Statut de Sainte-Sophie : Erdogan rejette les critiques internationales
- Avec AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté les critiques concernant sa volonté affichée de reconvertir l'ancienne basilique chrétienne Sainte-Sophie d'Istanbul en mosquée, en dépit de l'inquiétude exprimée en Turquie et à l'étranger.
«Porter des accusations contre notre pays au sujet de Sainte-Sophie revient à attaquer directement notre droit à la souveraineté», a déclaré le président turc. Recep Tayyip Erdogan réagissait à des mises en garde adressées par plusieurs pays quant à un éventuel changement de statut de l'ancienne basilique chrétienne Sainte-Sophie visant à la transformer en mosquée, examiné le 2 juillet par le plus haut tribunal administratif de Turquie. Le Conseil d'Etat turc s'est penché sur une requête en ce sens formulée par plusieurs associations lors d'une brève audience et doit annoncer sa décision sous 15 jours.
Les Etats-Unis considèrent que tout changement de statut de Sainte-Sophie revient à restreindre l'héritage de cet édifice
Le 1er juillet, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait exhorté Ankara à ne pas toucher au statut de musée de Sainte-Sophie. «Nous demandons instamment au Gouvernement turc de continuer à maintenir Sainte-Sophie en tant que musée, comme exemple de son engagement à respecter les diverses traditions religieuses et l'histoire de la Turquie, et à veiller à ce qu'elle reste accessible à tous» a déclaré Mike Pompeo sur Twitter, avant d'ajouter que «Les Etats-Unis considèrent que tout changement de statut de Sainte-Sophie revient à restreindre l'héritage de cet édifice remarquable».
We urge the Government of Turkey to continue to maintain the Hagia Sophia as a museum, as an exemplar of its commitment to respect Turkey’s diverse faith traditions and history, and to ensure it remains accessible to all.
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) July 1, 2020
La Turquie a «accueilli ces déclarations avec stupéfaction», a réagi le 1er juillet le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Hami Aksoy. «Chacun est libre d'exprimer son opinion. En revanche, personne n'a le droit de s'exprimer au sujet de nos droits souverains sur le ton de la mise en garde», a-t-il ajouté.
L'intégrité de ce joyau du patrimoine universel
La France a quant à elle affirmé qu'elle serait attentive «à la préservation de l'intégrité de ce joyau du patrimoine universel» qui doit selon elle «rester ouvert à tous». Le sort de Sainte-Sophie préoccupe aussi tout particulièrement la Grèce voisine, qui surveille de près le devenir du patrimoine byzantin en Turquie.
Erdogan, un nostalgique de l'Empire ottoman
Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, Sainte-Sophie a été transformée en musée en 1935 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de «l'offrir à l'humanité». Recep Tayyip Erdogan, un nostalgique de l'Empire ottoman qui cherche aujourd'hui à rallier l'électorat conservateur sur fond de crise économique due à la pandémie de nouveau coronavirus, s'est plusieurs fois dit favorable à une reconversion en mosquée. L'an dernier, il avait qualifié la transformation de Sainte-Sophie en musée de «très grosse erreur».