Birmanie : l'UE et les Etats-Unis adoptent des sanctions, l'armée veut relancer l'économie
Selon le leader militaire Min Aung Hlaing, la Birmanie «doit consacrer son énergie à la relance de l'économie en berne du pays». Le 22 février, l'UE et les Etats-Unis ont adopté des sanctions contre des leaders de la junte.
La pression s'accentue sur la junte militaire responsable du coup d'Etat du 1er février 2021 en Birmanie. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont adopté le 22 février de nouvelles sanctions, alors que des manifestations parmi les plus massives depuis le putsch se sont déroulées le jour même dans le pays.
Les autorités birmanes ont intensifié depuis trois semaines le recours à la force contre les manifestants. Trois d'entre eux ont été tués depuis le coup d'Etat, et un homme a été abattu à Rangoun alors qu'il patrouillait pour éviter des arrestations massives dans son quartier. Depuis le putsch, plus de 680 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées, selon une ONG d'assistance aux prisonniers politiques citée par l'AFP. Presque toutes sont encore emprisonnées.
Selon l'armée, ce coup d'Etat est consécutif à des fraudes de la part de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d'Aung San Suu Kyi, lors des élections législatives du 8 novembre 2020. La commission électorale a cependant rejeté ces plaintes pour fraude.
Dans la nuit du 22 au 23 février 2021, les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre deux leaders de la junte militaire qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi : le général Maung Maung Kyaw, à la tête de l'armée de l'air, et le lieutenant-général Moe Myint Tun. Des mesures similaires avait déjà été annoncées par Washington visant plusieurs leaders de l'armée au pouvoir, dont le chef, le général Min Aung Hlaing.
L'Union européenne et les Etats-Unis annoncent des sanctions
«Nous n'hésiterons pas à prendre de nouvelles mesures contre ceux qui commettent des actes de violence et répriment la volonté du peuple. Nous ne faiblirons pas dans notre soutien au peuple birman», a prévenu le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Le chef de la diplomatie des Etats-Unis a demandé à «l'armée et à la police de cesser toute attaque contre les manifestants pacifiques, de libérer immédiatement toutes les personnes injustement détenues, de mettre fin aux attaques et aux intimidations contre les journalistes et les militants, et de rétablir le gouvernement démocratiquement élu».
Quelques heures avant l'annonce américaine, l'Union européenne avait déjà décidé de prendre des sanctions contre les intérêts économiques et financiers des militaires responsables du coup d'Etat. «Toute aide financière directe [...] aux programmes de réforme du gouvernement est suspendue», a fait savoir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui a cependant précisé que l'UE ne voulait pas réduire ses relations commerciales avec la Birmanie, pour ne pas pénaliser la population. Il a cosigné un communiqué avec les ministres des Affaires étrangères du G7, pour condamner «fermement les violences commises par les forces de sécurité birmanes contre les manifestations pacifiques».
Ces sanctions interviennent notamment après que l'armée birmane a accentué la répression des mouvements de contestation, au moyen de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène, de canons à eau et de tirs à balles réelles contre des manifestants. Dans les rues de Rangoun, la capitale économique, d'importants moyens militaires ont été déployés. Des barricades ont par exemple été installées autour des carrefours et des artères menant vers les ambassades pour empêcher les manifestants de se rassembler.
De son côté, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing a appelé à des efforts pour relancer une économie en difficulté, ont rapporté le 23 février les médias d'État. Cet appel est intervenu après qu'une grève générale a touché les entreprises le 22 février. Les opposants au coup d'Etat se sont de nouveau réunis le 23 février, bien qu'en nombre beaucoup plus restreint. Il y a également eu de petites marches en faveur des militaires, ont rapporté les médias. Aucun cas de violence n'a été signalé.
Le chef militaire, le général Min Aung Hlaing, lors d'une réunion avec son conseil de direction le 22 février, a appelé à la réduction des dépenses de l'Etat et des importations et à l'augmentation des exportations. «Le conseil doit consacrer son énergie à la relance de l'économie en berne du pays. Des mesures de remède économique doivent être prises», a expliqué un communiqué transmis par les médias publiques, et relayé par Reuters.