Caricatures de Mahomet : les manifestations antifrançaises se poursuivent dans le monde musulman

Caricatures de Mahomet : les manifestations antifrançaises se poursuivent dans le monde musulman© Mohammad Ponir Hossain Source: Reuters
Manifestation après la prière du vendredi appelant au boycott des produits français et dénonçant le président français Emmanuel Macron pour ses commentaires sur les caricatures du prophète Mahomet, à Dacca, Bangladesh, le 30 octobre 2020.
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La colère reste vive contre la France et son président, qui a soutenu la liberté d'expression concernant les caricatures du prophète Mahomet. Ce 30 octobre, des manifestations antifrançaises se sont tenues dans plusieurs pays musulmans.

Liban, Bangladesh, Pakistan, Afghanistan, Inde, Libye, Palestine... Des manifestations antifrançaises, parfois accompagnées de heurts, ont eu lieu ce 30 octobre à travers le monde musulman avec des scènes particulièrement hostiles au président français. En cause : la défense par Emmanuel Macron des valeurs laïques et du droit au blasphème, après l'assassinat le 16 octobre de l'enseignant Samuel Paty qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet. Ces mobilisations coïncident avec la fête du Mawlid Nabawwi, le noël musulman qui célèbre, ce week-end, la naissance du Prophète.

Heurts devant l'ambassade de France au Liban

Au Liban, une manifestation a été organisée par le petit parti islamiste Hezb el-Tahrir devant l'ambassade de France à Beyrouth. «Des bus remplis de militants islamistes se dirigent du nord du Liban en direction de Beyrouth pour manifester devant l'ambassade de France. La manifestation serait organisée par Hezb el-Tahrir, un parti islamiste interdit dans de nombreux pays (Allemagne, Russie, Egypte, etc.)», rapporte ce 30 octobre le journaliste libanais Claude El Khal sur son compte Twitter.

Nous sommes tous les soldats du prophète Mahomet

Des images de l'agence Ruptly montrent des manifestants scandant «Allahou akbar» et s'en prenant aux forces de l'ordre, qui tentaient de protéger l'ambassade de France des jets de pierre.

«Un musulman peut sacrifier sa tête et peut aussi couper la tête du blasphémateur»

Des milliers de personnes ont également manifesté contre la France au Bangladesh, certaines brûlant des effigies d'Emmanuel Macron pour dénoncer son soutien à la liberté de caricaturer. Selon la police, 12 000 personnes ont participé à la principale manifestation qui s'est déroulée dans la capitale, Dacca, mais des observateurs indépendants et les organisateurs ont assuré qu'ils étaient bien plus nombreux. «Nous sommes tous les soldats du prophète Mahomet», scandaient à Dacca les manifestants, qui ont commencé à défiler en sortant de la prière hebdomadaire du vendredi à la mosquée Baitul Mukarram, la plus grande du pays.

Caricatures de Mahomet : les manifestations antifrançaises se poursuivent dans le monde musulman© Mohammad Ponir Hossain Source: Reuters
Des manifestants frappant l'effigie représentant le président français lors d'une manifestation appelant au boycott des produits français et dénonçant Emmanuel Macron pour ses commentaires sur les caricatures du prophète Mahomet, à Dacca, Bangladesh, 30 octobre 2020 .

Au Pakistan également, les manifestants ne décolèrent pas. Quelque 2 000 personnes ont manifesté à Islamabad, où la marche s'est terminée dans la violence, des protestataires ayant lancé des pierres contre la police, qui a riposté par des jets de gaz lacrymogènes, a constaté l'AFP.

Décapitez le blasphémateur

Des groupes religieux, des étudiants et des petits commerçants se sont dirigés vers l'ambassade de France en hurlant «expulsez le chien français» ou encore «décapitez le blasphémateur». Les protestataires ont poussé des conteneurs qui avaient été déposés par les autorités pour bloquer les rues menant à l'enclave diplomatique, mais ils ont été empêchés d'atteindre la représentation française par d'autres barricades. Certains ont jeté des pierres contre les forces de l'ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes.

«Comment osent-ils manquer de respect à notre Prophète ? En tant que musulman, je suis prêt à sacrifier ma tête pour l'honneur du Prophète. Un musulman peut sacrifier sa tête et peut aussi couper la tête du blasphémateur», a lancé Rasheed Akbar, un commerçant de 34 ans, cité par l'AFP. Un autre manifestant, Zahid Malik, a appelé à «expulser l'impur ambassadeur français du pays des purs».

Le chef de la diplomatie française appelle les Français résidant à l'étranger à la prudence

Environ 10 000 personnes ont aussi défilé à Karachi (sud), la plus grande ville du Pakistan, après la prière du vendredi. La procession devait initialement marquer l'anniversaire du Prophète, mais elle était chargée d'une forte colère anti-française. A Lahore (est), environ 3 000 personnes ont participé à une manifestation organisée par le parti religieux Tehreek-e-Labbaik, qui a fait de la lutte contre le blasphème son principal cheval de bataille.

Il n'y a de dieu que Dieu, Macron est l'ennemi de Dieu

Des manifestations ont également eu lieu dans l'Afghanistan voisin. Le plus grand rassemblement s'est tenu à Herat, la capitale de l'Ouest, où des milliers de personnes ont crié «Mort à la France ! Mort à Macron !». En Inde, des manifestants musulmans ont également exprimé leur colère dans la ville de Hyderabad, dans le sud du pays. La veille, le 29 octobre, une mobilisation similaire s'est tenue dans la ville de Bhopal, plus au nord.

Au Moyen-Orient, la plus importante manifestation a eu lieu dans la vieille ville de Jérusalem, où des milliers de Palestiniens ont manifesté. «Il n'y a de dieu que Dieu, Macron est l'ennemi de Dieu». L'imam de la mosquée Al-Aqsa, Ekrima Sabri, a dit tenir le président français responsable «pour les actes de violence et le chaos en France en raison de ses déclarations provocantes contre l'islam». Des centaines de Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, où des portraits du président français ont été piétinés et brûlés. En Libye, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes. Dans la capitale, Tripoli, des dizaines de personnes ont brûlé une effigie d'Emmanuel Macron et un drapeau français.  

Le ministre français des Affaires étrangères a appelé ce 30 octobre les ressortissants français vivant à l'étranger à la prudence au lendemain de l'attentat de Nice, estimant que la menace contre les intérêts français était «partout». «Le message d'urgence attentat [plus haut niveau du plan de sécurité Vigipirate] a été envoyé hier soir à l'ensemble de nos ressortissants à l'étranger, quels que soient les lieux, puisque la menace est partout», a déclaré Jean-Yves Le Drian à l'issue d'un Conseil de défense. 

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