Syrie : acculés par l'armée syrienne, les groupes rebelles acceptent de rendre les armes
Sous l'égide de Moscou, et en raison des succès de l'armée syrienne, un accord avec des rebelles affiliés à Daesh et des combattants de l'ASL a été conclu à Deraa. Réfugiés à la frontière avec la Jordanie, des milliers de Syriens seraient de retour.
Le ministère russe de la Défense a annoncé ce 7 juillet 2018 qu'un accord avait été trouvé avec les chefs des groupes armés de la province de Deraa, région située dans le sud de la Syrie aux confins de la Jordanie et du plateau du Golan, occupé militairement et illégalement par Israël. «Résultat des pourparlers et de la médiation du Centre russe pour la réconciliation, un accord a été trouvé avec les leaders des groupes armés de la province de Deraa», a déclaré la Défense russe, citée par l'agence Tass.
D'après Moscou, les accords portent sur les sujets suivants : la cessation des hostilités, le début d'un processus de dépôt des armes lourdes et moyennes dans toutes les poches encore sous contrôle des rebelles. Ce même jour, l'agence Ruptly a publié des images qui montrent l'Armée arabe syrienne prenant le contrôle de la banlieue de la ville de Deraa.
En vertu de cet accord, les institutions de l'Etat reprendront leur travail dans la région de Deraa. «L'Etat syrien prendra le contrôle de toutes les positions aux mains des rebelles le long de la frontière jordanienne», a rapporté l'agence officielle Sana, citée par l'AFP.
«[Ceux] qui refusent ce règlement partiront pour Idleb [une province dans le nord-ouest de la Syrie] avec leurs familles», a précisé Sana, une condition sur laquelle les factions rebelles avaient insisté, comme cela a été le cas à de nombreuses reprises dans le conflit en Syrie.
#Ghouta : Jaïch al-Islam retranché dans le nord de l'enclave, plus de 128 000 réfugiés hors de danger
— RT France (@RTenfrancais) 28 mars 2018
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A la suite de l'accord, des milliers de réfugiés syriens rentreraient déjà chez eux
Signe que Damas semble reprendre le dessus dans la région de Deraa, l'annonce de l'accord a dans la foulée encouragé les Syriens qui s'étaient réfugiés à la frontière avec la Jordanie de revenir.
Plus de 20 000 déplacés sont rentrés dans quelque 13 villages et localités
D'après le controversé Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, qui s'appuie sur un réseau de correspondants qui sont aussi des opposants à Damas, des milliers de réfugiés ont commencé à quitter la frontière avec la Jordanie pour rentrer dans leurs villages, dans le sud-est de la province de Deraa. «Plus de 20 000 déplacés sont rentrés dans quelque 13 villages et localités», a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
Soutien des groupe armés rebelles, Israël toujours en état d'alerte
Dans cette région de la Syrie, les rebelles se composent notamment de groupuscules affiliés à Daesh, tandis que d'autres poches sont encore aux mains de l'Armée syrienne libre (ASL), qui s'est alliée localement avec des combattants affiliés à la branche syrienne d'al-Qaïda.
Après l'échec de premiers pourparlers, la reprise de l’offensive de l'armée syrienne a finalement convaincu les rebelles de revenir à la table des négociations le 5 juillet. Moscou exigeait leur désarmement et le retour de l'armée régulière syrienne dans la province de Deraa. Le lendemain, l'armée israélienne marquait son territoire en tirant sur une position syrienne dans la zone tampon du plateau du Golan, affirmant procéder à une riposte à un tir d'obus, effectué, d'après Tsahal, «dans le cadre des combats entre le régime et les rebelles syriens».
Selon un récent rapport de l'ONG International Crisis Group (ICG), cité par l'AFP, l'Etat hébreu a fourni un soutien aux factions armées du sud à partir de 2013 ou 2014. «Apparemment pour essayer de s'allier à des partenaires locaux et sécuriser une zone tampon à sa frontière», précise encore l'ICG.
Alexandre Keller