Jacques Frantz dresse le portrait d’une France engluée dans le marasme institutionnel après la démission éclair du gouvernement Lecornu. Entre un président tenté par les pleins pouvoirs et une classe politique en décomposition, il décrit un pays en dérive, las de ses élites et désenchanté de la démocratie.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la démission de son gouvernement. Tout d’un coup, la France se retrouve ramenée dans les années cinquante où les gouvernements duraient deux jours. Il faut dire que la nomination du nouveau gouvernement n’avait rien de véritablement « nouveau ». De fait, cela ne donnait pas l’impression d’un respect de la volonté populaire.
La réalité est que les institutions sont à bout de souffle. Ces gouvernants n’arrivent plus à gouverner. Les institutions n’arrivent plus à fonctionner. Le grand corps malade qu’est la France ne répond plus à aucun traitement. Bruno Le Maire (celui qui a mis l’économie russe à genoux) n’aura même pas eu le temps de faire ses valises pour revenir de Suisse où il faisait du gras.
Bien malin celui qui est en mesure de dire à l’heure où j’écris ce qui va se passer dans les prochaines heures. Pour essayer de comprendre, il convient de faire le point sur les informations que l’on a pas.
Entre 20 heures et 09h55 se sont produits des événements encore mal connus du grand public. Même les journalistes ont été pris de cours. À l’Élysée on a pas hésité une seconde à accepter la démission du gouvernement, j’ai envie de dire, du « cabinet », ça fait plus IVe République.
Et si c’était Emmanuel Macron lui-même qui avait sollicité la démission du Premier ministre ? Et si le président avait l’intention d’invoquer l’article 16 de la Constitution qui lui donne les pleins pouvoirs ? Certains disent qu’il en rêve, ce qui n’est pas étonnant pour quelqu’un qui s’est toujours vu en dictateur.
La journée promet d’être riche en rebondissements. En attendant, ceux qui détiennent les leviers du pouvoir sont plus que jamais isolés et déconnectés de la misère de la population.