La France demande la fin des «provocations» de la Turquie au Haut-Karabagh

La France demande la fin des «provocations» de la Turquie au Haut-Karabagh© Tofik BABAYEV / AFP Source: AFP
Célébrations à Bakou le 10 novembre 2020
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Après la signature d'un accord de cessez-le-feu dans le Haut-Karabagh, la France a appelé la Turquie à la «retenue». Ces dernières semaines, Paris a notamment accusé Ankara d'être impliqué dans le transfert de mercenaires depuis la Syrie.

Dans la foulée de la signature d'un accord de cessez-le-feu total au Haut-Karabagh par l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Russie, la France a prôné le 10 novembre un «règlement politique durable» qui «préserve les intérêts de l'Arménie», selon un communiqué de l'Elysée. Et, dans ce contexte, la France a appelé la Turquie à «mettre fin à ses provocations».

«Dans ce moment difficile, la France se tient au côté de l'Arménie», a ajouté selon l'AFP la présidence française, qui dit vouloir analyser les paramètres de l'accord de cessez-le-feu et renouvelle son «amitié historique» à Erevan.

Le palais de l'Elysée s'est néanmoins félicité de la cessation des hostilités, estimant que la priorité allait à l'arrêt durable des combats et au respect du cessez-le-feu. Emmanuel Macron, qui s'est impliqué dans le conflit pour tenter d'obtenir des cessez-le-feu dans le cadre du groupe de Minsk (France, Russie et Etats-Unis), devrait poursuivre activement ses consultations avec la Russie et s'entretenir avec les dirigeants arménien et azerbaïdjanais.

Tensions entre Paris et Ankara autour du Haut-Karabagh

«[La France] demande fermement à la Turquie de mettre fin à ses provocations au sujet du Haut-Karabagh, de faire preuve de retenue et de ne rien faire qui compromette la possibilité qu’un accord durable soit négocié entre les parties et dans le cadre du groupe de Minsk», ajoute le communiqué de la présidence.

Des propos qui font écho à l'application du cessez-le-feu convenu entre l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Turquie et la Russie. Selon les bases de l'accord, la Turquie contrôlera avec la Russie l'application du cessez-le-feu dans le Haut-Karabagh depuis un centre conjoint d'observation, comme l'a affirmé, le 10 novembre, la présidence turque à l'issue d'un entretien téléphonique entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, selon l'AFP. Ce centre d'observation russo-turc «sera basé sur le territoire azerbaïdjanais» et «n'a rien à voir» avec les forces de maintien de la paix déployées par la Russie au Haut-Karabagh, selon des déclarations télévisées de la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Depuis la reprise des hostilités dans le Haut-Karabagh fin septembre, Emmanuel Macron a adressé plusieurs reproches à la Turquie. Le 30 septembre, le chef d'Etat français s'était dit «préoccupé» par des déclarations «guerrières» d'Ankara concernant cette région disputée. En cause : la Turquie s'était dite déterminée à aider l'Azerbaïdjan à «recouvrer ses terres occupées et à défendre ses droits et intérêts selon le droit international» – le Haut-Karabagh étant considéré comme partie intégrante de l'Azerbaïdjan par les Nations unies. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait répliqué aux critiques françaises en ces termes : «La solidarité exprimée par Macron envers l'Arménie, alors qu'il ne se préoccupe pas des territoires de l'Azerbaïdjan, signifie qu'il soutient l'occupation.»

Par la suite, Emmanuel Macron avait accusé la Turquie d'être impliquée dans le déploiement supposé de mercenaires venus de Syrie dans le Haut-Karabagh pour combattre aux côtés des forces azéries. «Nous disposons d'informations aujourd'hui, de manière certaine, qui indiquent que des combattants syriens ont quitté le théâtre d'opération, des combattants de groupes djihadistes, en transitant par Gaziantep [en Turquie] pour rejoindre ce théâtre d'opérations du Haut-Karabagh», avait ainsi déclaré Emmanuel Macron le 1er octobre. Accusée également par l'Arménie d'avoir recruté des mercenaires au Moyen-Orient pour les envoyer sur le lieu du conflit, la Turquie a toujours démenti.

La Turquie salue les «gains significatifs» réalisés par l'Azerbaïdjan

A la suite de la signature du nouvel accord de cessation des hostilités, la Turquie a salué les «gains significatifs» réalisés par l'Azerbaïdjan, selon TRT. «Notre cher Azerbaïdjan a réalisé des gains significatifs sur le terrain et à la table [des négociations]. Je félicite de tout cœur ce succès béni», a tweeté le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

«Nous continuerons d'être une nation de tout cœur avec nos chers frères azéris», a déclaré le ministère turc de la Défense dans un communiqué sur Twitter. «La douleur ressentie il y a 30 ans, touche à sa fin aujourd'hui», s'est-il réjoui avant de poursuivre : «Nos frères héroïques ont montré leur force sur le champ de bataille et ont remporté une victoire en combattant avec courage. Les mauvais jours sont passés. Aujourd'hui, c'est le jour de la victoire.»

Depuis fin septembre, les affrontements les plus sanglants depuis près de 30 ans opposaient des forces pro-arméniennes à l'armée azérie, dans des combats qui ont tourné à l'avantage de Bakou, soutenu par la Turquie. Le président azéri Ilham Aliyev a assuré que sa «main de fer» était à l'origine de la signature de l'accord, contre la volonté d'Erevan. «J'avais dit qu'on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait», a-t-il même lancé. L'accord de cessez-le-feu prévoit que les belligérants gardent les positions qu'ils occupent et, selon l'AFP,  l'Azerbaïdjan regagne ainsi le contrôle de districts autour du Haut-Karabagh mais aussi des territoires au sein de cette enclave.

Dans une allocution diffusée en direct sur Facebook, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a de son côté déclaré, à propos de la signature de l'accord de cessation des hostilités, avoir pris «une décision très difficile pour [lui-même] et pour tous [les Arméniens]». Le chef du gouvernement a rapporté avoir agi de la sorte en se basant sur une recommandation des forces armées du pays.

Le président arménien Armen Sarkissian a lui annoncé le lancement de consultations politiques pour discuter de la situation après la mise en œuvre de l'accord, toujours selon l'agence russe.

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