Le parlement israélien en passe d'être dissous, de nouvelles élections à venir
Sauf revirement, les Israéliens se rendront dans les urnes début mars 2020. Ce sera la troisième élection dans le pays, en pleine impasse politique. Et son issue est incertaine.
Les Israéliens n'en finissent plus de se rendre dans l'isoloir. Ce 11 novembre, les députés ont donné leur accord préliminaire pour la tenue de nouvelles élections législatives le 2 mars prochain, les troisièmes en un an. Elles s'annoncent une nouvelle fois comme un duel entre le Premier ministre Benjamin Netanyahou, désormais inculpé pour corruption, et son rival, l'ancien chef de l'armée, Benny Gantz. En octobre dernier, le Premier ministre israélien avait échoué à former un nouveau gouvernement, tout comme Benny Gantz, un mois plus tard.
En théorie, ces élections ne sont pas actées. Les parlementaires israéliens ont encore jusqu'au 11 décembre à minuit pour trouver un accord. Mais pour qu'un successeur au très critiqué Benjamin Netanyahou soit trouvé, il faudrait que des députés changent de camp. Autre échappatoire possible : un consensus entre les deux principales formations politiques, le «Likoud» (droite) et «Bleu-Blanc» (centre-droit) pour former un gouvernement commun. Au vu des différends entre les deux partis, un accord est peu probable, voire inespéré.
Netanyahou empêtré dans les affaires judiciaires
Le Premier ministre israélien, le plus longtemps en poste de l'histoire d'Israël – 13 ans –, a été inculpé fin novembre pour corruption, abus de confiance et malversations dans une série d'affaires.
Certains de ses proches, dont son avocat, doivent aussi être mis en examen pour blanchiment d'argent, pour l'achat de sous-marins à la société allemande ThyssenKrupp.
Pour tenter de sauver sa peau, il tente un coup de poker. Netanyahou souhaite diriger en premier un gouvernement d'union, dans l'espoir notamment d'obtenir une immunité judiciaire. Mais son rival Benny Gantz y est opposé, estimant qu'il doit d'abord régler ses démêlés avec la justice avant de reprendre le poste de Premier ministre.
«Il semble que nous entrons aujourd'hui dans un troisième cycle d'élections en raison de la tentative de M. Netanyahu d'obtenir l'immunité», a répété le candidat de centre-droit ce 11 octobre.
Avigdor Lieberman, clé de voûte de l'élection ?
Entre les deux rivaux se tient le nationaliste Avigdor Lieberman, le chef de file la formation Israel Beitenou, la seule qui restait encore non-alignée. Son soutien à l'un ou l'autre des deux candidats pourrait suffire à décrocher une majorité et éviter de nouvelles élections.
«Je ne peux pas accepter que l'agenda politique soit dicté par les problèmes d'un seul homme», a déploré ce 11 décembre Avigdor Lieberman en référence à Benyamin Netanyahou. Se dirige-t-il vers une alliance avec Benny Gantz ? Pas forcément, car il lui reproche d'avoir considéré une alliance soutenue par des partis arabes.
Selon les derniers sondages, le Likoud et Bleu-Blanc sont au coude-à-coude. Benyamin Netanyahou, qui a réussi a éviter les défections dans son camp, est toutefois contesté en interne et notamment par le leader de son parti, le député Gideon Saar, qui demande la tenue de primaires pour désigner le chef de la formation pour le nouveau scrutin. Ces primaires pourraient avoir lieu le 26 décembre. «Il s'agit d'un avancée qui permettra d'en finir avec la crise politique actuelle», a jugé Gideon Saar. de son côté, Netanyahou s'est dit certain de remporter cette primaire.
Parmi les projets de Benjamin Netanyahou sur le plan international lors de sa campagne : annexer un pan stratégique de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé, et parapher un traité de défense commune avec les Etats-Unis.
Le Premier ministre israélien est réputé proche du président américain Donald Trump, qui a reconnu la souveraineté israélienne sur le Golan, reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et récemment jugé que les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée n'étaient pas contraires au droit international.
Difficile de savoir à qui profitera ce sac-de-nœuds israélien. De leur côté, les médias locaux ironisent déjà sur la date de la quatrième élection...
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