migrants

En 2010, après avoir remporté l’organisation de la Coupe du monde 2022 sur son territoire – attribution que certains soupçonnent d'être entachée de corruption –, le Qatar a entrepris un gigantesque programme de construction afin de pouvoir accueillir les sportifs et visiteurs venus du monde entier. En plus de construire sept nouveaux stades dans le pays, l’Etat qatari mise sur une rénovation complète de ses infrastructures actuelles (hôtels, restaurants, routes), la construction d’un nouvel aéroport et celle d’un tout nouveau métro avec quatre lignes et pas moins de 37 stations, le tout sous terre au centre de Doha. S’agissant des stades, et afin de lutter contre les températures extrêmes de la région (40, parfois 45 degrés) qui pourraient poser problème aux sportifs comme aux spectateurs, le Qatar développe un système de climatisation unique pour garantir une température adéquate durant les matchs.

«Bien que les registres de décès ne soient pas classés par profession ou lieu de travail, il est probable que de nombreux travailleurs décédés étaient employés dans le cadre de ces projets d'infrastructure de la Coupe du monde», a souligné Nick McGeehan, directeur de FairSquare Projects, un groupe de défense des droits des travailleurs dans le Golfe, toujours après du quotidien d'outre-Manche. «Une grande proportion de travailleurs migrants qui sont morts depuis 2011 étaient dans le pays uniquement parce que le Qatar avait remporté le droit d’être le pays hôte de la coupe du monde», a-t-il précisé.

Depuis le début des chantiers, plusieurs ONG s’alarment des conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers sur les chantiers au Qatar. En juin 2020, Amnesty International avait vivement critiqué le Qatar en raison du non-paiement de tous les salaires des personnes travaillants sur les chantiers. Comme le rappelait RMC Sport, et malgré une première alerte lancée à l’été 2019, l’ONG assurait que près d’une centaine de migrants n'auraient toujours pas été payés. «Cette affaire est la dernière illustration accablante de la facilité avec laquelle il est encore possible d’exploiter les travailleurs au Qatar, même lorsqu'ils construisent l’un des joyaux de la couronne pour la coupe du monde», avait déclaré Steve Cockburn, responsable de l'ONG en charge des questions économiques, toujours cité par The Guardian.

La 22e édition de la coupe se déroulera au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022. Selon les autorités qataries, seulement 37 migrants seraient morts sur les chantiers de construction des nouvelles infrastructures. Parmi ces décès, 34 ne seraient pas considérés comme des accidents de travail donc, toujours d’après les autorités, seulement trois travailleurs immigrés auraient perdu la vie dans le cadre de la préparation de cette Coupe du monde de football.

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