Lavrov : «Aucune base étrangère ne doit être tolérée en Afghanistan»

Réunis à Moscou, onze pays ont participé au forum sur l’Afghanistan, marqué par la présence officielle du gouvernement afghan. La Russie y a dénoncé les pressions de Washington sur Kaboul au sujet de la base de Bagram, réaffirmant que toute présence militaire étrangère en Afghanistan restait inacceptable et contraire aux intérêts régionaux.

La Russie a accueilli ce 7 octobre le VIIᵉ Forum de consultations sur l’Afghanistan, rassemblant onze pays de la région, dont la Chine, l’Iran, l’Inde, le Pakistan et les pays d’Asie centrale. Pour la première fois, l’Afghanistan, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Mottaki, y a pris part en tant que membre officiel. Il s’agissait aussi de sa première visite en Russie depuis que Moscou a reconnu officiellement, en juillet 2025, le gouvernement de l’« Émirat islamique d’Afghanistan ».

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a salué les progrès réalisés par Kaboul. Il a affirmé que « des centaines de combattants semant la mort et la destruction ont été éliminés », en référence à la lutte contre la branche afghane de l’État islamique. Il a mis en avant les résultats obtenus dans la lutte antidrogue : « D’après l’ONU, les surfaces de culture ont chuté de 90 % depuis 2022. »

Dans une déclaration conjointe, les pays participants ont souligné leur soutien à « un Afghanistan indépendant, pacifique et uni » et se sont dits prêts à renforcer la coopération économique et humanitaire avec le pays.

Rejet clair des ingérences occidentales

Lavrov a dénoncé les menaces américaines à l’encontre de Kaboul concernant la base aérienne de Bagram. Le président américain Donald Trump avait exigé que la base repasse sous contrôle américain, sous peine de « mauvaises choses ». Kaboul a répliqué fermement. Selon Zamir Kaboulov, représentant spécial du président russe, « le gouvernement afghan ne permettra aucune base étrangère, y compris à Bagram ».

Moscou a qualifié ces pressions de « pures absurdités », refusant catégoriquement toute discussion sur le sujet dans le cadre du forum. Lavrov a précisé que « le déploiement d’une infrastructure militaire de pays tiers sur le territoire afghan ou dans les États voisins est absolument inacceptable ». Selon lui, « la présence armée d’acteurs non régionaux est un facteur de déstabilisation et pourrait provoquer de nouveaux conflits ».

Zamir Kaboulov a également confirmé que « la Russie n’a aucun projet de déploiement militaire en Afghanistan », soulignant que l’objectif est d’encourager la stabilité et le développement du pays, sans y introduire d’éléments extérieurs de tension.

Coopération régionale et aide humanitaire

Le forum a également été l’occasion d’appeler à renforcer les efforts collectifs pour soutenir le peuple afghan. Sergueï Lavrov a insisté sur la nécessité d’un soutien sans condition préalable : « Encore une fois, nous appelons les donateurs externes à ne pas oublier les Afghans, à leur venir en aide sans conditionnalité politique. »

Il a rappelé que « la situation humanitaire en Afghanistan reste difficile ». Selon ses chiffres, « 22 millions de personnes ont besoin d’aide et 21 millions n’ont pas accès à l’eau potable ni aux services médicaux de base ». La Russie s’est engagée à augmenter son aide humanitaire directe à l’Afghanistan.

Amir Khan Mottaki a, de son côté, exprimé sa reconnaissance envers Moscou : « La Russie a donné l’exemple à toute la région. Nous resterons à jamais reconnaissants pour cette reconnaissance officielle. »