En Suisse, se soigner devient un luxe national

En Suisse, se soigner devient un luxe national Source: Gettyimages.ru
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Le chroniqueur Jacques Frantz dénonce avec ironie le système suisse d’assurance maladie : obligatoire, privé et de plus en plus coûteux pour la classe moyenne. Il critique la cupidité des assureurs, médecins et pharmaciens, tout en raillant les excuses absurdes avancées pour justifier les hausses annuelles.

Pour les Suisses, l’automne est toujours douloureux. En effet, ce n’est pas sans une certaine angoisse que la population (surtout en Suisse romande) attend de savoir à quelle sauce elle va être mangée par les assureurs. Les Helvètes retiennent leur souffle en attendant l’annonce de l’augmentation des primes d’assurance maladie.

Pour la classe moyenne suisse, l’assurance maladie c’est un vrai budget.

Pour bien comprendre, il faut savoir que l’assurance maladie est privée et obligatoire. C’est-à-dire que chaque citoyen est tenu de s’assurer. Voilà encore une belle idée socialiste. Le citoyen est contraint et ça lui coûte une fortune car non seulement l’affaire est coûteuse, mais encore elle augmente considérablement chaque année. C’est vraiment le modèle socialiste par excellence : c’est cher, c’est inefficace, et c’est toujours la classe moyenne qui paie car pour le résident fortuné, le coût est indolore. Le citoyen sans ressource est, quant à lui, pris en charge. Le citoyen entre deux eaux subit.

Tous les ans, les assureurs et l’État débordent d’imagination pour justifier une augmentation des primes plus importante que l’inflation. Le discours préféré c’est la culpabilisation. Le citoyen n’est décidément pas raisonnable et abuse du médecin. Ces pauvres assureurs sont bien obligés de répercuter les coûts sur les primes. Il est vrai qu’il existe un véritable cercle vicieux car plus les assurés paient cher, plus ils ont envie de consommer. Pourtant, il est injuste et malhonnête de faire peser aux seuls assurés le coût exorbitant de ces prestations. Tous les acteurs de la chaîne se gavent.

Les médecins tout d’abord : le médecin suisse vit très bien. Les pharmaciens ne sont pas à plaindre. Surtout ceux qui facturent un supplément dès lors que vous présentez une ordonnance. Normal. Un pharmacien qui a appris à lire, ça se paie. Mais que dire des laboratoires d’analyse ?

Notons un abus outrancier des examens médicaux de toute sorte : radiographies, échographies, IRM et j’en passe. C’est simple, un médecin en Suisse ne vous touche pas. L’examen clinique n’existe pratiquement plus. Le diagnostic ne se base le plus souvent que sur des analyses postérieures. Et puis bien sûr, largement au-dessus du panier, il y a les prestataires d’assurances pour lesquels il faudrait inventer un nouveau mot qui associerait l’action de « se gaver » et de « bâfrer ». Les réserves de trésorerie accumulées pulvérisent le maximum légal sans que l’exécutif ne trouve à redire.

Alors bien sûr chaque année ça grogne mais, c’est bien connu, les chiens qui aboient ne mordent pas. Pour l’heure, la population suisse se contente de pleurnicher ou, pour les plus courageux, de vociférer. Il y a bien eu des initiatives pour créer une caisse maladie publique au niveau fédéral et des caisses cantonales, mais tout ça a lamentablement échoué. Deux explications possibles : les exemples de dérapages et de déficits des caisses maladies européennes ne manquent pas. En outre – et c’est certainement l’élément le plus pervers du présent exposé – il existe une disparité importante des primes d’assurance. Ainsi, la Suisse alémanique fait office de privilégié par rapport à la Suisse romande, particulièrement à Genève où les primes sont très élevées au motif que les résidents genevois sont très dépensiers.

Du coup, les Alémaniques, qui pèsent davantage dans le corps électoral, ont tout intérêt à conserver le système en l’état parce que, bien entendu, on rappelle que le système est privé, donc totalement exempt du moindre devoir de solidarité.

On l’aura compris, tout est verrouillé, mais cette année, pour calmer le bruit de ceux qui ont l’outrecuidance de ne pas se laisser saigner en silence, les médias voyous ont sorti quelque chose de fantastique : figurez-vous que le coupable de l’augmentation des primes cette année est… « and the winner is »… Donald Trump. Vous m’avez bien entendu. À cause des droits de douane imposé par Donald Trump, les médicaments sont plus chers, ce qui justifie une augmentation des primes pouvant aller jusqu’à 10 %. Fallait y penser, et surtout il fallait oser. Pour paraphraser Michel Audiard, il n’y a pas que les cons qui osent tout. Il y a d’autres catégories de population mais je m’en tiendrai là.

Je suis très étonné qu’ils n’aient pas encore incriminé Poutine. Comment diantre n’y ont-ils pas encore pensé ? Peut-être le gardent-il pour l’année prochaine.

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