Suisse : Genève demande à Berne d'accorder l'asile à Julian Assange
Le parlement genevois a adopté le 6 février une résolution demandant à Berne de proposer l’asile au lanceur d’alerte réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres depuis 2012. Certains élus opposés à la mesure dénoncent une manœuvre électorale.
Une résolution exigeant que Berne offre l’asile à Julian Assange a été adoptée le 6 février au Grand conseil du canton de Genève, comme le rapporte le site de la Radio Télévision Suisse francophone. Le texte, soutenu par les élus de gauche, a été porté par Eric Bertinat, secrétaire général de l'Union démocratique du centre (UDC).
«Que l’on soit pour ou contre, que l’on considère Julian Assange comme un héros ou un traître voire un espion, il est pour moi évident qu’il est un fervent défenseur des droits de l’homme telle que la Suisse le conçoit», avait écrit plus tôt l’élu dans une tribune publiée sur son blog.
En revanche, l'opposition est plus que sceptique. Patricia Richard, chef de file du Parti libéral-radical qui a voté contre le texte, «n’y voit qu’une manière de se positionner pour les élections fédérales» rapporte RTS. Quant au Parti démocrate-chrétien (PDC), il a fait le choix de s'abstenir.
Ce n’est pas la première fois qu’un membre de l’UDC prend fait et cause pour le fondateur de Wikileaks : en mars 2017, le conseiller national UDC Jean-Luc Addor avait appelé le Conseil fédéral, l'organe exécutif de la Confédération suisse, à assurer la protection de Julian Assange. Berne y avait donné une suite défavorable en arguant que le lanceur d’alerte australien n’était pas un défenseur des droits de l'homme.
Le fondateur de Wikileaks, âgé de 47 ans, s'était réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres pour échapper à une extradition vers la Suède où il était recherché pour des accusations de viol et d’agression sexuelle qu’il a toujours niées. Si les poursuites suédoises ont été abandonnées en mai 2017, un mandat d’arrêt court toujours contre lui en Grande-Bretagne. Les autorités britanniques estiment depuis 2012 qu’il n’a pas respecté les conditions de sa liberté sous caution.
L’Australien redoute qu'il ne s'agisse que d'un prétexte pour l'arrêter et l'extrader aux Etats-Unis, où il pourrait être jugé pour la publication par WikiLeaks en 2010 de nombreux secrets militaires et documents diplomatiques américains.
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