Traité New Start : Moscou et Washington vont se rencontrer pour prolonger l'accord d'une année

- Avec AFP

Traité New Start : Moscou et Washington vont se rencontrer pour prolonger l'accord d'une année© Special Report USA-NUCLEAR/MODERNIZE Air Force/Staff Sgt. Roidan Carlson Source: Reuters
Un missile de croisière AGM-86B non armé est libéré d'un B-52H Stratofortress sur l'Utah Test and Training Range lors d'une sortie du programme d'évaluation du système d'armes nucléaires, Utah (Etats-Unis), le 22 septembre 2014 (image d'illustration).
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A la suite d'une une nouvelle proposition russe, et après des mois d'âpres négociations, Moscou et Washington se sont dits prêts à finaliser l'accord pour prolonger d'un an le traité New Start, limitant les quantités d'armes stratégiques nucléaires.

Les Etats-Unis ont salué le 20 octobre la nouvelle proposition de la Russie pour une prolongation d'un an du traité New Start – visant à limiter les quantités d'armes stratégiques nucléaires – qui semble rejoindre la position américaine. Les deux pays se sont dits prêts à une rencontre «immédiate» pour «finaliser un accord», alors que les négociations étaient dans l'impasse depuis plusieurs mois.

«Nous apprécions la volonté de la Fédération de Russie de faire des progrès sur la question du contrôle des armements», a exprimé le département d'Etat américain dans un communiqué. «Les Etats-Unis sont prêts à une rencontre immédiate pour finaliser un accord», a-t-il poursuivi, avant d'ajouter : «Nous espérons que la Russie va charger ses diplomates d'en faire autant.»

Moscou propose de geler son arsenal nucléaire sans autres contreparties

Dans un communiqué publié le 20 octobre, le ministère russe des Affaires étrangères a proposé de «prolonger pour un an» le traité New Start, se disant prêt «conjointement avec les Etats-Unis [...] à "geler" sur cette période le nombre de têtes nucléaires que chacun possède».

Ce gel ne doit s'accompagner «d'aucune autre exigence supplémentaire de la part des Etats-Unis» et permettrait de «gagner du temps» afin de poursuivre les consultations bilatérales sur l'avenir du contrôle des armements nucléaires, d'après la diplomatie russe citée par l'AFP.

Un tel accord repousserait jusqu'à février 2022 la validité de l'accord, alors que les négociations n'ont pas abouti jusqu'ici, et que la présidentielle américaine du 3 novembre pourrait rebattre les cartes, en fonction de qui sera élu : Donald Trump ou Joe Biden

Ce revirement de Moscou pourrait changer la donne alors que les négociations sur le renouvellement de cet important traité de désarmement nucléaire étaient dans l'impasse depuis de nombreux mois, le texte actuel expirant le 4 février 2021.

Des négociations intenses pour un traité crucial

Lors d'une réunion par visioconférence avec les membres permanents du Conseil de sécurité de Russie le 16 octobre, Vladimir Poutine avait exprimé son inquiétude concernant les négociations avec les Etats-Unis sur le traité New Start. Si la diplomatie russe avait formulé «des propositions concrètes pour élaborer une approche globale dans le domaine de la stabilité stratégique», la réponse américaine avait apparemment été déconcertante.

En effet, Washington avait transmis à Moscou ses «propres propositions [...] présentées sous forme [de] conditions préalables pour la prolongation du traité New Start», selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. 

Par voie de conséquence, le chef de l'Etat russe avait alors «proposé […] de prolonger ledit traité sans aucune condition, au moins pour un an, afin d'avoir la possibilité de tenir des négociations de fond sur l'ensemble des aspects couverts par ce type de traités». Une offre qui avait été balayée par les Etats-Unis.

Le 13 octobre 2020, le négociateur américain Marshall Billingslea avait proposé à Moscou de prolonger le traité «pendant un certain temps», à condition que la Russie accepte «de geler» son arsenal nucléaire. Un tel gel avait été jugé «inacceptable» par le négociateur russe, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. «Non pas parce que nous sommes contre le gel», avait justifié celui-ci, estimant qu'une telle mesure, alors même que les Etats-Unis développent leur propre système antimissile, posait des problèmes de «stabilité stratégique».

Un accord pour éviter une course aux armements

Les termes de l'accord, conclu en 2010, prévoient pour chacun des deux pays un déploiement maximal de 700 lanceurs nucléaires stratégiques et de 1 550 têtes nucléaires, ainsi qu'une limite de 800 autres lanceurs (déployés et non déployés). Au 1er mars 2020, les Etats-Unis et la Russie affichaient respectivement les chiffres de 655 et 485 pour la première catégorie, 1 372 et 1 326 pour la deuxième, et enfin 800 et 754 pour la troisième. Moscou et Washington détiennent toujours, à eux deux, plus de 90% des armes nucléaires dans le monde, selon le dernier rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Une disparition de ce dernier grand accord bilatéral régissant une partie des arsenaux des deux adversaires géopolitiques, négocié à l'époque par les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev, laisse craindre la résurgence d'une course aux armements.

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