A Salisbury, des touristes font des selfies devant le banc où les Skripal ont été empoisonnés
Les tentes de décontamination ont disparu et la petite ville du sud de l'Angleterre reprend une vie normale. Les commerçants se félicitent de la reprise des affaires, mais s'inquiètent de l'attrait exercé par un certain banc auprès des touristes.
Plus de trois mois après le séisme diplomatique planétaire, la petite ville de Salisbury retrouve enfin un semblant de calme, dans le très pastoral comté du Wiltshire. Le quotidien britannique The Guardian daté du 22 juin se fait l'écho de cette sérénité retrouvée.
Et même de certains effets bénéfiques de l'affaire rocambolesque de l'empoisonnement de l'ex-agent double russe résidant au Royaume-Uni, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia, le 4 mars. «La ville, affectée par l'empoisonnement [...] voit son commerce et le tourisme rebondir», constate le journal britannique, alors que le prince Charles et sa seconde épouse, Camilla Parker-Bowles, devenue duchesse de Cornouailles, se sont rendus dans la ville ce même jour. «Pendant des semaines, nous devions contempler des tentes [militaires] flottant au vent», explique Sharon Batstone, une commerçante ravie de voir les affaires reprendre, après que le centre commercial de la ville, The Maltings, a été l'objet de procédures de décontamination préventive. «C'est très agréable d'avoir à nouveau la porte de la boutique ouverte et d'entendre de nouveau l'agitation et le bruissement», explique-t-elle encore, non sans poésie.
Nous ne voulons pas que Salisbury devienne connue pour son banc
Mieux encore, l'affaire Skripal n'a pas nui au tourisme, au contraire même peut-être. Le Guardian rapporte ainsi, qu'à l'occasion, des curieux demandent où se trouve le «banc des Skripal». «Il prennent la pose et font des selfies, ce qui est un peu bizarre», témoigne Sharon Batstone. Et d'ajouter, un peu inquiète : «Nous ne voulons pas que Salisbury devienne connu pour son banc.»
Lire aussi : Affaire Skripal : Moscou met directement en cause le gouvernement britannique
Londres toujours dans l'incapacité de démontrer l'implication supposée de la Russie
Pour rappel, Sergueï Skripal et sa fille avaient été retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc à Salisbury. La police britannique estime que les Skripal sont entrés en contact avec un agent chimique au domicile de Sergueï, où sa fille était venue lui rendre visite depuis la Russie.
Les services secrets #allemands ont eu accès au #Novitchok dans les années 1990
— RT France (@RTenfrancais) 17 mai 2018
➡️ https://t.co/berBlAkkv4pic.twitter.com/vjOAkQ7Yte
Moscou a de son côté, depuis le début, réfuté les accusations portées contre la Russie, relevant notamment l'absence de preuves et soulignant que sa version des faits se trouvait renforcée par les déclarations du laboratoire britannique ayant analysé la substance utilisée. Le 3 avril dernier, Gary Aitkenhead, chef du laboratoire militaire britannique spécialisé dans les armes chimiques de Porton Down, à 10 kilomètres de Salisbury, reconnaissait en effet ne pas avoir de preuves que l'agent neurotoxique provenait de Russie. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, avait pourtant assuré, dès le 19 mars, que le laboratoire lui avait confirmé l'origine russe de la substance.
A.K.