«Le président français aurait dû démissionner» : Loukachenko renvoie Macron aux Gilets jaunes
Suite à l'appel du président français au départ de son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko a réagi, faisant remarquer que malgré la vague de contestation massive portée par les Gilets jaunes, Emmanuel Macron était lui aussi toujours en place.
Les propos du président français Emmanuel Macron appelant, dans le Journal du Dimanche du 27 septembre, au départ de son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko du pouvoir ne seront pas passés inaperçus. Le locataire de l’Elysée a reçu le jour même une réponse cinglante de la part de celui qui a été réélu le 9 août avec 80% des suffrages dans un scrutin contesté par sa principale opposante mais aussi par certaines puissances occidentales comme les Etats-Unis ou l’Union européenne.
Minsk propose son aide pour régler le différend Macron-Gilets jaunes
Interrogée par l’agence publique BelTA, la porte-parole d’Alexandre Loukachenko Natalia Aïsmont a dans un premier temps confirmé que le président biélorusse avait bien pris connaissance des déclarations d’Emmanuel Macron, avant de donner sa réponse : «Premièrement, en tant que président du pays, je tiens à dire que si l’on suit les principes énoncés par monsieur Macron dans son appel à ma démission, poursuivant son propre raisonnement, le président français aurait dû démissionner il y a deux ans, lorsque les Gilets jaunes ont commencé à descendre dans les rues de Paris. Les années passent, les Gilets jaunes sont toujours dans les rues, mais étonnamment monsieur Macron est toujours au pouvoir, lui aussi. La France est devenue un pays où les protestations de masse sont devenues monnaie courante.»
En tant qu'homme politique chevronné, je tiens à suggérer à monsieur Macron de se concentrer sur les affaires intérieures de la France plutôt que de regarder autour de lui
Il a par la suite de nouveau proposé de servir de médiateur entre Emmanuel Macron et les Gilets jaunes : «En résumé, en tant que geste de bonne volonté, Minsk est prête à se proposer comme une plateforme de négociation universelle, qui a prouvé son efficacité, afin que [le président français] puisse transférer pacifiquement le pouvoir.»
Par ailleurs, Alexandre Loukachenko s’est fendu d’un conseil à l’adresse de son cadet. «En tant qu'homme politique chevronné, je tiens à suggérer à monsieur Macron de se concentrer sur les affaires intérieures de la France plutôt que de regarder autour de lui, de ne serait-ce que commencer à résoudre les multiples problèmes qui se sont accumulés», a-t-il assuré.
Enfin, le président biélorusse a tenu à «faire remarquer que, comme nous le pensons ici en Biélorussie, Emmanuel Macron accorde trop d'attention à l'un des anciens candidats à la présidentielle biélorusse». Une référence à peine déguisée à Svetlana Tikhanoskaïa, candidate malheureuse de la dernière élection arrivée en deuxième position avec 10,1% des suffrages et qui a depuis quitté le pays pour rejoindre la Lituanie, pays par lequel passera Emmanuel Macron lors de sa tournée balte du 28 au 30 septembre. Il se rendra également en Lettonie.
Svetlana Tikhanovskaïa a déclaré le 24 septembre au Figaro qu'elle «attend[ait] beaucoup» d'Emmanuel Macron et espérait qu'il «s’engage pour aider à sortir de l’impasse». Paris n'a de son côté «pas exclu» une rencontre entre le président français et l'ancienne candidate.
Mais si de nombreux pays en Occident ont contesté les résultats de l'élection présidentielle du 9 août, le président réélu a vu dans le mouvement de contestation la main de certaines forces extérieures et dénoncé une «révolution de couleur». De son côté, le directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a accusé Svetlana Tikhanovskaïa d'être «sous la tutelle» des Etats-Unis. Selon lui, ces derniers auraient organisé les manifestations anti-Loukachenko.