«Nous voulons la paix» : Nicolas Maduro demande aux Américains de s'opposer à l'administration Trump
Le président du Venezuela a adressé au peuple américain une longue lettre en anglais dans laquelle il dénonce les desseins supposés de l'administration Trump, sur le point selon lui de lancer un «conflit militaire» dans la région.
«Non à la guerre des Etats-Unis contre le Venezuela» : c'est par ces mots, et un appel à lever les sanctions contre son pays, que le président du Venezuela Nicolas Maduro conclut un courrier de trois pages, écrit en anglais, adressé au peuple américain le 3 avril.
Amidst our relentless struggle against #Covid_19, I’ve sent a letter to the people of the U.S. with a message of solidarity and a call for Peace. No supremacist aggression can break our fraternal ties. pic.twitter.com/5GCPs8JjcG
— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) April 5, 2020
Commençant par exprimer sa «solidarité» avec le peuple des Etats-Unis, durement frappé par le Covid-19, Nicolas Maduro dénonce ensuite le «plus grand déploiement militaire américain dans la région des trente dernières années», destiné selon lui à menacer son pays et à enclencher dans la région un «coûteux, sanglant conflit militaire à durée indéterminée».
Je vous demande de tout cœur de ne pas laisser votre pays être entraîné dans une nouvelle guerre sans fin
«Je vous demande de tout cœur de ne pas laisser votre pays être entraîné dans une nouvelle guerre sans fin, un autre Vietnam, un autre Irak, mais cette fois près de chez vous», a exhorté le chef d'Etat, appelant les Américains à interpeller leurs dirigeants et à les «forcer à concentrer leur attention» sur la «résolution de la pandémie».
«Les peuples des Etats-Unis et du Venezuela ne sont pas si différents que leurs mensonges essaient de nous le faire croire», a en outre plaidé le président de la République bolivarienne.
Evoquant l'épidémie de Covid-19, dont la propagation aux Etats-Unis est hors de contrôle, Nicolas Maduro accuse le président américain de ne pas chercher à «changer le système de santé pour donner la priorité à des soins complets à la population», mais au contraire de favoriser «la médecine privée lucrative, les compagnies d'assurance et l'industrie pharmaceutique». Enfin, Donald Trump a selon lui «minimisé et même nié» la crise, «de la même façon qu'il l'a fait avec le changement climatique».
«Narco-terrorisme»
La tête du dirigeant vénézuélien est désormais mise à prix aux Etats-Unis, où Nicolas Maduro est officiellement inculpé de «narco-terrorisme» depuis le 26 mars. Washington offre désormais 15 millions de dollars pour toute information qui permettrait de l'arrêter.
«En ce moment, nous devons faire tout notre possible pour débarrasser le pays de cette clique corrompue», a déclaré William Barr, le Procureur général des Etats-Unis (équivalent américain du ministre de la Justice).
Quelques jours plus tard, le 1er avril, Washington a lancé une importante opération antidrogue en mer des Caraïbes, destinée à enrayer le trafic venant d'Amérique latine, dont dépendraient, pour se maintenir au pouvoir, des «acteurs corrompus comme le régime illégitime de Maduro», selon les termes du ministre étasunien de la Défense, Mark Esper.
Composé de destroyers, de navires de combat et d'avions de surveillance supplémentaires de l'armée américaine, l'opération est soutenue par 22 Etats, dont «Sainte Lucie, Haïti, le Panama, la Colombie, Costa Rica, le Honduras et le Guatemala, tous situés autour du bassin Caraïbe», rappelait le 3 avril la radio publique française Martinique 1ère.
Dans son courrier, Nicolas Maduro a dénoncé des accusations portées contre lui «sans montrer aucune preuve» et ce «malgré les informations du département [américain] de la Défense lui-même», qui estimerait selon lui que la drogue transite surtout par la «Colombie et le Honduras, deux pays alliés de Washington». Martinique 1ère estime pour sa part que c'est par le Guatemala, allié de Washington dans l'opération antidrogue, que la plupart des stupéfiants passent, le Venezuela étant considéré, d'après les termes de ce média, comme un «petit joueur» du narcotrafic.
Lucas Léger