New Start : Moscou juge «inacceptable» la proposition américaine de gel des arsenaux nucléaires
Dans le cadre de négociations sur la prolongation du traité russo-américain de réduction des armes stratégiques, sur le point d'expirer, Washington avance ses pions. De son côté, Moscou refuse de céder aux conditions posées par la partie américaine.
Moscou a opposé une fin de non-recevoir à la condition posée par Washington à la prolongation du traité de réduction des armes stratégiques New Start, conclu en 2010 entre Russes et Américains.
Ce 13 octobre, le négociateur américain Marshall Billingslea avait ainsi annoncé publiquement lors d'une vidéo-conférence, dont les propos ont été repris par l'AFP : «Nous sommes en fait désireux de prolonger le traité New Start pendant un certain temps, à condition [que les Russes] acceptent en retour de limiter ou de geler leur arsenal nucléaire. Nous voulons faire la même chose.» Interrogé par l'agence de presse Tass sur le sujet, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov a rejeté l'offre d'un revers de la main. «C'est une proposition inacceptable», a-t-il déclaré, refusant cette renégociation des termes du texte. «Non pas parce que nous sommes contre le gel», a-t-il justifié, estimant qu'une telle mesure, alors même que les Etats-Unis développent leur propre système antimissile, posait des problèmes de «stabilité stratégique».
Conclu en 2010 et entré en vigueur en 2011, le traité bilatéral New Start arrive à expiration en février 2021, juste après la fin de l'actuel mandat de Donald Trump, candidat à sa réélection en novembre. S'il ne limite pas le nombre de toutes les ogives stockées et ne concerne pas toutes les armes nucléaires, il maintient en revanche les arsenaux des deux pays bien en-deçà de leur niveau pendant la Guerre froide, limitant à 700 le nombre des lanceurs nucléaires stratégiques et à 1 550 celui des têtes nucléaires. Le traité existant peut être renouvelé, sous réserve d'un accord entre les deux parties, jusqu'en 2026, à moins qu'il ne soit remplacé par un autre traité.
Moscou reste pour sa part ouvert aux négociations après avoir appelé à plusieurs reprises Washington à ne pas retarder la prolongation de ce traité crucial pour le désarmement.
Dans une interview accordée au Financial Times fin juin 2019, le président russe Vladimir Poutine avait par exemple souligné qu'une fois que ce traité aura cessé d'exister, «il n'y aurait plus d'instrument au monde pour restreindre la course aux armements».
Le traité New Start est le dernier accord nucléaire encore en vigueur après que le président américain Donald Trump a renié trois autres accords : celui sur le nucléaire iranien, le traité INF sur les missiles terrestres de moyenne portée, et le traité Ciel ouvert, ou Open Skies, visant à vérifier les mouvements militaires et les mesures de limitation des armements des pays signataires.