Face à la «menace dronesque russe», l’OTAN veut construire un «mur». Les habitudes sont difficiles à faire passer. Pour Karine Bechet, l’hystérie, qui ne cesse d’augmenter au sein des pays de l’OTAN, est surtout un signe de peur et de faiblesse de leur part.
Des drones « russes » auraient été vus dans plusieurs pays européens ces dernières semaines. La Pologne, l’Allemagne, le Danemark... Pourquoi russes ? Comment, vous ne savez pas que les drones russes chantent Katioucha, quand ils arrivent dans l’espace globaliste ?
Les plateaux télés occidentaux sont envahis d’experts discutant, on ne peut plus sérieusement, de la « menace russe », car le bon peuple du Global Village doit savoir d’où vient le danger. Il doit regarder dans la bonne direction, vers les plaines sibériennes et les églises orthodoxes. Il doit trembler de frayeur, dès qu’il entend Tchaïkovski, va bientôt devoir jeter au feu Dostoïevski.
Il doit perdre la capacité d’analyser, pour se limiter à la réaction instinctive. S’il a été possible de faire baver un chien devant une gamelle vide au son d’une clochette, les nouveaux expérimentateurs veulent faire trembler de peur, puis de rage, les populations zombifiées au son du simple mot « Russie ».
Ce conditionnement des esprits a toujours accompagné les conflits, l’ennemi doit être déshumanisé, il doit incarner le mal total. Ce qui doit justifier la guerre totale. Et c’est bien la ligne, que nos « chers pacifistes » otaniens ont choisie.
Après avoir accusé la Russie de violer l’espace aérien globaliste avec des avions de chasse fantômes, les drones ne cessent de faire des incursions dans l’espace politique-médiatique d’un Monde global bien poreux.
Une inquiétude bien réelle...
Toutefois, derrière ce discours accusatoire, l’on sent pointer une inquiétude, qui elle n’est pas feinte, qui n’est pas même voulue. Mais qui suinte par tous les pores de ces Don Quichottes va-t-en-guerre.
Que faire ? C’est bien là l’impasse.
Les « experts » de plateau soulignent l’inefficacité de lancer des avions de chasse et des hélicoptères pour lutter contre les drones, l’Allemagne s’inquiète de ne pas avoir de « drones de défense », l’Union européenne discute d’un « mur anti-drones » de plus de 3 000 kilomètres. Les élites globalistes se penchent sur leur vide et ont le vertige.
Ni volonté politique, ni moyens techniques, ni financement, ni industrie, ni soutien populaire. Elles se sentent un peu seules... et désarmées, dans une guerre qu’elles ont pourtant lancée et voulue. Une guerre, dont elles ne peuvent sortir que victorieuse, au risque de disparaître.
Les médias disent tourner le regard vers l’Ukraine ... pour trouver une solution. Ils oublient, ou feignent d’oublier, que « l’Ukraine », ce sont ces mêmes élites globalistes, qui n’ont pas de solution.
Le vertige est alors de plus en plus prenant.
Comme le déclare la ministre de l’Intérieur en Allemagne, il faut une enquête. Car finalement, les accusations restent comme à l’habitude dans le cadre du highly likely. Quant au ministre-président Daniel Günther, il estime que « les drones qui sont apparus dans le ciel de plusieurs États membres ces dernières semaines et ces derniers mois, comme ici dans le Schleswig-Holstein, visent principalement à nourrir de l’inquiétude et causer de l’instabilité. (...) Il s’agit de techniques de guerre hybrides, au même titre que la désinformation en ligne, l’espionnage et les tentatives de sabotage ».
... mais pas de solution
Les globalistes ont oublié une règle fondamentale en temps de guerre : vous vous devez de créer un ennemi à votre mesure. Sinon il devient le miroir de votre faiblesse et son image vous écrase. Cette image vous ridiculise.
Or, la « Russie » qu’ils ont créée commence à les dépasser, puisqu’ils mettent en avant une menace, contre laquelle ils ne peuvent pas lutter, contre laquelle ils n’ont pour l’instant pas de solution, de laquelle ils ne peuvent sortir victorieux et glorieux par un simple geste de la main.
L’on voit ainsi apparaître dans les réseaux sociaux des parodies de « drones russes », avec un coq français équipé s’envolant avec des hélisses, un chat dans un transat manipulant un drone, des machines à laver débarquer dans le ciel de Paris, etc.
La guerre hybride, dont parle Ghünter, est une guerre polymorphe, qui est dirigée autant vers l’ennemi (la Russie), que vers soi. Et tel est bien le danger de cet aspect de la guerre, qui s’est renforcé avec la société de l’information, comme le souligne A. Ilnitski, recourant à ce sujet au concept de « guerre mentale » : « La guerre mentale est une guerre visant à changer la vision du monde non seulement de la population ennemie, mais aussi de ses propres pays, alliés et partenaires. Cette guerre a une portée générationnelle. Ses conséquences ne se font pas sentir immédiatement, mais sur plusieurs générations – et c'est là la principale menace ! »
La surcommunication de « la guerre des drones russes » et la surévaluation de la menace russe en Occident s’inscrit dans le long processus, lancé après la Seconde Guerre mondiale, de reconfiguration de la vision du monde dans nos pays, ayant pour but premier de mettre sur pied une menace, qui justifie la domination américaine et la transformation de nos pays souverains en satellites dociles. La chute de l’URSS n’a pas modifié la stratégie, elle a simplement conduit à adapter les moyens de la guerre mentale sur la population et les élites de l’espace post-soviétique.
Tout système a ses limites intrinsèques et celui-ci ne fait pas exception. La « menace des drones russes », dans la durée, échappe à ses créateurs, car la créature les dépasse. Ainsi, la ligne politico-communicationnelle choisie se retourne contre les globalistes eux-mêmes et met en lumière leur faiblesse, puisqu’il s’agit d’une menace qu’ils ne peuvent maîtriser.
Au lieu de discréditer l’ennemi, ils se discréditent eux-mêmes et les effets attendus de cet aspect tactique (à court terme) de la guerre mentale, qui accompagne le conflit, ne permet pas de remplir la fonction, qui est la sienne, elle devient pour eux contre-productive.
Et Karlsson surveille depuis les toits de Suède le mirage de la « menace russe »...
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